Des cadres légaux pour l'économie sociale et solidaire (ESS) existent dans des nombreux pays du monde entier, et de nombreux gouvernements nationaux et infranationaux sont en train d'en adopter de nouveaux. Plusieurs pays ont adopté au moins une loi sur les formes juridiques spécifiques des entités de l’ESS, telles que les associations, les coopératives, les fondations, les mutuelles et les entreprises sociales. D’autres pays ont mis en place une loi-cadre nationale sur l’ESS dans son ensemble, comme c’est le cas en France ou au Mexique, ou ont introduit des notions associées, telles que l’économie sociale en Espagne et au Portugal, ou le troisième secteur en Italie. Un certain nombre de pays signalent être en train de rédiger ou d’adopter de nouvelles lois concernant des entités spécifiques à l’ESS, par exemple, l’Inde pour les coopératives et les Pays-Bas pour les entreprises sociales.
Les cadres légaux peuvent offrir d’excellentes opportunités de développement pour l’économie sociale et solidaire. Ils favorisent la visibilité en reconnaissant juridiquement les entités de l’ESS, facilitant ainsi leur accès à de nouveaux marchés, au financement et aux aides publiques. De plus, ces cadres jouent un rôle essentiel dans le développement et l’expansion de l’ESS, permettant parfois de résoudre les incohérences entre différents types d’entités de l’économie sociale. Les cadres légaux peuvent également établir une base légale pour un ensemble complet de mesures politiques complémentaires, facilitant ainsi la mise en place de dispositifs publics ciblés (financier, non financier, incitations fiscales, etc.) visant à soutenir le développement et la prospérité des entités de l’ESS.
Les cadres légaux peuvent jouer un rôle crucial dans l'intégration de l'ESS dans les politiques publiques. Ils favorisent le développement de la coopération intersectorielle entre différents ministères et agences gouvernementales, ce qui permet une meilleure coordination des politiques relatives à l’ESS et aide à minimiser les conflits ou les écarts dans les processus décisionnels et la distribution de ressources. Ces cadres peuvent également mettre en place des mécanismes institutionnels ou des instances (agences, ministères) qui servent de points de référence afin de faciliter l’accès des entités de l’ESS aux services d’aide, aux ressources et aux informations. Dans certains pays, des besoins politiques spécifiques, tels que la création d’emplois, ont conduit à la mise en place de cadres légaux pour l’ESS dans son ensemble, ou pour certaines entités spécifiques de l’ESS, par exemple, les entreprises sociales en Corée.
Toutefois, certains pays peuvent décider que ces cadres ne représentent pas la meilleure solution pour soutenir le développement de l’ESS. Des cadres légaux sous-optimaux peuvent entraver ce développement en limitant son champ d’activité à des secteurs spécifiques, tels que les services sociaux, ou en reconnaissant uniquement certaines formes juridiques, comme les coopératives, au détriment d’autres. Si mal conçus et mis en œuvre, ces cadres peuvent également entraver l'innovation et décourager l’adoption de certains types d’entités de l’ESS et/ou leur engagement dans certaines activités.
L’adoption de cadres légaux est souvent une procédure complexe et de longue durée. Contrairement à d’autres domaines de la politique publique, l’ajustement ou le développement de nouveaux cadres légaux implique une procédure législative prolongée, mobilisant plusieurs instances législatives et nécessitant multiples procédures de vote. Étant donné cette complexité, il est essentiel de comprendre les différentes étapes de développement des cadres légaux et d’élaborer proactivement une stratégie pour les aborder.