Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L'utilisation de ces données par l'OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem-Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.
Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2020 Numéro 1
Israël
Cette année, Israël va être confronté à une forte récession, avec un PIB qui devrait chuter de 8.3 % si la pandémie de COVID-19 reprend en fin d’année (scénario de deux chocs successifs) et de 6.2 % si elle reflue cet été (scénario du choc unique). Les mesures de confinement ont été strictes, mais ont duré moins longtemps que dans d’autres pays de l’OCDE, ce qui a atténué la contraction économique. Toutefois, l’activité ne devrait se redresser que progressivement et le PIB restera à la fin de 2021 en deçà de son niveau antérieur à la crise. En effet, le chômage élevé et l’incertitude pèseront sur la demande intérieure, tandis que la demande extérieure ne repartira que lentement. Dans le scénario de deux chocs successifs, de nouvelles faillites d’entreprises et la persistance du chômage freineront la reprise et endommageront plus durablement l’économie.
Le gouvernement et la banque centrale ont pris des mesures appropriées pour soutenir le revenu des ménages et la trésorerie des entreprises. La politique budgétaire devra rester accommodante jusqu’à ce que la reprise soit engagée sur une trajectoire ferme. Il conviendra peut-être de mettre en œuvre des mesures supplémentaires pour protéger les emplois, renforcer la formation et améliorer la trésorerie des petites entreprises si la reprise s’avère lente. En cas de resserrement des conditions financières, la banque centrale pourrait augmenter ses achats d’actifs et continuer à assouplir les mesures prudentielles.
Les strictes mesures de confinement mises en place d’emblée ont permis un redémarrage partiel rapide de l’activité économique
En Israël, le premier cas de contamination au COVID-19 été détecté le 21 février et la maladie s’est ensuite propagée rapidement. Le taux d’infection a été plus élevé dans plusieurs villes et quartiers à peuplement ultra-orthodoxe et arabo-israélien. Depuis début avril, le nombre quotidien de nouvelles infections a tendance à ralentir. Il y a eu moins de décès que dans de nombreux autres pays de l’OCDE. La jeunesse de la population israélienne et le système de santé universel ont probablement atténué le coût humain de la crise.
Les autorités ont réagi promptement à la pandémie. Israël compte parmi les premiers pays à avoir fermé ses frontières aux visiteurs étrangers au début d mois de mars. Les établissements d’enseignement ont fermé mi-mars, tandis que les déplacements et l’activité professionnelle ont été strictement restreints fin mars. Les mesures de confinement ont été accompagnées d’un traçage des contacts au moyen des données de téléphones portables, d’un dépistage généralisé et de dotations budgétaires supplémentaires (environ 0.7 % du PIB) afin de renforcer les capacités du système de santé. À partir du 19 avril, ces mesures ont été progressivement assouplies, d’abord par la réouverture des commerces de détail. Depuis mai, la plupart des entreprises ont pu reprendre leurs activités à condition de respecter des obligations sanitaires et de distanciation sociale. Les restrictions aux déplacements et aux rassemblements ont été levées et pratiquement l’ensemble du système scolaire a recommencé à fonctionner.
L’activité économique s’est affaissée
Au plus fort des mesures de confinement, de fin mars à mi-avril, environ un tiers de l’économie était à l’arrêt. La confiance des entreprises et des consommateurs s’est effondrée, et le PIB réel s’est contracté de près de 2 % au premier trimestre de 2020 du fait de la forte baisse de la demande intérieure. En avril, les exportations nominales de biens ont reculé de près de 25 % en glissement annuel, tandis que les arrivées de visiteurs étrangers ont presque cessé. Selon des données sur les achats par carte de crédit, la consommation a rebondi relativement vite, retrouvant fin mai ses niveaux antérieurs à la crise dans les secteurs où les restrictions avaient été levées de façon précoce. Toutefois, dans d’autres secteurs, comme le tourisme, la restauration et les activités de loisirs, les dépenses restent très faibles. Les demandes d’allocations de chômage ont dépassé le million en avril, soit environ un quart de la population active. La grande majorité (près de 90 %) de ces nouvelles demandes émanent de salariés mis à pied temporairement et susceptibles de retrouver leur emploi une fois l’économie redressée. Néanmoins, il est probable qu’au moins une partie de ce chômage temporaire devienne permanent en raison de la gravité de la crise.
L’aide de l’État est substantielle
Le gouvernement et la banque centrale ont pris une série de mesures pour amortir les pertes de revenus des ménages et des entreprises les plus vulnérables, apporter de la liquidité aux banques et aux entreprises et appuyer la reprise économique. Les mesures prises par le gouvernement, qui comportent notamment des mesures impliquant des dépenses et des recettes, représentent environ 4.5 % du PIB ; s’y ajoute un soutien à la liquidité au moyen de garanties de prêts et de reports de paiement d’impôts à hauteur d’environ 2.5 % du PIB. On peut citer comme principales actions : l’élargissement de l’indemnisation du chômage (par exemple aux salariés mis à pied), des subventions aux entreprises afin qu’elles réembauchent ces salariés ; le versement d’aides directes aux catégories vulnérables de la population, comme les personnes âgées, les familles avec enfants et les travailleurs indépendants ; une réduction temporaire des impôts fonciers et l’octroi de subventions en faveur des petites entreprises pour couvrir leurs coûts fixes. En outre, la Banque d’Israël a lancé un programme d’achats d’obligations d’État (pouvant aller jusqu’à 3.5 % du PIB), abaissé son taux d’intérêt directeur de 0.25 % pour le ramener à 0.1 % et mis en place une facilité de crédit destinée aux PME par l’intermédiaire des banques. Elle a aussi injecté des liquidités, y compris en devises, et réduit le ratio d’adéquation des fonds propres des banques de 1 point de pourcentage.
Une reprise progressive pourrait être retardée par une seconde vague d’infection
Dans le scénario du choc unique, les projections supposent la réouverture progressive de l’économie à partir de fin avril 2020 et, dans le scénario de deux chocs successifs, un second épisode d’infection en automne. Dans les deux scénarios, la demande intérieure s’accélérera graduellement, soutenue par les mesures prises par l’État pour limiter les pertes de revenu. Toutefois, la grande incertitude qui règne pèsera sur la reprise, en particulier celle des investissements. Le chômage, après une hausse très sensible, ne reculera que lentement et restera supérieur à la fin de 2021 à son niveau d’avant la crise. La faiblesse de la demande mondiale freinera la croissance des exportations. Dans le scénario de deux chocs successifs, les effets négatifs sur l’activité seront plus marqués et persistants en raison du nombre plus élevé de faillites et d’un chômage plus durable. Le déficit des administrations publiques se creusera fortement, à partir d’un niveau déjà notable de quelque 4 % du PIB avant la crise, mais fléchira en 2021 grâce à un rebond des recettes fiscales et à la fin des mesures d’aide temporaires. L’aggravation des tensions géopolitiques constitue un risque de révision à la baisse des perspectives.
Des mesures supplémentaires pourraient être nécessaires pour soutenir l’économie
En fonction de la vigueur de la reprise, il faudra peut-être prolonger certaines des mesures temporaires d’aide aux revenus, en particulier si une seconde vague d’infection nécessite de nouveau l’arrêt de l’économie. Les garanties d’État pour pertes sur prêts sont relativement modestes par rapport à ce qui s’est fait dans d’autres pays de l’OCDE et pourraient être élargies, notamment en faveur des petites entreprises pour soutenir leur trésorerie. Le gouvernement envisage d’étoffer la reprise, notamment en accélérant les projets d’investissement dans les infrastructures, ce qui est judicieux. Il faudrait compléter ces initiatives par un renforcement des politiques d’activation du marché du travail, telles que le recyclage et l’aide à la recherche d’emploi, afin d’accompagner les travailleurs qui risquent le plus de perdre définitivement leur emploi et de faciliter le redéploiement efficient de la main-d’œuvre des secteurs confrontés à une baisse durable de la demande. Il convient aussi de poursuivre les efforts d’amélioration des compétences des catégories de la population ayant un lien ténu avec le marché du travail. Le montant relativement faible de la dette publique avant la crise laisse une certaine marge de manœuvre budgétaire. Le cas échéant, il serait possible d’assouplir davantage les conditions financières en développant le programme d’achat d’actifs de la banque centrale et en assouplissant encore le dispositif prudentiel.