La plupart des pays de l’OCDE s’attachent à préserver les droits des travailleurs, tout au moins durant les premières périodes d’absence du marché du travail dues au chômage. Dans le scénario concernant un salaire moyen, cinq années de chômage se traduisent par une pension représentant 94 % en moyenne de celle d’un salarié ayant accompli une carrière complète. Dans le cas où dix années de chômage s’ajoutent à un report de cinq ans de l’entrée dans la vie active, ce chiffre tombe à 76 %, les deux scénarios entraînant une augmentation de l’âge de la retraite dans un petit nombre de pays. Pour les bas salaires, l’incidence de ces deux types d’interruption sur les prestations de retraite est moindre, la pension se montant à 96 % et 82 %, respectivement, de celle d’un salarié ayant effectué une carrière complète.
Pour le salarié moyen, le déficit de droits à pension par rapport à un travailleur ayant accompli une carrière complète, ininterrompue, varie sensiblement d’un pays à l’autre. De manière générale, il est plus important pour une absence de longue durée et pour les hauts revenus. Au Chili, en Corée, en Lettonie et au Mexique, la perte de pension de retraite après une période de chômage de cinq ans est d’environ 13 % car il n’existe aucun dispositif permettant d’amortir l’effet du choc de l’emploi sur la retraite. Dans certains pays, en revanche, les règles régissant les retraites permettent de compenser ce déficit. C’est par exemple le cas aux États‑Unis, en Espagne, en Irlande et au Royaume-Uni. En Espagne et aux États-Unis, c’est parce que cette interruption ne joue pas sur les taux d’acquisition de droits et le salaire de référence utilisés pour calculer les prestations– par exemple, la période d’acquisition de droits à la retraite s’interrompt après 38.5 ans en Espagne, et après 35 ans aux États-Unis. En Irlande et au Royaume-Uni, c’est parce qu’elle n’influe pas sur le montant de la retraite de base. Les périodes de chômage n’influencent pas non plus la pension de base en Nouvelle-Zélande car celle-ci est entièrement fondée sur la résidence. Aux Pays-Bas, la pension de base fondée sur la résidence assure une certaine protection contre le chômage, alors que les périodes de chômage amputent considérablement la retraite professionnelle.
En Grèce, au Luxembourg et au Portugal, les prestations de retraite seront plus élevées, mais le salarié devra travailler cinq ans, trois ans et un an de plus, respectivement, pour avoir droit à une pension complète (sans décote). En Grèce et au Portugal, cela tient également à ce que l’indexation des pensions servies au travailleur ayant accompli une carrière complète est inférieure à la croissance des salaires. Au Luxembourg, les cotisations versées à un âge plus avancé se traduisent par l’acquisition de droits légèrement plus élevés en cas de carrière longue. En France et en Slovénie, compte tenu des règles de cotisation en vigueur, les salariés moyennement rémunérés doivent également partir à la retraite plus tard pour bénéficier d’une retraite à taux plein après une interruption de cinq ans pour chômage.
Certains pays offrent aux salariés faiblement rémunérés une meilleure protection contre le chômage de longue durée qu’aux salariés moyens, parce que les dispositifs de minimum vieillesse et de retraite sous condition de ressources y jouent un rôle essentiel – Australie, Belgique, Canada, Chili, Islande, Mexique, Norvège et Pologne. Dans les pays dépourvus de mécanisme d’attribution de crédits de retraite – Chili, Corée, Estonie, Israël, Mexique et Turquie par exemple – la baisse des pensions est plus substantielle pour les salariés moyennement rémunérés, les effets se faisant plus particulièrement ressentir dans les pays où les régimes de retraite obligatoires associent étroitement pensions et salaires– comme le Chili et le Mexique – et sur les revenus élevés. La plus longue période de chômage examinée ici suppose aussi un report de l’âge de la retraite en Espagne. En Corée, les absences durables ont une incidence plus prononcée du fait que les personnes de plus de 60 ans ne peuvent plus cotiser, ce qui ramène la durée de carrière à 23 ans au lieu de 38 ans pour le scénario de référence.
Au Mexique et en Pologne, les salariés faiblement rémunérés, même lorsqu’ils ont connu de longues interruptions de carrière, satisfont aux critères permettant de percevoir la pension minimum, tout comme ceux qui ont effectué une carrière complète ; ces interruptions n’entament donc pas leurs droits à la retraite.