La façon dont les individus évaluent leur propre santé donne un aperçu global de la santé physique et mentale. Ce point de vue sur la qualité de vie complète les indicateurs d’espérance de vie et de mortalité, qui mesurent uniquement le taux de survie. Par ailleurs, malgré son caractère subjectif, l’état de santé perçu est généralement un indicateur prévisionnel fiable de la mortalité et des besoins en matière de soins futurs (Palladino et al., 2016[24]).
La plupart des pays de l’OCDE mènent des enquêtes périodiques qui demandent notamment aux personnes interrogées d’évaluer leur état de santé général. Les différences socioculturelles entre pays peuvent compliquer les comparaisons internationales de l’état de santé perçu. Les différentes façons de formuler les questions, notamment en ce qui concerne l’échelle utilisée, peuvent aussi compromettre la comparabilité des réponses. Enfin, comme les personnes âgées déclarent généralement un état de santé moins satisfaisant et un plus grand nombre de maladies chroniques que les jeunes, les pays où elles représentent une proportion plus importante de la population sont susceptibles de compter moins de personnes se déclarant en bonne santé.
Ces réserves étant faites, près de 9 % des adultes s’estimaient en mauvaise santé, en moyenne, dans l’OCDE, en 2019 (Graphique 3.22). Ce pourcentage va de plus de 15 % en Corée, en Lituanie, au Portugal et en Lettonie à moins de 4 % en Colombie, en Nouvelle‑Zélande, au Canada, en Irlande aux États-Unis et en Australie. Toutefois, les catégories de réponse proposées dans les pays de l’OCDE autres qu’européens et asiatiques présentent une asymétrie positive, ce qui introduit un biais de comparaison rendant l’autoévaluation de la santé plus positive (voir l’encadré « Définition et comparabilité »). La Corée, le Japon et le Portugal présentent des taux d’espérance de vie particulièrement élevés, mais une assez forte proportion de personnes se déclarant en mauvaise santé.
Parmi les quelques pays pour lesquels des données sont disponibles pour 2020, presque tous ont fait état d’une réduction de la part de la population déclarant être en mauvaise ou très mauvaise santé par rapport à 2019, la Finlande n’ayant signalé aucun changement, et aucun pays n’ayant fait état d’une augmentation. Si les données doivent être interprétées avec prudence – les données ne sont disponibles que pour sept pays, dont certains où la pandémie de COVID‑19 n’a pas mis à rude épreuve le système de santé – elles peuvent toutefois indiquer l’influence du contexte sur la santé perçue : en effet, l’importance de problèmes de santé qui auraient pu être considérés auparavant comme plus graves peut être minimisée dans le contexte de la pandémie.
Dans tous les pays de l’OCDE, les personnes à faible revenu jugent en moyenne moins favorablement leur état de santé que les personnes à revenu élevé (Graphique 3.23). En moyenne, dans les pays de l’OCDE, près de 80 % des adultes du quintile supérieur de revenu se déclaraient en bonne ou très bonne santé, en 2019, contre moins de 60 % de ceux du quintile inférieur. Les disparités économiques sont particulièrement prononcées en Lettonie, en Estonie, en République tchèque et en Lituanie, avec un écart de 40 points de pourcentage ou plus entre revenus faibles et élevés. Celles-ci tiennent probablement en grande partie à des différences de comportement (tabagisme, consommation nocive d’alcool, et autres facteurs de risques). Les disparités socioéconomiques sont relativement faibles en Australie, en Colombie, en Grèce, en Israël et en Italie, s’établissant à moins de 10 points de pourcentage.
L’état de santé perçu tend à diminuer avec l’âge. Dans de nombreux pays, ce déclin est particulièrement marqué à compter de 45 ans, et s’accentue à l’âge de la retraite. Les hommes sont par ailleurs plus susceptibles que les femmes de s’estimer en bonne santé.