Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2018 Numéro 2

Costa Rica

La croissance devrait se redresser pour s'établir aux alentours de 3¼ pour cent en 2020 et reposer sur une large assise, portée à la fois par la demande intérieure et extérieure. Toutefois, les incertitudes relatives en particulier au projet de réforme budgétaire pèsent sur l'expansion économique à court terme. Ces prévisions reposent sur l'hypothèse d'une application de la réforme budgétaire à partir de 2019, un resserrement budgétaire modéré limitant la croissance en 2019 et 2020.

Il est nécessaire de redresser très rapidement la situation intenable des finances publiques, afin d'éviter une nouvelle dégradation des perceptions des investisseurs. Le projet de réforme budgétaire constitue un pas important dans la bonne direction, mais il faudra aller plus loin pour rétablir la viabilité budgétaire. Des réformes structurelles destinées à remédier aux problèmes de l'inadéquation entre l'offre et la demande sur le marché du travail et de l'économie informelle, à améliorer l'éducation, à réduire les carences des infrastructures et à renforcer la concurrence stimuleraient la productivité et réduiraient les inégalités.

La croissance ralentit mais conserve une large assise

La croissance continue de ralentir, la situation budgétaire pesant sur la confiance et les conditions financières se durcissant à l'échelle mondiale. Les grèves organisées pour protester contre le projet de réforme budgétaire a perturbé les services publics (en particulier l’éducation) en septembre et en octobre 2018, mais leur impact sur l’activité du secteur privé s’est confiné pour l’essentiel au commerce de détail. Toutefois, le projet de loi correspondant a été voté en première lecture à l'Assemblée législative et l’hypothèse retenue dans ces prévisions est qu’il sera adopté d’ici à la fin de l'année. Cette réforme réduira la croissance à court terme, mais son incidence sera limitée par le caractère modeste de l'assainissement et la faiblesse du multiplicateur budgétaire. La demande extérieure se modérera, mais restera vigoureuse, grâce à l'investissement direct étranger (IDE) ainsi qu'à la diversification croissante et au niveau de complexité grandissant des exportations.

Costa Rica

Source : Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 104 ; et ministère des Finances du Costa Rica.

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On estime que la croissance des importations s’est contractée au second semestre de 2018, le regain d’incertitude ayant fait baisser les dépenses dans les biens durables. Toutefois, l'investissement privé se redresse et l'investissement public devrait augmenter fortement en 2019 et 2020 du fait des projets d'infrastructures. Le climat d’incertitude a également contribué à une dépréciation récente de la monnaie et afin d’atténuer les effets inflationnistes, la banque centrale a relevé son taux directeur de 25 points de base pour le porter à 5.25 % en novembre. L'élargissement programmé de l'assiette de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) entraînera une hausse ponctuelle du niveau des prix, mais l'inflation devrait rester dans la fourchette de 2-4 % retenue comme objectif par la banque centrale.

Costa Rica. Emploi, revenu et inflation

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Tout le monde n'a pas récolté les fruits de la croissance à large assise qu'a connue le Costa Rica. Les inégalités se sont creusées et l'emploi informel reste largement répandu. Le chômage demeure également élevé, témoignant de problèmes structurels d'inadéquation entre l'offre et la demande de compétences, parallèlement à la montée en puissance des activités à forte intensité de savoir dans l'économie.

Il faut remédier de toute urgence à la situation intenable des finances publiques

La dette publique a augmenté rapidement, passant de 24 % du PIB en 2008 à 49 % en 2017. En l'absence de réformes, des estimations officielles indiquent que le ratio de la dette publique au PIB atteindra 71 % en 2022, le déficit budgétaire se hissant de 6.2 % du PIB en 2017 à un point culminant de 8.3 % en 2020. Les possibilités de financement du gouvernement sont de plus en plus limitées. En septembre, il a recouru à un emprunt à 90 jours auprès de la banque centrale pour un montant équivalent à 5 % du budget national, qui est le maximum autorisé par la loi. Les réformes prévues sont positives, mais de nouvelles mesures visant à mieux maîtriser la masse salariale du secteur public et à réduire les rigidités du budget, dues aux dépenses publiques obligatoires et à la préaffectation des recettes fiscales, sont nécessaires.

La situation budgétaire représente un risque majeur de divergence à la baisse par rapport aux perspectives

Même si les mesures budgétaires devraient modérer la croissance à court terme, l'économie devrait se redresser en 2020 sous l'impulsion de la consommation privée, de l'investissement et des exportations. Toutefois, la trajectoire intenable de la dette publique constitue un important risque à la baisse. Si elle n'était pas corrigée, la stabilité macroéconomique serait menacée et les autorités se verraient contraintes de procéder à un assainissement budgétaire plus radical. L’incertitude quant à la date d’adoption de la réforme budgétaire demeure, avec un risque non négligeable que cette adoption soit retardée. Cela étant, si elle est mise en œuvre rapidement, la réforme atténuera certes les tensions immédiates, mais elle risque de ne pas améliorer sensiblement les possibilités de financement de l'État en raison de la modestie de l'ajustement. En revanche, les réformes pourraient renforcer la confiance et, partant, stimuler la demande intérieure davantage que prévu.

Une instabilité financière dans les économies de marché émergentes et une normalisation plus rapide qu'on ne l'anticipe de la politique monétaire dans les économies avancées pourraient déclencher des sorties de capitaux qui entraîneraient une dépréciation inattendue de la monnaie. Cela représente un risque pour la stabilité financière, le secteur bancaire costaricien restant fortement dollarisé et la majorité des crédits libellés en dollars ayant été consentis à des emprunteurs non couverts. En outre, une telle dépréciation dégraderait encore la situation budgétaire du Costa Rica, même si la composition favorable en monnaies de sa dette souveraine permettrait d'atténuer cet effet.