Le déficit budgétaire des administrations publiques devrait augmenter et passer de 1.8 % du PIB en 2018 à 2.5 % en 2019. Pour 2019, le gouvernement prévoit d’adopter un budget expansionniste dont les nouvelles mesures représenteraient en termes nets 1.2 % du PIB, correspondant essentiellement à des augmentations des dépenses. Parmi les principales dispositions expansionnistes figurent l’annulation de la hausse programmée de la TVA, l’abaissement de l’âge de la retraite, l’instauration d’un revenu minimum garanti ciblant les pauvres et l’accroissement de l’investissement public. Elles ne seront que partiellement compensées par des réductions des dépenses et par diverses mesures destinées à accroître les recettes qui seront appliquées aux banques et aux entreprises. Dans l’ensemble, d’après le projet de plan budgétaire, les prélèvements fiscaux sur les bénéfices des entreprises (hors taxes et impôts applicables aux banques) progresseront d’environ 0.1 % du PIB. L’OCDE table, dans ses prévisions, sur le fait que le gouvernement italien prendra d’autres mesures, comme prévu, pour contenir le déficit si la croissance de la production en 2019 se révélait inférieure à ce qu’il a anticipé. Le déficit budgétaire devrait se creuser encore pour atteindre 2.8 % du PIB, en partant du principe qu’aucun changement de cap majeur dans les politiques publiques ne se produira et qu’il n’y aura aucune hausse de la TVA.
Le budget vise à juste titre à aider les pauvres, mais du fait de sa composition, il risque de produire des effets positifs modestes en termes de croissance, en particulier à moyen terme. L’instauration d’un revenu minimum garanti renforce notablement les programmes de lutte contre la pauvreté, mais pour être efficace et parvenir à maîtriser les coûts, le gouvernement doit accélérer les réformes afin de renforcer les programmes de formation et d’aide à la recherche d’emploi de même que les politiques d’inclusion sociale. Prendre appui sur le travail déjà accompli par un grand nombre de municipalités dans le contexte du nouveau plan de lutte contre la pauvreté (prévoyant un revenu d’insertion) qui est entré en vigueur début 2018 permettrait d’obtenir plus rapidement de meilleurs résultats. L’abaissement de l’âge de la retraite aggravera les inégalités intergénérationnelles en faisant augmenter des dépenses de retraite déjà élevées et pèsera sur la croissance à long terme car la population en âge de travailler sera moins nombreuse. L’alourdissement de la fiscalité des bénéfices des entreprises sera plus que compensé par l’effet positif de faible ampleur de l’élargissement limité du régime fiscal simplifié (impôt forfaitaire) aux travailleurs indépendants et aux microentreprises. Compte tenu de l’atonie de la croissance, de l’augmentation des charges d’intérêt et du creusement du déficit, le ratio de la dette publique cessera de décliner pour se maintenir à un niveau proche de 130 % du PIB au sens de Maastricht.
L’Italie doit mener des réformes économiques et sociales et une politique budgétaire prudente si elle veut renforcer la cohésion sociale et dynamiser la croissance. Faute de politique budgétaire viable, la marge de manœuvre dont dispose le secteur public pour verser des prestations et aider les pauvres se rétrécira inévitablement. Il est indispensable d’accroître progressivement l’excédent du solde primaire et de doper la croissance pour faire reculer durablement la dette publique rapportée au PIB.
Pour pouvoir appliquer des programmes de lutte contre la pauvreté ciblés et correctement financés, il est nécessaire de mettre en œuvre des politiques efficaces en matière de recherche d’emploi et de formation de façon à encourager la participation au marché du travail formel et à combattre l’exclusion sociale. Des réformes visant à intensifier la concurrence dans des secteurs où des restrictions à l’entrée subsistent, comme dans de nombreux services publics locaux, ouvriraient la possibilité d’insuffler aux entreprises un regain de dynamisme et d’assurer aux usagers de meilleurs services. Un abaissement, à titre permanent, des cotisations de sécurité sociale encouragerait les entreprises à recruter. Il est primordial de renforcer l’agence qui coordonne les politiques actives du marché du travail des diverses régions (Agenzia Nazionale per le Politiche Attive del Lavoro - ANPAL) pour stimuler la croissance de l’emploi. Accroître l’efficience des administrations publiques centrales et locales – grâce à la généralisation de l’utilisation des technologies numériques et à une meilleure gestion des ressources humaines – permettrait d’offrir plus de services et de biens publics essentiels dans l’ensemble du pays et d’atténuer les disparités géographiques, mais aussi de conforter la confiance dans les institutions publiques. Il est également déterminant que les administrations publiques réalisent des gains d’efficience afin d’accélérer la mise en œuvre de projets d’infrastructures et d’accroître l’efficacité des politiques de développement régional. La simplification du code des marchés publics permettrait d’accélérer l’investissement public sans pour autant compromettre les mesures visant à prévenir et à combattre la corruption. Les missions et les compétences de l’autorité nationale anticorruption (Autorità Nazionale Anticorruzione - ANAC)
devraient être préservées.