L’accroissement des inégalités de revenus va de pair avec un renforcement de la polarisation de la vie politique et du désenchantement à l’égard des systèmes politiques (Winkler, 2019). La pandémie de COVID-19 et la guerre d'agression de la Russie contre l’Ukraine ont entraîné sur l’ensemble de la planète une poussée inflationniste et de fortes hausses des prix de l’énergie et des produits alimentaires, qui frappent particulièrement durement les ménages vulnérables et à faible revenu, et pourraient avoir des effets durables sur le bien-être et le mode de vie des populations. Les pays de l’OCDE ont engagé une série de mesures pour faire face à l'augmentation des prix et redistribuer les revenus entre les ménages les plus riches et les plus pauvres, comme par exemple des transferts en espèces (ciblés ou non), des aides au pouvoir d’achat et des subventions à l’intention des particuliers et des entreprises, des mesures de contrôle des prix et des réductions d'impôts (OCDE, 2022). Le suivi de l’évolution des inégalités de revenus sera essentiel pour évaluer l’efficacité de ces mesures.
Même avant les crises actuelles, la réduction des inégalités de revenus a toujours été un objectif des pays de l’OCDE. En 2019, le coefficient de Gini était en moyenne de 0.41 avant impôts et transferts (revenu marchand) et de 0.31 après impôts et transferts (revenu disponible), où 0 correspond à l’égalité parfaite et 1 à l’inégalité parfaite. Une grande différence entre le revenu marchand et le revenu disponible signifie qu'une importante redistribution est opérée par l’administration publique. Les pays où l’écart est le plus grand sont notamment la Finlande (0.26 points), l’Irlande (0.17) et la Belgique (0.15). À l’opposé, c’est au Chili (0.025), en Corée (0.04) et en Suisse (0.05) que l’écart est le plus faible (graphique 11.23).
Les sociétés où il existe de fortes inégalités de revenus présentent souvent de surcroît un niveau élevé de pauvreté relative. Les mesures de redistribution des revenus et de réduction des inégalités peuvent aussi faire reculer la pauvreté. En 2019, le taux de pauvreté relative dans la zone OCDE, après impôts et transferts, s'élevait à quelque 12 % de la population, mais avec de larges variations entre les pays. Au Costa Rica, 20 % de la population se situaient au-dessous du seuil de pauvreté en 2019, contre seulement 5 % en Islande. Entre 2012 et 2019, le taux de pauvreté relative après impôts et transferts est resté stable ou a diminué dans 70 % des pays de l’OCDE. La Lituanie et l’Allemagne ont enregistré les hausses les plus fortes, de quelque 3 points de pourcentage (graphique 11.24).
La perception d'un traitement équitable peut avoir une incidence sur la demande de réduction des inégalités de la population et pourrait influencer la mise en œuvre de politiques redistributives par l’administration publique (Ciani, Fréget et Manfredi, 2021). De façon générale, la population des pays de l’OCDE a des doutes quant à la volonté des fonctionnaires de l’État de traiter les riches et les pauvres équitablement, et seuls 40 % pensent que c’est possible. Le Danemark et les Pays-Bas affichent à cet égard de meilleurs résultats, 52 % des répondants de ces deux pays estimant que cela arrivera (graphique 11.25).