La Banque nationale suisse (BNS) applique des taux d'intérêt directeurs négatifs depuis décembre 2014. La quête de rendement qui en résulte peut influer sur la répartition des ressources, créant des risques de distorsions financières. En outre, une remontée des prix des logements s'est amorcée, et la croissance des crédits hypothécaires octroyés par certaines catégories de banques s'accélère. La hausse de l'inflation permettra à la banque centrale de relever les taux d'intérêt, et elle devrait commencer à le faire à la mi‑2019. Un programme de réduction progressive de l'orientation expansionniste de la politique monétaire devrait être annoncé longtemps à l'avance, pour éviter un effet de surprise qui pourrait déstabiliser les marchés.
L'endettement public est modeste, et un léger assouplissement de la politique budgétaire en 2018 et 2019 contribuera à ce que le processus d'abandon de la politique monétaire non conventionnelle se déroule sans heurts. Les recettes budgétaires ont été plus élevées qu'on ne s'y attendait, tandis que le niveau effectif des dépenses publiques s'est établi légèrement en deçà de leur niveau budgété, et la Suisse affiche depuis longtemps un solde budgétaire excédentaire. Celui‑ci diminuera cependant progressivement en même temps que les recettes exceptionnelles. Compte tenu du vieillissement de la population et de la dégradation de la situation financière du système de retraite, il devient urgent de réformer ce système, notamment en supprimant les contre‑incitations à l'allongement de la vie active, de façon à rehausser l'âge effectif de la retraite.
Face aux défis à long terme qui se profilent, il faut accélérer la croissance de la productivité, notamment en améliorant l'inclusivité. L'intensification de la concurrence et la réduction des restrictions au commerce, notamment pour les produits agricoles, contribueraient au maintien d'un niveau de vie élevé. Faciliter l'immigration en provenance de pays non membres de l'UE et accroître le taux d'activité des femmes et des immigrés contribuerait à satisfaire les besoins du marché du travail. Accroître l'offre de services d'accueil des jeunes enfants et améliorer leur accessibilité financière permettrait en particulier de favoriser l'emploi féminin à temps plein.