Les objectifs stratégiques de la politique agricole turque, définis dans le 10e Plan de développement (2014-18), consistent à mettre en place un secteur agricole compétitif à l’échelle mondiale et respectueux de l’environnement, et à assurer à la population turque une alimentation suffisante et équilibrée. Il met plus particulièrement l’accent sur la R-D, l’innovation, la croissance de la productivité, l’amélioration et le renforcement des infrastructures liées à la sécurité sanitaire des aliments, et l’accroissement de l’efficience d’utilisation de l’eau en agriculture. La Turquie procède actuellement à l’élaboration de son 11e Plan de développement (2019-23).
Faisant suite au précédent plan quinquennal, le Plan stratégique 2018-2022 du ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de l’Élevage a été établi dans le but de mettre en place un secteur agricole compétitif à l’échelle mondiale et respectueux de l’environnement, qui assure à la population une alimentation suffisante et équilibrée. Il met plus particulièrement l’accent sur la R-D, l’innovation, la croissance de la productivité, l’amélioration et le renforcement des infrastructures liées à la sécurité sanitaire des aliments, et l’accroissement de l’efficience d’utilisation de l’eau en agriculture.
Le Plan stratégique 2018-22 définit sept axes d’action dans le secteur agricole : i) production agricole et sécurité des approvisionnements ; ii) sécurité des aliments ; iii) protection phytosanitaire et zoosanitaire ; iv) infrastructures agricoles et développement rural ; v) gestion des ressources halieutiques et aquacoles ; vi) recherche-développement ; et vii) renforcement des capacités institutionnelles. À ces sept domaines vient s’ajouter l’amélioration des statistiques agricoles, qui s’inscrit également dans le processus d’harmonisation avec l’Union européenne.
Des droits de douane à l’importation, complétés par des prix d’achat fixes pour les céréales et la betterave sucrière, viennent soutenir la production intérieure. Des subventions à l’exportation s’appliquent à divers produits, dont les fruits et légumes transformés, la viande de volaille et les œufs. Ces subventions sont accordées aux exportateurs sous forme de réduction des sommes dues aux organismes publics (au titre des taxes, des télécommunications et ou de la consommation énergétique, par exemple) (OMC, 2016). Des quotas de production de betterave sucrière sont appliqués au niveau des exploitations.
Des paiements compensatoires (« primes ») sont accordés pour les produits dont l’offre intérieure est insuffisante. Ils couvrent la différence entre le prix de marché et le prix indicatif, calculé en fonction des coûts de production et de commercialisation. Ces paiements ont été instaurés d’abord pour les oléagineux, l’huile d’olive et le coton en 2002, puis pour le thé (2004), les céréales et le paddy (2005), et les légumes secs (2008).
Les producteurs de noisettes perçoivent des paiements au titre de la superficie. Des paiements analogues sont accordés aussi pour les cultures fourragères, l’agriculture biologique, les bonnes pratiques agricoles, les semences certifiées, et l’utilisation de carburants et d’engrais. Les revenus de la plupart des agriculteurs sont inférieurs au seuil minimum imposable et ne sont donc pas soumis à l’impôt sur le revenu.
Les paiements basés sur l’utilisation des intrants revêtent essentiellement la forme de bonifications d’intérêts et de paiements destinés à améliorer les races animales et à accroître la capacité de production des exploitations (nivellement des parcelles, drainage, amélioration et protection des sols, et remembrement, par exemple). Les exploitants et les entreprises agricoles peuvent obtenir des prêts à des taux préférentiels accordés par la banque Ziraat (TCZB) et les coopératives de crédit agricoles. Les bonifications d’intérêt varient selon le type d’activité (élevage de bétail, irrigation, agriculture biologique et bonnes pratiques agricoles).
Diverses réglementations régissent la pollution de l’eau et des sols et assurent la protection des zones humides. Les paiements pour la conservation des sols ont vocation à protéger leur qualité et assurer la durabilité des ressources naturelles des terres agricoles. Les autorités jouent un rôle majeur en termes d’investissement dans les infrastructures, d’irrigation en particulier, notamment dans le cadre des projets portant sur l’Anatolie du Sud-Est et la plaine de Konya.
La Turquie, qui a supprimé deux offices de commercialisation de produits agricoles (voir ci-après), en conserve deux : l’Office des céréales, et l’Office de la viande et du lait. Si leur influence sur la commercialisation a diminué, ces offices assurent cependant un soutien des prix par l’achat de produits agricoles et la constitution de stocks. Ils versent également des subventions, achètent et fournissent des intrants aux agriculteurs, et sont impliqués dans l’importation et l’exportation des produits agricoles (OCDE, 2011).
Le Plan d’action du Programme pour l’amélioration de l’efficience d’utilisation de l’eau en agriculture, lancé en 2015, fait de la modernisation de l’infrastructure d’irrigation une priorité, en développant l’adoption de mesures d’économie d’eau par les agriculteurs à l’aide de programmes de formation et de vulgarisation, en revoyant les mesures de soutien en fonction de la rareté de l’eau et en améliorant la gouvernance de la politique de l’eau. Le plan vise à réduire l’utilisation des eaux souterraines et à développer le recours aux technologies d’irrigation économes en eau.
En ce qui concerne le développement rural, une nouvelle stratégie nationale a été établie dans ce domaine en 2014. Le soutien actuel aux projets de développement rural prévoit un cofinancement avec les bénéficiaires de façon à mobiliser les ressources du secteur privé. Les investissements publics visant à améliorer l’infrastructure agricole se sont accélérés afin de stimuler la production et d’accroître la compétitivité du secteur. Le ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de l’Élevage a également augmenté le niveau de financement des projets de TI pour améliorer la collecte de données ainsi que le réseau de suivi et son efficacité, et développer la traçabilité dans le secteur.
Depuis le milieu des années 2000, des cadres d’action spécifiques au développement rural ont été mis au point dans le cadre des efforts de la Turquie pour se conformer à l’acquis de l’UE. La première Stratégie nationale de développement rural, pour 2007-13, a été adoptée en 2006 pour servir de fondement à l’instrument d’aide de préadhésion de l’UE consacré au développement rural (IPARD-I). Cet instrument vise à répondre aux besoins des pays lors de la période de préadhésion dans le domaine du développement rural. Dans le cadre du programme IPARD-I, un total de 1.2 milliard EUR (1.3 milliard USD) de contributions publiques a été versé aux projets de développement rural fin décembre 2016. Pour 2014-20, la Turquie a lancé son programme IPARD-II en le dotant d’un budget de 1.04 milliard EUR (1.27 milliard USD).