Outre les difficultés qu’il fait peser sur les ménages et les finances publiques, le chômage peut aussi avoir des conséquences négatives sur le moral des individus et limiter leurs perspectives professionnelles. La pandémie de COVID‑19, en 2020‑21, a porté les taux de chômage à des records dans les pays de l’OCDE. Même s’il est inférieur à son niveau d’avant la crise (ou proche de celui-ci) dans bien des pays, en janvier 2024, le chômage touchait en moyenne encore plus de 5.5 % de la population en âge de travailler dans la zone OCDE (Graphique 5.4).
La Corée, le Japon, le Mexique et la Pologne ont vu le chômage passer en dessous de 3 %, tandis que bon nombre de pays enregistrent un taux voisin de 4 %. Le chômage est particulièrement élevé, avec un taux à deux chiffres, en Colombie, en Espagne et en Grèce. Il n’en accuse pas moins, dans ces pays, un recul impressionnant par rapport ses plus hauts du printemps 2020, au moment de la crise du COVID‑19. Il s’est contracté de manière sensible au Canada et aux États‑Unis également.
Il existe un indicateur plus large de l’excédent d’offre sur le marché du travail, à savoir le « sous-emploi de la main‑d’œuvre », qui permet de quantifier les ressources de main‑d’œuvre disponibles qui sont soit inutilisées (ce qui correspond à une situation de chômage) soit sous‐utilisées, notamment lorsque des personnes qui souhaitent travailler plus et en sont capables ne travaillent qu’à temps partiel (ce qui correspond à une situation de sous-emploi). En moyenne dans les pays de l’OCDE, plus d’une personne en âge de travailler sur quatre (12 %) est « sous-utilisée » (Graphique 5.5). Le pourcentage le plus faible est relevé en Pologne, à moins de 5 %, et les plus élevés le sont au Chili, en Espagne et en Türkiye, à plus de 20 %. Par rapport au dernier trimestre de 2019 (donc avant la crise du COVID‑19), les taux mesurés étaient supérieurs de 4 points de pourcentage en Estonie et de 5 points au Royaume‑Uni et en Tchéquie au troisième trimestre 2023. Dans le même intervalle, ils avaient diminué très nettement en Australie et en Italie (de 4 et 5 points, respectivement) ainsi qu’en Grèce (de 8 points).
Le chômage et l’inactivité n’ont rien d’exceptionnel chez les jeunes. La part des 15‑29 ans qui étaient sans emploi et sortis du système éducatif (désignés par l’acronyme NEET en anglais) en 2022 s’élevait à 12.5 % en moyenne dans les pays de l’OCDE, en recul de près d’1 point de pourcentage par rapport à 2019, où elle s’établissait à 13.3 % (Graphique 5.6). Si l’on distingue les jeunes sans emploi et sortis du système éducatif qui cherchent activement du travail (NEET au chômage) de ceux qui n’en cherchent pas (NEET inactifs), on s’aperçoit que, dans la plupart des pays, la majorité de ces jeunes relèvent de la seconde catégorie. De faibles compétences rendent les jeunes particulièrement vulnérables face au chômage et à l’inactivité : ceux qui n’ont pas dépassé le deuxième cycle du secondaire sont ainsi trois fois plus susceptibles d’être sans emploi et sortis du système éducatif que les diplômés de l’enseignement supérieur.