Lorsque la pandémie de COVID-19 a touché l’Argentine, l’économie était déjà en récession et l’incertitude était grande, notamment pour ce qui est de la restructuration de la dette publique élevée. Si les mesures d’endiguement prises à temps ont atténué la propagation du virus, elles ont réduit la capacité de production et la demande intérieure. Avec la levée progressive du confinement, la demande intérieure se redressera mais restera faible en raison de la montée du chômage et de la diminution des revenus des ménages. Un rebond marqué de l’investissement dépendra de la capacité à restructurer la dette publique. Le PIB devrait chuter d’environ 10 % en 2020 en cas de deuxième vague du virus et de nouveau repli de l’activité économique plus tard dans l’année (scénario de deux chocs successifs). Si cela ne se produit pas, une reprise plus rapide est possible, le PIB reculant de quelque 8 ¼ pour cent en 2020.
Des mesures audacieuses ont été prises à temps pour endiguer la pandémie et venir en aide aux ménages et aux entreprises. Elles devraient être reconduites en cas de deuxième vague. Sans accès aux marchés financiers, la banque centrale participe au financement du déficit budgétaire, ce qui pèse davantage sur l’inflation et le taux de change. Une restructuration réussie de la dette publique élevée allègerait ces pressions mais il faudra peut-être aller plus loin pour renforcer la viabilité des finances publiques. Pour ce faire, une plus grande efficience des dépenses publiques devrait être le principal instrument, accompagné par une analyse coûts-avantages approfondie des régimes fiscaux spéciaux et des exonérations et niches fiscales. Le maintien et le développement du programme de transferts monétaires conditionnels sont indispensables pour faire reculer la pauvreté et mettre sur pied un système de protection sociale à l’attention des ménages tributaires du travail non déclaré.