La politique agricole du Mexique est encadrée par un Programme sectoriel de développement de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation. Il couvre une période de six ans allant de 2013 à 2018. Ce programme entend principalement doper la production interne et renforcer la sécurité alimentaire. Il vise à accroître le taux d’auto-approvisionnement pour les céréales et les oléagineux les plus importants, ainsi qu’à mettre fin au déficit de la balance commerciale du secteur agroalimentaire qu’affichait le Mexique auparavant. Depuis 2015, le Mexique enregistre une balance commerciale agroalimentaire positive en partie grâce à ce programme. Le programme met en avant une augmentation de la productivité, de la rentabilité et de la compétitivité du secteur agroalimentaire et définit les objectifs suivants : accroissement de la productivité des petites exploitations, réduction de l’utilisation de l’eau, augmentation de la production nationale d’intrants agricoles, mesures de vulgarisation, prévention et gestion du risque, promotion des produits alimentaires sains, financement, développement régional, développement des systèmes d’information et modernisation du ministère de l’Agriculture. Le programme sectoriel a apporté deux changements principaux à ce type de soutien. Tout d’abord, PROCAMPO a été remplacé par PROAGRO Productivo, qui continue de verser des paiements au titre de la superficie. En revanche, contrairement à PROCAMPO qui n’était assorti d’aucune exigence de production, les nouveaux paiements couvrent uniquement les dépenses de production engagées qui sont justifiées (matériel, semences certifiées, engrais, assurances ou couverture des risques liés aux prix). Après 20 ans sans modification des bénéficiaires ni des terres recevant un soutien, la liste des bénéficiaires de PROAGRO Productivo (ancienne liste de PROCAMPO) était mise à jour et de nouvelles terres agricoles ont été sélectionnées pour recevoir une aide. Par rapport au plan précédent, le plan sectoriel actuel met davantage l’accent sur l’investissement et le soutien aux services utilisés sur l’exploitation, en ciblant en particulier les zones pauvres et arides.
Le Mexique a réformé sa politique agricole au cours des deux dernières décennies : il a réduit la protection douanière suite aux engagements pris dans le cadre de l’OMC, de l’ALENA et d’autres accords commerciaux, et mis en œuvre des programmes de paiements directs. Aujourd’hui, le régime commercial encadrant le fonctionnement des marchés agricoles mexicains est relativement ouvert, la majorité des échanges commerciaux s’effectuant dans le cadre de dispositifs de libre-échange régionaux. Cependant, le soutien intérieur aux prix du marché et les paiements au titre de la production sont maintenus pour certains produits clés tels que le sucre, les céréales, le café et les oléagineux. Le soutien des prix du marché est la principale composante du soutien aux producteurs.
L’aide à l’investissement constitue un autre type de soutien important : elle couvre essentiellement une partie du coût d’investissement ou finance la garantie du crédit pour les achats de matériel et d’infrastructures pour l’exploitation qui servent à la production végétale et animale, ainsi que la réalisation d’évaluations de faisabilité des investissements. Une aide spécifique est proposée aux petits exploitants pauvres. Une aide à l’investissement est également fournie pour moderniser les systèmes d’irrigation et l’agriculture protégée. Les subventions à l’utilisation d’intrants variables (couverture des risques liés aux prix, électricité, irrigation et assurance des récoltes) représentent un autre poste majeur du soutien. Les paiements au titre de la superficie et du nombre d’animaux sont également un volet important. Ils sont principalement versés par le biais de deux programmes : PROAGRO Productivo et PROGAN Productivo. PROAGRO Productivo verse des paiements à l’hectare en fonction de la superficie antérieure et de la superficie de terres possédées, tandis que PROGAN Productivo effectue des paiements par tête en fonction du nombre antérieur d’animaux ; les bénéficiaires de ce programme doivent respecter certains critères environnementaux.
Différents programmes visent les petits producteurs agricoles et les populations rurales pauvres de manière plus générale. Les petits producteurs de maïs et de haricots bénéficient d’un programme spécial de soutien à l’investissement. Le Projet stratégique pour la sécurité alimentaire (Proyecto Estratégico para la Seguridad Alimentaria – PESA) prévoit des investissements et une assistance technique à l’échelle des agriculteurs et des collectivités, afin d’encourager l’agriculture dans les régions défavorisées, en couvrant jusqu’à 90 % des coûts d’investissement liés principalement à l’amélioration de l’approvisionnement en eau et en nourriture dans les foyers pauvres et 100 % des coûts d’assistance technique afin de rendre le système alimentaire plus durable dans les zones pauvres.
Une très grande partie du territoire mexicain est assujettie à un régime de propriété foncière à caractère social – les ejidos ou communautés agricoles – qui s’applique aussi bien aux terres collectives qu’aux parcelles attribuées à des personnes physiques. Le dernier recensement (2007) révèle que 69 % des unités de production sont assujetties à ce régime et qu’elles exploitent 39 % des terres agricoles. Des réformes foncières ont été lancées dans les années 1990, mais leurs répercussions ont été limitées en pratique. Bien que ce système soit jugé important sur le plan social, certaines dispositions liées aux terres communales comptent parmi les facteurs qui limitent aujourd’hui la vente et l’utilisation des terres agricoles.
Étant donné qu’un peu plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté national, les aides à la consommation alimentaire sont un instrument important de la lutte contre la pauvreté au Mexique. Les familles pauvres se procurent des denrées de première nécessité dans les magasins ruraux DICONSA, tandis que le programme LICONSA propose du lait à prix réduit, et le programme SEDESOL, des transferts monétaires conditionnels.
L’engagement du Mexique envers le climat lors de la Conférence de Paris sur les changements climatiques en décembre 2015 comprend des objectifs de contribution conditionnels et sans condition. Le Mexique s’est engagé à réduire, sans condition, les émissions de GES de 22 % et les émissions de carbone noir, un polluant puissant de courte durée de vie qui participe au réchauffement climatique, de 51 % par rapport aux niveaux à politiques inchangées d’ici 2030. Afin d’atteindre ces objectifs, la stratégie générale pour le secteur agricole consiste à favoriser sa technification durable et l’utilisation de biodigesteurs dans les exploitations d’élevage, ainsi que la préservation et la remise en état des pâturages.