Le taux de remplacement brut futur représente le niveau des prestations de retraite que les régimes de retraite obligatoires publics et privés verseront aux retraités par rapport à leurs revenus d’activité. Pour les salariés moyennement rémunérés qui effectuent une carrière complète à partir de 22 ans, le taux de remplacement brut à l’âge normal de la retraite s’établit en moyenne à 49.0 % pour les hommes et à 48.2 % pour les femmes dans les 36 pays de l’OCDE, avec des variations considérables d’un pays à l’autre. Au bas de la fourchette, les régimes obligatoires de cinq pays - Irlande, Lituanie, Mexique, Pologne et Royaume-Uni - offrent des taux de remplacement bruts futurs inférieurs à 30 % du salaire moyen. À l’autre extrémité, l’Autriche, l’Italie et le Luxembourg assureront des taux de remplacement supérieurs à 75 %.
Panorama des pensions 2019
Taux de remplacement bruts
Principaux résultats
La plupart des pays de l’OCDE s’efforcent de mettre les salariés faiblement rémunérés (définis ici comme les salariés percevant la moitié du salaire moyen) à l’abri de la pauvreté à la vieillesse en leur accordant des taux de remplacement plus élevés qu’aux salariés moyens. Les premiers bénéficieraient d’un taux de remplacement brut de 60 %, en moyenne, contre 49 % pour les seconds. Certains pays, comme l’Australie, la Corée et l’Irlande, versent des prestations relativement faibles aux salariés moyens, mais d’un montant plus proche, voire au-dessus, de la moyenne aux bas salaires. Toutefois, les taux de remplacement prévus pour une carrière complète sont les mêmes pour les salaires moyens et pour les rémunérations qui en représentent la moitié dans neuf pays : Allemagne, Autriche, Espagne, Finlande, Hongrie, Italie, Lettonie, Suède et Turquie.
Au sommet du classement, suivant les législations actuelles, les salariés faiblement rémunérés au Danemark bénéficient d’un taux de remplacement brut futur de 114 % à l’issue d’une carrière complète ; les prestations de retraite sont donc supérieures à leurs revenus d’activité antérieurs. En queue de classement, l'Allemagne, la Lituanie et le Mexique assurent aux bas salaires des taux de remplacement bruts inférieurs à 40 %, ce qui suppose un revenu de retraite brut inférieur à 20 % du salaire moyen après une carrière complète. Dans les 36 pays de l’OCDE, le taux de remplacement brut pour un salaire correspondant au salaire moyen multiplié par 1.5 (qualifié ici de « haut salaire ») ressort en moyenne à 45 %, chiffre légèrement en deçà des 49 % assurés aux salariés moyennement rémunérés. En Italie, le taux de remplacement est de 80 %, tandis qu’à l’autre extrémité, le Royaume-Uni offre des taux de remplacement d’environ 15 %.
Dans les pays non-membres de l’OCDE, les taux de remplacement projetés pour les rémunérations moyennes se situent dans une fourchette comprise entre 17 % en Afrique du Sud et 83 % en Inde.
Tous les taux de remplacement sont calculés pour des salariés ayant commencé à travailler à l’âge de 22 ans et ayant effectué une carrière complète, ce qui signifie que la durée des carrières varie selon les pays. À long terme, l’âge de la retraite au Danemark devrait s’établir à 74 ans pour les personnes entrées sur le marché du travail en 2018 ; il sera en revanche de 60 ans pour les femmes et de 62 ans pour les hommes en Turquie et, au Luxembourg et en Slovénie, hommes et femmes auront encore droit à une retraite complète à 62 ans (Tableau 5.1).
Pour les femmes, les taux de remplacement bruts diffèrent dans neuf pays, parce que l’âge de la retraite est plus bas pour les femmes que pour les hommes (Hongrie, Israël, Pologne, Suisse et Turquie), que les taux d’acquisition sont spécifiques à chaque sexe (Slovénie) ou que les taux de mortalité utilisés pour calculer les annuités diffèrent selon le sexe (Australie, Chili et Mexique). Les taux de remplacement sont exprimés en pourcentage de la rémunération, qui n’est pas sexospécifique. On note de nettes différences entre les sexes en Australie, au Chili, en Hongrie, et surtout en Israël et en Pologne, les taux de remplacement (autrement dit, les prestations mensuelles) dont bénéficient les femmes étant inférieurs de 7 % à 27 % à ceux des hommes. En Slovénie, en revanche, ils leur sont supérieurs de 5 % en raison d’un taux d’acquisition de droits plus élevé pour les femmes. Cet écart va être progressivement supprimé pour les personnes entrant dans la vie active à compter de 2023.
Les taux de remplacement bruts diminuent avec l’âge, passant de 49 % en moyenne au moment du départ à la retraite à 43 % à 80 ans, soit une baisse de 12 % par rapport au salaire. Cette différence s’explique par l’indexation des prestations de retraite servies qui, dans de nombreux pays, ne suit pas l’évolution des salaires. Selon les hypothèses du modèle de l’OCDE, la baisse résultant d’une indexation sur les prix appliquée à partir d’un âge normal de la retraite fixé à 65 ans est de 17 %. Plus l’âge normal de la retraite est bas, plus la diminution des prestations liée à l’indexation sur les prix est prononcée. Les baisses les plus fortes (20 % environ) sont observées en Grèce et en Turquie, car l’âge normal de la retraite y est fixé à 62 ans, et en Suède, parce que la revalorisation des pensions correspond à celle des salaires moins 1.6 % dans le cadre des régimes NCD, soit un niveau inférieur à l’indexation sur les prix du modèle de l’OCDE. Les pays où les prestations de retraite sont indexées sur les salaires – Irlande, Luxembourg, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Royaume-Uni et Slovénie - ont le même taux de remplacement à 80 ans qu’à l’âge normal de la retraite.
Définition et mesure
Le taux de remplacement rend compte de la manière dont un système de retraite assure un revenu aux retraités en remplacement de leur salaire, principale source de revenu avant leur départ en retraite. Le taux de remplacement brut se définit comme les droits à retraite bruts divisés par le salaire brut avant le départ en retraite.
Le taux de remplacement s’exprime souvent sous forme d’un ratio entre la pension de retraite et le dernier salaire perçu (juste avant le départ en retraite). Dans les scénarios de référence, les salariés gagnent le même pourcentage du salaire moyen durant toute leur vie active. De ce fait, leur dernier salaire est égal à celui qu’ils auront perçu en moyenne sur l’ensemble de leur carrière, revalorisé en fonction de la hausse des salaires à l’échelle nationale. Les taux de remplacement exprimés en proportion du dernier salaire sont donc identiques à ceux exprimés en pourcentage des salaires perçus durant toute la vie active.
Tableau 5.1. Taux de remplacement bruts en fonction du salaire, régimes obligatoires
Source : modèles de retraite de l’OCDE.
Graphique 5.1. Taux de remplacement bruts : salariés moyens à l’âge de départ à la retraite et à 80 ans
Source : modèles de retraite de l’OCDE.
Graphique 5.2. Taux de remplacement bruts : bas et hauts salaires
Source : modèles de retraite de l’OCDE.