Depuis le mouvement de protestation dit « du fromage blanc », en 2011, Israël a entrepris un certain nombre de réformes de sa politique agricole afin de faire baisser les prix à la consommation tout en continuant à soutenir le secteur. En 2016, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural et le ministère des Finances ont entrepris de nouvelles réformes en diminuant le soutien des prix du marché et en introduisant un mécanisme de paiements directs à l’élevage de bovins sur parcours et aux producteurs de produits laitiers (voir la partie sur les mesures commerciales).
Dans le cadre des actions menées par les pouvoirs publics pour réduire les contraintes réglementaires, en 2017, treize programmes ont été mis en place dans des secteurs qui relèvent de dix organes réglementaires différents, dont les services vétérinaires, l’autorité de planification, le conseil des produits laitiers et les services de protection phytosanitaire. Selon les pouvoirs publics, ces programmes devraient permettre d’économiser directement 135 millions ILS (37.5 millions USD) par an et, indirectement, 835 millions ILS (232 millions USD) par an.
En mai 2016, le comité mixte sur les prix (des ministères de l’Agriculture et des Finances) a examiné une proposition présentée par le ministère de l’Agriculture portant sur l’encadrement des marges dans la vente de fruits et de légumes, car il n’était pas exclu que les grands grossistes et détaillants utilisent leur pouvoir de marché pour faire monter les prix. Dans un premier temps, en 2017, le comité a demandé aux distributeurs et aux grossistes de communiquer au ministère de l’Agriculture des chiffres sur leurs coûts d’exploitation et de commercialisation sur la période 2015–17. En 2017, le comité avait évalué la rentabilité des principaux distributeurs de produits frais pour l’année 2015 ; il avait constaté des variations importantes de la rentabilité sans pour autant trouver des excès. En s’appuyant sur son analyse des chiffres de 2016, le comité réfléchira à l’intérêt d’une intervention telle que l’encadrement des prix ou de l’instauration d’autres mesures contraignantes.
Différentes initiatives ont été prises afin de favoriser la concurrence dans le commerce des produits horticoles frais et locaux et de faciliter l’accès des consommateurs à ces produits. Tout d’abord, le ministère de l’Agriculture a débloqué 20 millions ILS (5.5 millions USD), sur la période 2017-19, pour aider les collectivités locales à promouvoir et faciliter la vente directe de produits agricoles (marchés fermiers) sur leur territoire. Ce programme vise également à encourager la consommation de fruits et de légumes locaux, et à aider les exploitants individuels et indépendants à coopérer, afin d’accroître leurs revenus. Ensuite, les pouvoirs publics réalisent actuellement une analyse de l’impact des pratiques commerciales déloyales en vue d’améliorer les relations commerciales entre exploitants et distributeurs de fruits et de légumes frais. D’après les réponses reçues à une consultation menée en 2017 par les pouvoirs publics auprès des exploitants et de leurs représentants, il sera peut-être nécessaire de légiférer pour établir des règles favorisant des pratiques commerciales équitables. Enfin, en vue d’améliorer la transparence des prix dans la filière, les pouvoirs publics ont créé une application de téléphonie mobile qui informe les consommateurs du prix de gros des fruits et des légumes au jour le jour (USDA/FAS, 2017).
Les pouvoirs publics ont réaffirmé leur intérêt pour l’amélioration du bien-être animal et des performances sanitaires, environnementales et économiques du secteur de la production d’œufs. Des décisions prises en 2007 et 2010 n’ayant jamais été mises en application et un comité professionnel ayant formulé des recommandations en 2015, les pouvoirs publics ont décidé en 2017 de prendre de nouvelles mesures pour améliorer la situation dans ce secteur tout en faisant preuve d’une plus grande souplesse dans leur mise en œuvre, y compris par le biais d’une relocalisation des poulaillers. Trois cent quarante millions ILS (94.5 millions USD) ont ainsi été affectés au financement de la rénovation des infrastructures et des poulaillers, tandis que les améliorations attendues de l’efficience, liées à la modernisation des actifs et aux économies d’échelle, devraient faire baisser le prix des œufs de 0.05 ILS (0.01 USD). La réforme, qui est toujours en débat, se déroulerait de 2018 à 2022.
Les mesures visant à faire baisser les prix n’ont pas été mises en œuvre de façon cohérente pour tous les produits de base en 2017. Après quatre ans de recul persistant, en 2017, le prix garanti de certains produits de base a augmenté en moyenne : de 6 % pour le lait non transformé, de 0.3 % pour les œufs et de 1.7 % pour le blé. L’orientation du prix indicatif du lait dépend de l’évolution des coûts de production ; c’est ainsi que le prix intérieur à la production a fini par dépasser largement le prix international. Le lait a représenté 17 % de l’ensemble du soutien des prix du marché dont a bénéficié l’agriculture israélienne en 2017. Par conséquent, il contribue de façon importante au niveau relativement élevé du soutien apporté.
Confronté à une sécheresse qui dure depuis cinq ans et qui pourrait se prolonger, le Service des eaux a imposé de nouvelles restrictions dans la distribution de l’eau, en particulier dans le nord, ce qui réduira les volumes à la disposition de l’agriculture. En 2016, consécutivement à un manque de précipitations, la Haute Galilée et le plateau du Golan ont été déconnectés du réseau national d’alimentation en eau. En 2017, la situation s’est dégradée et afin d’empêcher que la qualité de l’eau du lac de Tibériade ne se détériore, cette région a été coupée du reste du pays à son tour. Par ailleurs, les prélèvements sur les cours d’eau qui alimentent le lac ont été restreints, tous usagers confondus. La quantité d’eau allouée à la région du lac Tibériade a été réduite de 8 %, et celle qui a été allouée à la Haute Galilée et au plateau du Golan l’a été de 25 % par rapport à l’année précédente. D’autres mesures de restriction seront mises en œuvre en 2018, pour la troisième année d’affilée, ce qui se traduira par une diminution de 36 % dans le Nord par rapport aux volumes attribués en 2015 et de 19 % dans la région du lac de Tibériade. Par ailleurs, une restriction, dont le volume reste à déterminer, s’appliquera également au réseau national d’eau dessalée, en raison d’une forte décrue des stocks d’eau souterraine. Les exploitants agricoles ont d’ores et déjà été prévenus de ces restrictions futures.
Parallèlement, les pouvoirs publics ont apporté des éclaircissements sur la réforme de la tarification de l’eau à usage agricole. En 2017, dans un souci d’équité, ils ont adopté une modification de la loi sur l’eau (« amendement de l’article 27 ») qui instaure un tarif forfaitaire et supprime la taxe sur les prélèvements d’eau douce à usage agricole. Par ailleurs, le Conseil du Service des eaux a publié les règles applicables à sa mise en œuvre. Ces dernières fixent les prix prévus et déterminent la méthode de calcul des « coûts normatifs », qui prend en compte le coût réel du pompage et de la distribution de l’eau, pour les producteurs qui s’approvisionnent auprès de sources indépendantes. Ces producteurs devront verser à l’entreprise nationale d’alimentation en eau, Mekorot, un droit correspondant à la différence entre ces coûts normatifs et un prix ramené graduellement à 1.81 ILS par mètre cube d’ici à juin 20191. Les producteurs situés dans des régions où il n’existe pas d’autres sources d’approvisionnement, à savoir la Haute Galilée, le Golan, la vallée du rift du Jourdain, la Judée et la Samarie, et la vallée du Jourdain — verseront 1.54 ILS (0.43 USD) par mètre cube à Mekorot à partir de juin 2019.
En 2017, la Direction des investissements du ministère de l’Agriculture a continué à soutenir et à encourager le traitement des déchets agricoles, afin d’en réduire l’impact sur l’environnement et sur la santé humaine. Le programme apporte un appui à la transformation des sous-produits de l’agriculture en produits recyclés utilisables ou en matières premières qui servent à la production d’énergie renouvelable. Par ailleurs, il soutient la réduction du transport de déchets vers les décharges. Il couvre la formation de capital fixe et propose d’aider financièrement les coopératives qui souhaitent construire de nouvelles installations de traitement sur leur terrain. Parmi les initiatives plus ciblées de la Direction des investissements, il convient de citer : la création d’installations de traitement des déchets animaux et végétaux (carcasses et déjections de volailles, poissons, ovins et porcins), dans le cadre d’un plan triennal doté de 20 millions ILS (5.6 millions USD) qui s’est achevé en 2017, mais qui sera renouvelé en 2018 ; un projet sur le traitement des résidus d’élagage (bois de taille), destiné à prévenir les dégâts engendrés par la production de charbon de bois, activité très dangereuse pour l’environnement, doté de 6 millions ILS (1.7 millions USD) sur une période de trois ans à partir de 2017 ; et la construction d’installations de traitement des effluents provenant des salles de traite de vaches laitières, pour un montant de 18 millions ILS (5 millions USD), sur une période de trois ans à partir de 2017.
Afin de favoriser une utilisation durable des ressources naturelles et de s’adapter à l’évolution des conditions climatiques, la Direction des investissements a lancé un programme pluriannuel (2018‑2020) doté de 45 millions ILS (12.5 millions USD), pour soutenir l’adoption de nouvelles technologies dans le domaine de l’agriculture de précision, comme les services d’information par satellite, l’imagerie par drone ou l’utilisation de capteurs pour la gestion de l’irrigation, de l’apport d’engrais, des traitements et de la croissance. Ce programme subventionne de nouvelles technologies et le développement de nouveaux services d’information.
Un montant de 1.5 million ILS (0.4 million USD) a également été alloué à des projets agro-environnementaux de portée régionale en faveur de pratiques agricoles qui diminuent les incidences négative de l’agriculture intensive sur les ressources naturelles ou qui favorisent les externalités positives et l’adaptation au changement climatique. Les sommes seront versées à quatre conseils régionaux pendant cinq ans (2017‑2021). Les projets sélectionnés seront administrés par les représentants des conseils régionaux, en collaboration avec les exploitants, les services de vulgarisation, les riverains, des écologues, des économistes et les experts du ministère de l’Agriculture et de la Direction de la nature et des parcs.
En collaboration avec le service météorologique israélien, le ministère de l’Agriculture collecte et analyse des données climatiques utiles à l’agriculture en Israël, avec pour objectif de fournir les outils nécessaires à l’évaluation des risques futurs. Ce programme, qui devrait s’achever au milieu de l’année 2019, s’intéresse à l’histoire du climat et fournit des prévisions, sur la période 2030‑2050, pour plus de 50 indicateurs climatiques essentiels dans les différentes filières de production agricole dans onze zones agroclimatiques d’Israël.
En 2017, la Direction de la protection et du drainage des terres du ministère de l’Agriculture a consacré environ 10 millions ILS (2.8 millions USD) à son programme de préservation des sols, qui vise à minimiser les processus de ruissellement et d’érosion. Pour 2018, le budget provisoire prévoit une augmentation de 20 % des ressources, pour continuer de favoriser la préservation des terres agricoles, mais aussi une meilleure gestion des eaux et des sols à l’appui de la lutte contre les inondations.