Une approche stratégique de la lutte contre la corruption et de l’intégrité permet aux pouvoirs publics de cerner les défis, de fixer des priorités et des objectifs, de définir des mesures ciblées pour obtenir les résultats souhaités, d’établir les responsabilités respectives et de bâtir un consensus autour des objectifs à atteindre et des activités à mener, et de favoriser une bonne mise en œuvre de cette stratégie grâce à des mécanismes de suivi et d’évaluation fondés sur des indicateurs de réussite. En résumé, l’adoption d’une approche stratégique, qui passe généralement par l’élaboration de documents stratégiques, peut amener un pays à privilégier non plus des politiques ad hoc de lutte contre la corruption et de promotion de l’intégrité relatives, par exemple, au lobbying, aux intérêts personnels des titulaires d’une charge publique, ou aux contrôles et à l’audit internes, mais un système d’intégrité cohérent et global (OCDE, 2020[12]). Ce chapitre examine dans quelle mesure les pays adoptent une telle approche stratégique de la lutte contre la corruption.
Il explore en particulier dans quelle mesure les pays parviennent à réaliser l’une des ambitions centrales de la Recommandation de l’OCDE sur l’intégrité publique, à savoir adopter une approche à l’échelle de l’ensemble de la société, en associant le secteur privé, pour lutter contre les formes de corruption les plus graves et les plus préjudiciables, comme l’influence injustifiée, la corruption politique et la corruption institutionnalisée. L’élaboration d’une stratégie de promotion de l’intégrité et de lutte contre la corruption devrait être transparente et inclusive. Or, seulement 60 % des pays ont veillé à ce que leur stratégie d’intégrité soit soumise à une consultation publique ordinaire et beaucoup n’ont pas intégré d’acteurs non étatiques aux groupes de travail chargés d’élaborer ou de modifier cette stratégie. Une approche plus inclusive et reposant davantage sur des éléments probants peut améliorer la qualité de la stratégie et faire progresser la confiance à l’égard des pouvoirs publics.
Ce chapitre évalue également le degré de mise en œuvre des stratégies nationales. Les stratégies de qualité vont statistiquement de pair avec l’existence d’un plan d’action global et d’une analyse préalable des risques de corruption. Néanmoins, les plans d’action de cette nature et les rapports de suivi fondés sur des sources d’information fiables et sur des indicateurs définis à l’avance font souvent défaut. Le taux moyen de réalisation des activités prévues s’établit à 67 %, ce qui signifie qu’environ un tiers d’entre elles n’ont pas encore été menées à bien. De plus, 60 % des pays dotés d’une stratégie n’assurent aucun suivi de son taux de mise en œuvre.
Dans l'ensemble, le chapitre présente trois conclusions principales :
la majorité des pays de l’OCDE ont une approche stratégique de la lutte contre la corruption
la plupart des stratégies nationales continuent de mettre l’accent sur les domaines traditionnels et seule une minorité de pays ciblent de nouveaux risques
environ deux tiers des activités prévues dans les stratégies nationales sont réalisées dans les faits.