En 2019, les dépenses en produits pharmaceutiques au détail (c’est-à-dire à l’exclusion de ceux utilisés durant une hospitalisation) représentaient un sixième des dépenses de santé globales dans les pays de l’OCDE. Elles constituent le troisième poste des dépenses de santé après les soins hospitaliers et ambulatoires.
Dans la zone OCDE, les régimes d’assurance publics et obligatoires ont pris en charge la plus grande part des coûts liés aux produits pharmaceutiques au détail, couvrant 56 % du total des dépenses (Graphique 9.1). Dans des pays comme l’Allemagne et la France, cette part était même supérieure, plus de 80 % des coûts totaux étant pris en charge par ces régimes. De leur côté, les régimes d’assurance maladie volontaire couvraient une part relativement faible, qui ne s’élève qu’à environ 3 %. Certains pays font cependant exception, comme la Slovénie et le Canada, où près d’un tiers des dépenses pharmaceutiques sont couvertes par l’assurance privée. L’autre source importante de financement est constituée par les paiements directs des ménages (y compris la participation aux coûts des médicaments remboursés). Ils représentent en moyenne 41 % des dépenses pharmaceutiques totales, avec des niveaux bien plus élevés dans des pays comme la Pologne et la Lettonie où les dépenses directes représentent près des deux tiers du total.
De nombreux facteurs influent sur le niveau des dépenses par habitant relatives aux produits pharmaceutiques au détail, notamment la répartition, la prescription et la délivrance ; les politiques de prix et d’approvisionnement ; et les habitudes de consommation quant aux nouveaux médicaments et aux médicaments génériques. En 2019, les dépenses de produits pharmaceutiques au détail dans les pays de l’OCDE s’établissaient en moyenne à 571 USD par personne, ajustés des différences de pouvoir d’achat (Graphique 9.2). Les dépenses aux États-Unis sont plus de deux fois plus élevées que la moyenne, tandis que pour la majorité des pays l’écart par rapport à la moyenne se situe dans une plage de ±15 %. Les dépenses par habitant étaient les plus faibles au Mexique et au Costa Rica, à moins de la moitié de la moyenne de l’OCDE.
Les dépenses pharmaceutiques sont divisées en deux composantes majeures : les médicaments sur ordonnance et les produits en vente libre (voir l’encadré Définition et comparabilité). En 2019 dans l’OCDE, les médicaments sur ordonnance représentaient 79 % des dépenses, et les produits en vente libre les 21 % restants. Cette répartition reflète les spécificités propres à chaque pays en matière de couverture des médicaments sur ordonnance, ainsi qu’en matière de prix et de disponibilité des différents médicaments. La Pologne était le seul pays membre de l’OCDE où les dépenses consacrées aux produits en vente libre étaient supérieures à celles pour les médicaments sur ordonnance. Au Royaume‑Uni et en Australie, les dépenses consacrées aux produits en vente libre représentaient un tiers des dépenses pharmaceutiques totales, tandis qu’au Canada et en France les dépenses relatives aux médicaments sur ordonnance représentent 90 % du total.
Suite aux fluctuations observées au cours de la dernière décennie, les dépenses relatives aux produits pharmaceutiques au détail ont eu tendance à augmenter de nouveau dans la zone OCDE ces dernières années (voir l’indicateur « Dépenses de santé par type de service » au chapitre 7). La baisse de 2009 à 2013 était due à la mise en place de diverses mesures de maîtrise des coûts : déremboursement de certains produits, réduction des prix des fabricants et de la marge des pharmaciens et grossistes, et introduction ou augmentation de la participation financière demandée aux patients pour les médicaments sur ordonnance vendus en pharmacie (Belloni, Morgan et Paris, 2016[1]). Les données provisoires pour 2020 dans un petit nombre de pays suggèrent une croissance sensible des dépenses consacrées aux médicaments sur ordonnance par rapport à 2019 ; ceci pourrait provenir d’achats anticipés de médicaments pour les maladies chroniques, en particulier au début de la pandémie de COVID‑19.
L’analyse des seules dépenses de produits pharmaceutiques au détail ne donne qu’une image partielle du coût des produits pharmaceutiques dans le système de santé. Les dépenses dans le secteur hospitalier peuvent aussi être importantes – elles représentent généralement 20 % de dépenses en plus. Ces dix dernières années, les dépenses pharmaceutiques hospitalières ont sensiblement augmenté, en partie en raison de l’apparition de nouveaux traitements très coûteux, essentiellement dans les domaines de l’oncologie et de l’immunologie. Comme l’indique le Graphique 9.3, les dépenses hospitalières en produits pharmaceutiques ont augmenté plus rapidement que celles des médicaments au détail, les plus fortes croissances étant relevées en Islande et en Espagne. Les dépenses liées aux produits pharmaceutiques vendus au détail ont diminué dans des pays comme la Grèce et le Portugal. Cette forte diminution observée en Grèce est probablement liée à l’adoption de mesures de lutte contre le gaspillage de médicaments au lendemain de la crise financière de 2008.