Le document d’orientation n° 1 de 2018 appelle à poursuivre les réformes structurelles orientées vers l’offre et à axer le soutien interne sur l’amélioration de la productivité et de la qualité des produits, tout en approfondissant la réforme des terres rurales, en élargissant l’accès aux produits financiers ruraux et en prenant en compte les préoccupations environnementales. Le calendrier établi pour parvenir à la revitalisation des zones rurales prévoit d’éliminer la pauvreté rurale et d’améliorer notablement la productivité et l’offre de produits agricoles d’ici à 2020, de fournir un accès égal aux services publics de base dans les zones rurales d’ici à 2035 et d’avoir entièrement modernisé le secteur agricole d’ici à 2050. Il a été spécifiquement demandé aux pouvoirs publics locaux d’établir des plans de mise en œuvre adaptés à leurs besoins et couvrant la période 2018-22 (Conseil des Affaires d’État, 2018).
En mars 2018, la 13e Assemblée populaire nationale a réclamé une restructuration institutionnelle majeure, notamment dans les domaines de l’agriculture et de l’environnement1. Un nouveau ministère de l’Agriculture et des Affaires rurales supervisera à la fois l’agriculture et le développement rural, en reprenant la plupart des responsabilités de l’actuel ministère de l’Agriculture, qui sera démantelé. Le nouveau ministère va aussi gérer certains agendas tenus jusqu’à maintenant pare le CEDR, le ministère des Finances, le ministère des Terres et des Ressources naturelles, et par le ministère de l’Eau. Par ailleurs, un nouveau ministère de l’Environnement remplacera le précédent ministère de la Protection de l’environnement tout en assumant les responsabilités précédemment confiées à la CEDR, au ministère de l’Eau, au ministère de l’Agriculture et au ministère des Terres et des Ressources naturelles (Xinhuante, 2018a).
Comme le précise le 13e plan quinquennal pour l’agriculture 2016-20 et le réaffirme la CEDR, « l’amélioration » du système de prix de soutien minimum du blé et du riz reste une priorité, ainsi que la « protection efficace des intérêts des producteurs ». En octobre 2017, la CEDR a annoncé que le prix minimum du blé serait abaissé et passerait de 2 360 CNY (355 USD) à 2 300 CNY (340 USD) par tonne. Il s’agit de la première révision du prix du blé depuis que le système de prix de soutien minimum a été mis en place en 2004 (CEDR, 2017a, 2018 ; SAG, 2017 ; GAIN-CH18003, 2018).
Le 17 février 2017, la CEDR avait annoncé une réduction des prix d’achat minimums du riz à partir de la campagne 2017-18. Le 9 février 2018, ces prix ont encore été abaissés de 7 à 13 % : de 2 600 CNY (391 USD) à 2 400 CNY (381 USD) par tonne pour le riz Indica précoce ; de 2 720 CNY (409 USD) à 2 520 CNY (399 USD) par tonne pour le riz Indica semi-tardif et tardif ; et de 3 000 CNY (452 USD) à 2 600 CNY (412 USD) par tonne pour le riz Japonica (CEDR, 2017b ; Surveillance des marchés du AMIS, 2018).
En 2016, la fin de la politique du prix minimum du maïs a été suivie de la mise en place de paiements directs versés aux producteurs dans les principales provinces productrices de maïs du Nord-Est (Heilongjiang, Jilin, Liaoning et Mongolie intérieure). Les versements ont été effectués en deux tranches aux quatre provinces où le programme est mis en œuvre, le montant de l’aide par mu (1 mu = un quinzième d’hectare) étant calculé par chaque administration locale. Les provinces ont ensuite alloué les fonds aux municipalités et aux comtés sur la base des données fournies par les agriculteurs concernant leurs superficies cultivées. Selon les premières informations, en 2017, les versements étaient compris entre 134 CNY/mu (317 USD/ha) dans l’Heilongjiang, 150 CNY/mu (355 USD/ha) dans le Liaoning, 160 CNY/mu (379 USD/ha) dans le Jilin et 202 CNY/mu (478 USD/ha) en Mongolie intérieure. Dans l’Heilongjiang, les paiements versés au titre du maïs étaient de 154 CNY/mu (365 USD/ha) au cours de la période 2016-17 et ont donc été diminués car les paiements versés au titre du soja ont augmenté pour favoriser la conversion des cultures (CNNCLM, 2017 ; Reuters, 2017).
Les pouvoirs publics ont également facilité la liquidation des stocks temporaires de maïs par l’intermédiaire de plusieurs programmes de soutien aux transformateurs. Début 2017, les provinces du Nord-Est versaient entre 100-300 CNY (15-45 USD) par tonne aux transformateurs pour l’achat de maïs provenant des stocks avant le 30 avril et leur transformation avant le 30 juin 2017 pour ce qui est de la fécule de maïs, de l’éthanol et autres sous-produits de l’usinage du maïs. Le 9 janvier 2018, Sinograin a commencé à mettre aux enchères ses stocks (GAIN-CH18003, 2018).
Le 13 septembre 2017, toujours avec l’objectif de réduire les stocks excessifs de maïs, la CEDR, la Direction nationale de l’énergie, le ministère des Finances et 12 autres ministères ont fait une annonce conjointe sur le Plan de mise en œuvre du développement de la production et de la promotion de l’éthanol carburant. Selon le plan, la Chine vise une obligation nationale d’incorporation de 10 % d’éthanol (E10) dans les carburants pour les transports d’ici à 2020 ; et d’ici à 2025, le plan prévoit une réorientation ambitieuse pour passer d’une production conventionnelle de carburants renouvelables à une production commerciale de carburants cellulosiques. Les grandes villes et les provinces chinoises ont commencé à se conformer à cette obligation. À titre d’exemple, la Société d’État de développement et d’investissement a entamé la construction de sept usines de production d’éthanol qui devraient être mises en service en 2018, deux d’entre elles, situées dans la province du Liaoning, devraient consommer entre 14 et 18 millions de tonnes de maïs par an (Conseil des Affaires d’État, 2017b ; CH-GAIN17050, 2017).
Bien que des données préliminaires portent à croire que les coûts du stockage public des grains continuent de diminuer en 2017, ceux-ci restent élevés et ont représenté quelque 14 % du soutien budgétaire total à l’agriculture. Cette baisse des coûts semble être étroitement liée à la diminution des stocks de maïs, car selon les estimations du ministère de l’Agriculture des États-Unis, ceux-ci devraient chuter d’environ 20 % au cours de la période 2016-18 (GAIN-CH18003, 2018).
En septembre 2017, le Conseil des Affaires d’État a publié une circulaire appelant à un développement plus rapide du secteur des grains, dans le cadre de la réforme structurelle en cours orientée vers l’offre. Ce texte encourage les entreprises du secteur à intégrer les circuits d’approvisionnement et de distribution dans la production, les achats, le stockage et les ventes à l’horizon 2020 (Conseil des Affaires d’État, 2017). D’ici là, les provinces du nord-est de la Chine devraient avoir achevé 22 installations de transformation de maïs supplémentaires, pour appuyer ces objectifs (GAIN-CH18003, 2018).
En octobre 2017, le ministère des Finances et l’Administration nationale des grains ont annoncé un nouveau programme axé sur le soutien à la production de « grains de haute qualité » pour lequel 5 milliards CNY (756 millions USD) seront alloués à différentes composantes pour faciliter le développement de réseaux de manutention après récolte, de distribution et de commercialisation (GAIN-CH18003, 2018).
En mars 2017, les pouvoirs publics ont annoncé qu’à la fin de la période d’expérimentation de trois ans du prix indicatif du soja, ce dispositif serait remplacé par un prix aux conditions du marché conjugué à une subvention versée directement aux producteurs de soja, à partir de la campagne 2017-18. Selon les premières informations de 2017, les paiements sont versés en fonction de la superficie cultivée et oscillent entre 166 CNY/mu (376 USD/ha) dans le Jilin, 173 CNY/mu (394 USD/ha) dans l’Heilongjiang et 207 CNY/mu (470 USD/ha) dans le Liaoning. En outre, les programmes pilotes de rotation des cultures se poursuivent dans le Liaoning, le Jilin, l’Heilongjiang et la Mongolie intérieure, des paiements directs de 150 CNY/mu (346 USD/ha) étant versés aux agriculteurs qui choisissent de semer du soja au lieu de grains. On estime que le programme couvre 670 000 ha dans les quatre provinces (GAIN-CH17055, 2018 ; GAIN-CH18003, 2018).
Le programme pilote initial de trois ans relatif au système de prix indicatifs du coton étant achevé dans le Xianjing, le 17 mars 2017, la CEDR a confirmé qu’elle « approfondirait » la réforme en maintenant le prix indicatif à 18 600 CNY (2 799 USD) par tonne jusqu’à 2020 ; en fixant ce prix pour trois campagnes successives et non annuellement ; et en déterminant un plafond pour le montant d’aide pouvant être perçu par bénéficiaire (CEDR, 2017c). Dans un même temps, la limite de 85 % de la production nationale moyenne de coton certifié, fixée au cours de la période 2012-14, devant être appliquée aux volumes éligibles aux paiements compensatoires dans le Xianjing semble rester théorique pour le moment, les volumes actuels produits dans la province étant nettement inférieurs.
Parmi les autres objectifs centraux du 13e plan quinquennal 2016-20 figure le traitement des problèmes environnementaux dans les zones et les cours d’eau saturés des régions du sud, de l’est et du centre de la Chine par la relocalisation des exploitations porcines dans le Nord-Est ou l’Ouest. Dans cette optique, entre 2016 et 2017, plus de 20 administrations provinciales ont défini des zones de maîtrise des aménagements dans leurs provinces respectives, en délimitant des « zones de protection de l’environnement » (ou « zones interdites ») où les activités d’élevage porcin ne sont pas autorisées. Selon les premières informations, en juillet 2017, ces mesures mises en place dans les zones de maîtrise des aménagements de 10 provinces auraient entraîné une réduction globale du cheptel porcin de 20 millions de têtes (GAIN-CH17005, 2017).
La relocalisation des exploitations porcines dans le Nord-Est est également appuyée par les directives du ministère de l’Agriculture sur l’accélération du développement de l’élevage moderne dans les principales régions productrices de grains du nord-est de la Chine, publiées en août 2017. L’installation d’élevages dans les provinces du Nord-Est a permis d’accéder au maïs issu des stocks et de réduire ainsi le coût de l’alimentation animale (GAIN-CH17050, 2017).
La désignation de « zones interdites » a également des effets sur les exploitations bovines et avicoles, bien qu’en moindre mesure que sur les exploitations porcines. Toutefois, dans ces trois secteurs, l’application des réglementations environnementales et la relocalisation des exploitations poussent à la concentration des petites et moyennes exploitations au profit d’exploitations de plus grande taille, ce qui améliore l’accès au capital pour investir dans les systèmes de maîtrise de l’environnement et le respect des nouvelles réglementations (GAIN-CH17005, 2017 ; GAIN-CH17053, 2017 ; GAIN-CH17040, 2017).
La loi relative à la taxe de protection de l’environnement est entrée en vigueur le 1er janvier 2018. Elle avait été promulguée par l’Assemblée populaire nationale en décembre 2016 pour remplacer la taxe sur les rejets de polluants. Elle donne des lignes directrices sur le prélèvement de taxes aux entités qui polluent l’air et l’eau et qui produisent des déchets solides et de la pollution sonore. Les pouvoirs publics locaux décident des taux de taxe à prélever, dans une fourchette définie par l’autorité centrale. La taxe s’appliquera aux exploitations de plus de 50 vaches, 500 porcs ou 5 000 volailles, mais les petites exploitations sont exemptées et une marge est laissée aux exploitants afin qu’ils réduisent leur facture fiscale lorsque la concentration de polluants est maintenue en dessous de 50 % des normes d’émission fixées par les pouvoirs publics locaux (China Business Review, 2017).
L’État prévoit de continuer à assouplir les règles de transferts de terres afin de favoriser des exploitations plus efficaces et de plus grande taille. En novembre 2017, un projet de révision de la loi sur les contrats fonciers dans les zones rurales a été soumis au Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale et prévoit de renouveler, pour 30 ans, les contrats fonciers existants arrivés à échéance. S’agissant du droit d’utilisation, le projet de révision établit une distinction entre le « droit contractuel » et le « droit de gestion », permettant ainsi aux agriculteurs de conserver le droit contractuel sur les terres qui leur ont été allouées, et de ne transférer que la gestion s’ils choisissent de louer leurs terres, de les hypothéquer auprès d’une banque ou de les investir dans une coopérative en échange de parts (Ministère de l’Agriculture, 2017a ; China Daily, 2017).
Le 10 avril 2017, le Conseil des Affaires d’État a publié des Orientations relatives à la création de régions fonctionnelles pour la production des grains et de régions protégées pour les grandes cultures, qui classent 60 millions d’hectares de terres cultivées dans les « régions fonctionnelles » dédiées à trois types de grains (blé, riz et maïs) et 15.9 millions d’hectares dans les « régions protégées » pour cinq types de cultures importantes (soja, coton, colza, sucre et caoutchouc naturel). Les régions « fonctionnelles » et « protégées » feront l’objet de contrôles stricts de l’utilisation des terres, d’investissements dans les infrastructures, de programmes d’aide et de nouveaux types d’activités agricoles. D’ici à 2020, les provinces devront avoir délimité les parcelles à inclure dans les régions « fonctionnelles » et « protégées » (Conseil des Affaires d’État, 2017c ; ministère de l’Agriculture, 2017b).
Pour répondre à l’augmentation des préoccupations environnementales, le 30 septembre 2017, le Bureau général du Comité central du Parti communiste chinois et le Bureau général du Conseil des Affaires d’État ont publié des lignes directrices conjointes sur le développement vert de l’agriculture, qui établissent des objectifs de préservation des ressources et de protection de l’environnement. Le document renforce l’objectif d’une croissance zéro de la quantité d’engrais chimiques et de pesticides utilisés dans les principales cultures d’ici à 2020, tout en prévenant l’exploitation excessive des eaux souterraines et en améliorant l’efficacité de l’irrigation (ministère de l’Agriculture, 2017c).
Avec l’objectif de réduire les émissions de GES d’origine agricole, le ministère de l’Agriculture a poursuivi ses plans de 2016-17 relatifs à la transformation génératrice de biogaz dans les régions rurales en publiant la Circulaire relative à l’inscription au budget de l’administration centrale du plan d’investissement dans les projets de production de biogaz à grande échelle. S’agissant de l’adaptation, plusieurs plans d’action ont été lancés, des mesures plus claires étant prévues pour 2018. À titre d’exemple, le ministère de l’Eau, en collaboration avec la CEDR et d’autres ministères concernés, a réalisé une évaluation des systèmes de gestion de l’eau et a publié le Plan d’action national pour la préservation des ressources en eau, qui aborde la question de la production agricole économe en eau. Dans un même temps, le ministère de l’Agriculture soutient des programmes pilotes d’irrigation à grande échelle économe en eau, de techniques de culture sèche et de démonstration intégrée d’un travail du sol favorable à la conservation des sols (CEDR, 2017b).
En décembre 2017, la Chine a lancé un système national d’échange de quotas d’émissions pour remplir ses engagements au titre de l’Accord de Paris sur le Climat. Le dispositif national de quotas d’émission cessibles visera à ce que les entreprises fortement émettrices achètent et vendent des crédits d’émission au-dessous d’une limite définie diminuant progressivement. La phase initiale ne s’applique qu’à la production d’électricité, quelque 1 700 entreprises étant incluses et couvrant plus de 3 milliards de tonnes d’émissions de carbone (représentant 37 % des émissions totales de la Chine). Le programme devrait être étendu peu de temps après à d’autres secteurs, notamment aux transformateurs agricoles. Toutefois, aucun calendrier officiel de l’intégration d’autres secteurs n’a encore été présenté. À l’échelon local et provincial, en fonction de la qualité de l’air de la région environnante, certaines installations industrielles, notamment les industriels de l’alimentation animale, les usines de production d’éthanol et autres transformateurs ont déjà été contraints de réduire leur capacité ou de fermer (Forbes, 2017 ; GAIN-CH18003, 2018).