Tous les pays de l’OCDE, à l’exception des États-Unis, accordent des crédits de retraite pour les périodes de maternité, mais l’analyse présentée ici porte sur les périodes suivant le congé de maternité, et s’intéresse en particulier à celles consacrées à l’éducation des enfants. La plupart des pays de l’OCDE s’attachent à préserver les droits à la retraite en cas d’absence du marché du travail pour responsabilité parentale. Si, de plus en plus souvent, des crédits de retraite sont accordés aux pères en pareil cas, la mère en demeure la principale bénéficiaire dans de nombreux pays. C’est pourquoi cette analyse porte uniquement sur les femmes.
Les crédits de retraite pour responsabilité parentale couvrent normalement les interruptions d’activité professionnelle jusqu’à ce que les enfants atteignent un certain âge. Ils sont généralement moins généreux pour les arrêts de plus longue durée et pour les enfants plus âgés. De nombreux pays de l’OCDE considèrent les périodes consacrées aux très jeunes enfants (généralement jusqu’à 3 ou 4 ans) comme des périodes assurées et les assimilent à des périodes d’emploi rémunéré. À l’inverse, les congés de plus longue durée pris pour élever des enfants plus âgés (de 6 à 16 ans en général) ne sont généralement pris en compte que pour déterminer l’ouverture des droits à retraite anticipée et la pension minimum. Certains pays (Grèce, Hongrie, Luxembourg et République tchèque) tiennent compte des périodes consacrées aux enfants pour évaluer l’admissibilité à la retraite, mais les excluent du calcul du salaire de référence.
Les droits bruts à pension des mères qui arrêtent momentanément de travailler sont présentés au graphiques 5.10 et 5.11 pour différents niveaux de rémunération et des suspensions d’activité professionnelle de cinq et dix ans respectivement. En Grèce, les femmes bénéficient de pensions plus élevées lorsqu’elles consacrent cinq ans à l’éducation de leurs enfants, mais devront prendre leur retraite cinq ans plus tard pour bénéficier d’une pension à taux plein ; la seule raison pour laquelle leur pension est plus élevée est que les pensions servies aux salariées ayant accompli une carrière complète sont indexées sur les prix. En Espagne, aux États-Unis, en Irlande, en Nouvelle-Zélande, en République tchèque et au Royaume-Uni, ces interruptions n’influent pas sur les retraites, quel que soit le salaire. En Irlande, cela tient à ce que les suspensions de carrière pour s’occuper d’enfants de moins de 12 ans sont assimilées à des périodes assurées dans la limite de 20 ans. Elles sont donc exclues de la période servant au calcul du salaire de référence. En Espagne également, les cinq années que les mères peuvent consacrer à l’éducation de leurs enfants sont assimilées à des périodes assurées. En Nouvelle-Zélande, la pension publique est simplement fondée sur la résidence, si bien que les périodes sans emploi ne modifient pas les prestations.
En Allemagne, la naissance d’un enfant permet à un parent d’obtenir un point de retraite par an pendant trois ans, ce qui équivaut, pour le calcul de la retraite, à percevoir un salaire moyen pendant toute la période concernée et se traduit pour les bas salaires par un droit à pension nettement supérieur. De la même manière, en Estonie, des crédits sont accordés en fonction du revenu moyen national, ce qui donne là aussi lieu à des prestations plus élevées pour les bas salaires.
En Autriche, au Chili, en Islande, en Israël, en Italie, en Lettonie, en Lituanie et au Mexique, les déficits de cotisation entament substantiellement la retraite, surtout si la période consacrée aux enfants se prolonge. Dans certains de ces pays, il n’existe pas de mécanismes d’attribution de crédits de retraite à ce titre (c’est notamment le cas d’Israël, de l’Islande et du Mexique). Dans les pays où ils existent, ces dispositifs couvrent mieux les interruptions de courte durée et/ou les faibles salaires.
Dans six pays (la Grèce et la Slovénie pour les interruptions de carrière de cinq et dix ans, et la France, la Hongrie, le Luxembourg et le Portugal pour celles de dix ans), les salariés doivent partir plus tard à la retraite pour avoir droit à une pension sans décote compte tenu des règles qui régissent les durées de cotisation requises. En Slovénie, par exemple, un salarié qui entre dans la vie active rémunérée à 22 ans mais interrompt sa carrière pendant dix ans aura cotisé moins de 40 ans à l’âge de 62 ans, et devra donc travailler jusqu’à 65 ans pour bénéficier d’une retraite sans décote.