Le taux de pauvreté monétaire mesure la proportion d’individus situés au bas de l’échelle des revenus. Les préoccupations de la société en matière d’équité portent généralement davantage sur les personnes relativement défavorisées. Il s’ensuit que les indicateurs de la pauvreté retiennent souvent plus l’attention que ceux des inégalités de revenu, certaines catégories de population, comme les personnes âgées et les enfants, suscitant une plus grande inquiétude vu qu’elles n’ont pas la possibilité, ou très peu, de travailler pour sortir de la pauvreté.
Le taux moyen de pauvreté relative (à savoir le pourcentage d’individus dont le revenu annuel est inférieur à la moitié du revenu disponible médian national) était de 11.4 %, en 2021, à l’échelle de la zone OCDE (Graphique 6.4). C’est aux États-Unis (18 %) et au Costa Rica (21 %) que le taux de pauvreté était le plus élevé, tandis qu’au Danemark, en Finlande, en Hongrie, en Islande et en Tchéquie, la pauvreté ne touchait que 5 à 7 % de la population. Les pays méditerranéens, les pays baltes et les pays d’Amérique latine affichent des taux de pauvreté relativement élevés. Parmi les pays partenaires, c’est en Afrique du Sud que la pauvreté est la plus élevée.
Le taux de pauvreté relative varie selon le genre. En 2021, il s’établissait en moyenne à 12.1 % chez les femmes et 10.7 % chez les hommes. La pauvreté touche en effet davantage les femmes que les hommes dans tous les pays membres et partenaires clés de l’OCDE, à l’exception du Danemark, de la Finlande, de l’Irlande et de l’Islande. Les disparités les plus notables s’observent en Estonie, en Lettonie et en Lituanie, avec un écart de 4 à 5 points de pourcentage entre les genres.
Le taux de pauvreté relative varie également en fonction de la tranche d’âge. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, le taux de pauvreté est le plus faible parmi les adultes en âge de travailler (26‑65 ans), s’établissant autour de 10 %, tandis qu’il est plus élevé parmi les enfants et les jeunes (12 %) et qu’il atteint presque 15 % chez les personnes âgées (Graphique 6.5). La pauvreté infantile est faible dans les pays nordiques, mais relativement élevée au Chili, au Costa Rica, en Espagne, aux États-Unis, en Israël et en Türkiye, où plus d’un enfant sur cinq se trouve en situation de pauvreté monétaire. Les taux de pauvreté chez les jeunes étaient particulièrement élevés au Danemark, en Finlande et en Norvège, ce qui peut s’expliquer par le fait que les jeunes quittent généralement le domicile parental vers l’âge de 18 ans, ce qui est précoce par rapport à de nombreux autres pays de l’OCDE (voir le chapitre 1 du présent volume). Le taux de pauvreté relative des plus de 65 ans avoisinait les 40 % en Corée et en Estonie, et était supérieur à 30 % en Lettonie. À l’inverse, le Danemark, l’Islande et la Norvège affichaient les taux les plus faibles de pauvreté relative des personnes âgées, tous inférieurs à 5 %. Ces chiffres se fondent sur les données relatives au revenu, et les fortes disparités entre les pays au regard du patrimoine (immobilier ou autre) détenu par les seniors ne sont pas prises en compte dans le taux de pauvreté monétaire.
L’« insécurité financière » est un autre indicateur de l’OCDE permettant d’évaluer le risque de pauvreté. Les personnes en situation de précarité financière ne sont pas pauvres en termes monétaires, mais elles risquent de basculer dans la pauvreté si leur revenu s’arrête brutalement, par exemple en raison du chômage, d’une incapacité ou de la dissolution de la famille. Les personnes en situation de précarité financière manqueraient de disponibilités suffisantes pour vivre au-dessus du seuil de pauvreté pendant plus de trois mois en cas de perte soudaine de revenu. Dans les pays de l’OCDE, 34 % des individus se trouvaient en situation de précarité financière en 2018 (Graphique 6.6), et c’était le cas de plus de 45 % de la population en Grèce, en Hongrie, en Irlande, en Lettonie, en Lituanie et en Slovénie, et de moins de 15 % de la population en Corée et aux Pays-Bas.