La politique agricole du Canada privilégie la gestion des risques et les investissements pour améliorer la compétitivité du secteur, la commercialisation et les échanges, la sécurité des aliments et les capacités de recherche. Depuis 2003, les principaux programmes et services découlent d’accords convenus par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux (FPT) pour une durée de cinq ans. Ainsi, l’accord-cadre FPT de politique agricole actuellement en vigueur, Cultivons l’avenir 2 (CA2), couvre la période 2013-2018.
En vertu de la Constitution canadienne, les gouvernements fédéral et provinciaux se partagent la responsabilité de l’agriculture. L’accord-cadre CA2 offre de la souplesse aux provinces et aux territoires dans la conception et la mise en œuvre de programmes qui répondent à leurs priorités régionales. En dehors de ce cadre, ceux-ci peuvent également mettre au point et financer leurs propres programmes agricoles.
L’accord-cadre CA2 comporte deux grandes séries de dispositifs : les programmes axés sur la gestion des risques de l’entreprise (GRE), qui aident les agriculteurs à gérer les risques liés à une grande volatilité des marchés et aux situations de catastrophe ; et les Initiatives stratégiques non liées à la GRE, qui offrent un soutien indirect au secteur via des investissements dans la recherche et l’innovation, des mesures visant la sécurité des aliments et la promotion des marchés.
Il existe cinq programme de GRE, dont les coûts sont partagés par les autorités fédérales et provinciales : Agri-stabilité (programme de soutien de la marge globale des exploitations les années de forte baisse du revenu) ; Agri-investissement (compte d’épargne alimenté par des dépôts du producteur complétés par un montant équivalent du gouvernement et utilisé en cas de baisse modérée du revenu ou pour réaliser des investissements qui permettent d’atténuer les risques dans les exploitations) ; Agri-protection (couverture des pertes de production dues aux risques naturels) ; et Agri-relance (cadre de coordination FPT de l’aide en cas de catastrophe). Ces quatre premiers programmes offrent une protection contre différents types de pertes ainsi que des options de gestion des flux de trésorerie. Le cinquième programme inclus dans CA2, Initiatives Agri-risques, aide le secteur à étudier les risques, à élaborer et mettre en œuvre de nouveaux instruments ainsi qu’à attirer et obtenir le soutien du secteur privé.
Par ailleurs, CA2 déploie trois nouvelles Initiatives stratégiques fédérales : le programme Agri-innovation (qui soutient les investissements ciblant le développement et la commercialisation de nouveaux produits et technologies) ; le programme Agri-marketing (qui soutient les investissements visant à ce que le secteur adopte plus largement les systèmes liés à la sécurité et à la traçabilité des aliments, ainsi que les investissements relatifs à l’ouverture et au maintien de l’accès à de nouveaux marchés) ; et le programme Agri-compétitivité (qui soutient les investissements destinés à accroître la rentabilité des marchés nationaux et internationaux). Tous ces programmes encouragent les investissements dans la recherche-développement (R-D) menée par le secteur, l’adoption de l’innovation dans les secteurs alimentaire et agricole et les initiatives commerciales.
Les mesures de soutien agricole canadiennes diffèrent selon qu’elles ciblent les secteurs soumis à la gestion de l’offre, qui sont protégés par des droits de douane élevés et orientés vers le marché intérieur, et les autres catégories de produits de base, qui s’échangent sur un marché libéralisé et sont destinées aux marchés d’exportation. Un système de gestion de l’offre soutient les prix du marché des filières lait, volaille et œufs par l’intermédiaire de droits de douane et de quotas de production négociables uniquement à l’intérieur des provinces, associés à un système de fixation des prix intérieurs. L’accord-cadre CA2 considère la gestion de l’offre comme un outil de GRE.
La plupart des programmes environnementaux au niveau des exploitations sont conçus et gérés par les autorités provinciales. Deux catégories d’initiatives (cofinancées par les autorités fédérales et provinciales) œuvrent pour une agriculture écologiquement viable : les plans agroenvironnementaux (PAE) et les programmes d’encouragement de l’intendance environnementale. Les PAE consistent à évaluer les risques environnementaux sur les exploitations puis à élaborer un plan d’action permettant de les atténuer. Les programmes d’encouragement de l’intendance environnementale apportent quant à eux une aide financière à frais partagés aux exploitations dotées d’un PAE pour leur permettre d’adopter des pratiques de gestion bénéfiques des éléments nutritifs, du stockage des effluents d’élevage et du contrôle de l’érosion des sols, notamment.
Le Canada a ratifié l’Accord de Paris le 5 octobre 2016. Ses NDC comprennent un engagement de réduire d’ici à 2030 les émissions des GES de 30% par rapport au niveau 2005. Le réseau pan-Canadien concernant la croissance propre et le changement climatique (PCF) adopté en décembre 2016 comprend un plan de réduction des émissions dans tous les secteurs de l’économie, d’accélération de la croissance propre, et de bâtir des résiliences aux effets du changement climatique. Dans le cadre du PCF, il y a trois actions liés à l’agriculture : augmenter la séquestration du Carbonne dans les sols agricoles pour compenser partiellement les émissions du secteur ; production de bioénergie de de bioproduits afin de réduire les émissions des autres secteurs ; et la mise en place des modes de gestion réduisant les émissions agricoles et leur intensité. D’autres mesures comprennent le programme agriculture et GES qui soutient la recherche afin de rendre plus accessibles les technologies appropriés, et les modes de gestion qui peuvent être adoptés par les producteurs afin de réduire les GES. Un autre programme la technologie propre dans l’agriculture cible les innovations dans la bio économie et l’adoption des technologies précises dans l’agriculture. Diverses initiatives de portée fédérale ou provinciale encouragent également le développement de bioproduits, comme l’initiative fédérale écoÉNERGIE pour les biocarburants.
Avant l’expiration de l’accord-cadre CA2, en 2018, les ministres FPT de l’Agriculture sont convenus d’un accord portant sur les éléments centraux du prochain accord-cadre, le Partenariat canadien pour l’agriculture (PCA). Ce dernier privilégiera les investissements dans six domaines : 1) les sciences, la recherche et l’innovation ; 2) les marchés et les échanges ; 3) la durabilité environnementale et le changement climatique ; 4) l’agriculture à valeur ajoutée et la transformation des produits agroalimentaires ; 5) la gestion des risques ; et 6) la confiance du public. Le dispositif s’accompagnera également de nouveaux programmes visant à faciliter la coopération régionale entre les provinces et les territoires canadiens et à renforcer la participation des femmes, des jeunes et des peuples autochtones dans le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire. À l’instar du cadre CA2, le PCA repose sur trois piliers : 1) les activités dirigées par le gouvernement fédéral ; 2) les programmes à coûts partagés régis par les provinces et les territoires ; et 3) les programmes de gestion des risques de l’entreprise (GRE), dont les coûts sont partagés par les gouvernements FPT. Le PCA a été lancé le 1er avril 2018.