En 2015, les États membres de l’Organisation des Nations Unies ont approuvé un programme d’action mondial porteur de transformations qui intègre les dimensions économique, sociale et environnementale du développement dans 17 Objectifs de développement durable (ODD) étroitement interdépendants. Au cœur du Programme 2030 réside l’engagement de concrétiser les ODD au bénéfice de tous, en n’oubliant personne, et en s’efforçant d’atteindre en priorité ceux qui accusent le plus de retard. Le rapport Coopération pour le développement 2018 explique ce que signifie cet engagement en mettant tout particulièrement l’accent sur le rôle et la valeur ajoutée uniques de la coopération pour le développement et de l’aide publique au développement (APD). Ce rapport vient répondre à une demande du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE en faveur de plus de clarté quant à la façon de donner suite à cet engagement.
Dans un contexte mondial d’aggravation des inégalités de revenu et de patrimoine au sein des pays et entre eux, à quoi s’ajoute des chocs climatiques plus fréquents, certaines des avancées durement acquises en matière de développement sont mises à mal. Des menaces plus tangibles et plus urgentes pesant sur le développement et l’environnement imposent aux gouvernements, à la communauté internationale et aux partenaires au développement d’apporter des réponses et de s’adapter. Tous sont confrontés à la nécessité de renouveler leurs stratégies et leurs investissements en vue d’éliminer la pauvreté, de résorber les inégalités et de s’attaquer aux déterminants de ces menaces sur le développement durable, qui ont des retombées mondiales.
Que signifie, concrètement, s’engager à ne laisser personne de côté ? Prenant acte de ce qu’il n’y a pas de réponse univoque à cette question, et que chaque État membre des Nations Unies est responsable de la réalisation du Programme 2030 et des ODD au bénéfice de tous, le présent rapport propose une vue d’ensemble de la situation. Il s’appuie sur les données, statistiques et analyses les plus récentes émanant de tout un éventail de spécialistes et autres décideurs, issus de l’administration, du monde universitaire ou de la sphère non gouvernementale, sur ce que signifie être laissé de côté et sur les stratégies qui fonctionnent. Il jette également un regard neuf et critique sur l’état de préparation et la capacité de la coopération pour le développement et de l’aide publique au développement en ce qui concerne l’aide apportée aux communautés et aux pays en développement pour faire des ODD une réalité pour tous.
De toute évidence, l’engagement de ne laisser personne de côté suppose l’adoption d’un nouveau discours sur le développement durable dans tous les pays – amenant à prendre en considération et à inclure les personnes qui ne bénéficient pas des progrès pour des raisons politiques, sociales, économiques, environnementales, culturelles et structurelles qui, souvent, se recoupent – en faveur d’un développement inclusif, équitable et durable dans les pays en développement. Les chapitres et les études de cas portant sur le Bénin, l’Indonésie, le Kenya, l’Amérique latine et l’Afrique de l’Ouest montrent comment des politiques sociales, économiques et environnementales inclusives, étayées par des données et statistiques appropriées, peuvent imprimer une réelle différence dans le sens d’un développement équitable et durable.
La Partie 1 du rapport explique, à l’aide d’illustrations concrètes, pourquoi il est important de ne laisser personne de côté, et ce que signifie, données et analyses à l’appui, être laissé de côté. Les chapitres traitent plus particulièrement de huit enjeux essentiels qu’il faut prendre en considération pour concrétiser les ODD au bénéfice de tous : mettre fin à l’extrême pauvreté dans les pays les plus défavorisés ; remédier aux inégalités de revenu qui vont croissant ; s’attaquer à la fragilité ; favoriser une gouvernance inclusive ; répondre à l’impératif de l’action climatique ; faire avancer l’égalité entre les sexes et l’autonomisation économique des femmes ; assurer l’intégration des quelque 1.2 milliard de jeunes dans le monde ; et faire en sorte que les personnes en situation de handicap ne soient plus laissées de côté.
La Partie 2 du rapport étudie ce que signifie, concrètement, ne laisser personne de côté. Les chapitres apportent un éclairage sur les effets que peuvent avoir des politiques, des budgets et des programmes plus intégrés entre les secteurs et entre les niveaux d’administration dans l’action menée pour atteindre les plus vulnérables. Pour réaliser les ODD au bénéfice de tous, il faut s’appuyer sur des données et des diagnostics qui n’oublient personne et qui puissent être décomposés en fonction de différents facteurs comme le revenu, le sexe, l’égalité femmes-hommes, la localisation géographique, l’âge et la situation au regard du handicap. Les systèmes statistiques nationaux doivent encore renforcer leurs capacités en termes de données. Il est également primordial de mettre en place un environnement favorable pour la société civile afin d’approfondir, sur le terrain, son rôle de représentation des populations marginalisées. Les très petites, petites et moyennes entreprises sont d’autres forces locales à même de favoriser l’inclusion. Elles peuvent jouer un rôle plus important si elles ont un accès suffisant à des financements abordables, domaine où la coopération pour le développement peut apporter sa contribution.
La Partie 3, qui s’appuie sur les réponses des membres du CAD à une enquête sur leurs politiques et approches, examine des pistes pour l’avenir qui garantissent que les politiques, le financement et les programmes de coopération pour le développement soient adaptés à l’objectif poursuivi de ne laisser personne de côté. La dernière partie du rapport (Partie 4) présente les profils d’aide de l’ensemble des membres du CAD et de 13 autres fournisseurs qui notifient leurs apports à l’OCDE avec une granularité suffisamment fine, ainsi que les financements du développement privés émanant de deux fondations. Il comprend aussi des estimations du financement du développement consenti par dix pays qui ne notifient pas leurs apports à l’OCDE.
Le rapport Coopération pour le développement 2018 : Agir ensemble pour n’oublier personne développe des arguments à l’appui du rôle unique de la coopération pour le développement en vue d’aider les pays et la communauté internationale à concrétiser le Programme 2030. Toutefois, pour honorer la promesse collective de réaliser les ODD au bénéfice de tous, en n’oubliant personne et en s’efforçant d’atteindre en priorité les plus défavorisés, la coopération pour le développement telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui ne suffira pas. Les fournisseurs doivent déployer des efforts résolus, systématiques et coordonnés pour adapter leur discours, leurs pratiques de gestion et leur financement de façon à maximiser leur impact individuel et collectif. Ce rapport appelle les fournisseurs à actualiser leurs cadres de coopération pour le développement autour de trois axes :
Un nouveau discours énonçant les avantages mutuels de ne laisser personne de côté.
Une volonté d’intégration, dans les portefeuilles d’activités de coopération pour le développement, de l’objectif que constitue un développement inclusif, équitable et durable, et une action qui repose sur les forces de changement, l’innovation et les données.
Une utilisation et une affectation plus « intelligente » de l’APD dans le cadre des efforts déployés pour accroître le volume de financement alloué à la concrétisation des ODD au bénéfice de tous.