La politique monétaire a été expansionniste depuis la crise financière. Depuis la fin 2014, l’application de taux directeurs négatifs a permis de stimuler l’inflation et de limiter les entrées de capitaux attirés par le statut de monnaie refuge du franc suisse. Pour autant, les risques financiers que font planer la quête de rendements et une mauvaise affectation du capital s’accumulent. Le crédit hypothécaire et les prix des appartements continuent de monter, quoiqu’à un rythme plus lent, mais les taux de logements vacants aussi. Face à un volant de capacités excédentaires qui se résorbe et une inflation qui commence à s’orienter à la hausse, la banque centrale devrait amorcer un relèvement de ses taux directeurs au second semestre de 2019. Il importera de communiquer en amont sur la suppression progressive des mesures de relance afin d’éviter des effets de surprise risquant de déstabiliser les marchés.
L’orientation de la politique budgétaire devrait prendre un tour modérément expansionniste. Le montant considérable des recettes générées par les retenues à la source a concouru à l’excédent de 2017 grâce aux dividendes exceptionnellement élevés et au faible nombre de demandes de remboursement qui s’explique en partie par le fait que les taux d’intérêt négatifs n’incitent guère à entreprendre cette démarche. L’excédent budgétaire se réduira progressivement à mesure que ces recettes diminueront, en chiffres nets. Le Parlement a voté en septembre une réforme conjointe de l’imposition des entreprises et des retraites, laquelle pourrait toutefois être bloquée par un éventuel référendum en 2019. Le projet permettrait d’injecter des recettes supplémentaires dans le système de financement des retraites à partir de 2020, grâce à une augmentation des cotisations sociales et des dotations de l’État fédéral. Il n’en reste pas moins qu’il y a urgence à aller plus loin dans les réformes, notamment en alignant l’âge de départ à la retraite des hommes et des femmes et en le reliant à l’espérance de vie, car le vieillissement démographique entraîne une dégradation de la situation financière du système de retraite. La réforme de l’impôt sur les sociétés a pour but de mettre en conformité la fiscalité des entreprises avec les engagements internationaux de la Suisse et devrait permettre de supprimer le traitement fiscal spécial dont bénéficient les entreprises multinationales d’ici 2020.
La croissance de la productivité est restée atone ces dix dernières années. La proposition d’augmenter les déductions fiscales pour frais de garde d’enfants devrait favoriser le développement de l’emploi féminin à temps plein. Cette mesure permettrait de multiplier les possibilités d’emploi des femmes tout au long de leur vie, d’accroître l’offre de main-d’œuvre, d’améliorer la productivité et d’aider à prolonger la phase d’expansion. Enfin, des réformes permettant d’améliorer l’accessibilité financière des services de garde pour les ménages les plus modestes stimuleraient la croissance et la rendraient plus inclusive.