La consommation de produits pharmaceutiques augmente depuis plusieurs décennies, à la fois sous l’effet de la demande croissante de médicaments destinés à traiter les maladies liées à l’âge et les affections chroniques, et sous celui de l’évolution de la pratique clinique. La présente section examine la consommation de quatre catégories de produits pharmaceutiques utilisés pour certaines affections chroniques : les antihypertenseurs, les agents modifiants les lipides (comme les hypocholestérolémiants), les agents antidiabétiques et les antidépresseurs (Graphique 9.6). Ces médicaments soignent des pathologies dont la prévalence a sensiblement augmenté dans les pays de l’OCDE ces dernières décennies.
La consommation d’antihypertenseurs dans les pays de l’OCDE a augmenté en moyenne de 65 % entre 2000 et 2019, et presque quadruplé au Costa Rica et en Estonie. Elle est restée la plus élevée en Allemagne et en Hongrie, où elle était presque cinq fois plus forte qu’en Corée. Ces variations reflètent vraisemblablement les différences à la fois dans la prévalence de l’hypertension et dans les pratiques cliniques.
L’utilisation d’agents modifiants les lipides a encore plus augmenté dans les pays de l’OCDE entre 2000 et 2019, où elle a presque quadruplé. Le Royaume‑Uni, le Danemark, la Norvège et la Belgique ont fait état des plus hauts niveaux de consommation par habitant en 2019, niveaux qui varient d’un à six entre les pays de l’OCDE.
L’utilisation de médicaments antidiabétiques a également considérablement augmenté : elle a doublé au cours de la même période. Cette hausse peut s’expliquer en partie par la prévalence croissante du diabète, qui est liée dans une large mesure à l’augmentation de celle de l’obésité (voir l’indicateur « Surcharge pondérale et obésité » au chapitre 4), qui est un facteur de risque majeur pour le développement du diabète de type 2. En 2019, la consommation de médicaments antidiabétiques allait du simple au double entre l’Autriche, le Chili et la Lettonie, où elle était la plus basse, et la Finlande, où elle était la plus élevée.
La consommation d’antidépresseurs a plus que doublé dans les pays de l’OCDE entre 2000 et 2019. Cela peut indiquer une meilleure reconnaissance de la dépression, la disponibilité de thérapies, l’évolution des recommandations pour la pratique clinique ou un changement d’attitude des patients et des professionnels (Mars et al., 2017[5]). Toutefois, les variations entre pays sont très nettes, l’Islande faisant état du plus haut niveau de consommation en 2019, lequel est huit fois plus élevé qu’en Lettonie.
L’analyse préliminaire des données de 2020 provenant d’un sous-ensemble de pays de l’OCDE montre que la consommation des produits pharmaceutiques des catégories précitées est restée stable ou a même augmenté par rapport à 2019, ce qui laisse penser que l’accès aux médicaments contre les maladies chroniques a été maintenu durant la pandémie. Cette situation découle en partie de la mise en œuvre par les pharmaciens de mesures en faveur de la continuité de l’accès aux traitements pour les patients atteints de maladies chroniques (voir par exemple l’indicateur « Pharmaciens et pharmacies »). Une autre raison possible pourrait être l’utilisation accrue des services de soins de santé en ligne (voir l’indicateur « Santé numérique » dans le chapitre 5), notamment les prescriptions en ligne ou par téléphone. Ainsi, mi‑2020, environ 47 % des adultes dans 22 pays de l’UE membres de l’OCDE avaient bénéficié d’une prescription en ligne ou par téléphone depuis le début de la pandémie, une proportion qui a augmenté de 12 % début 2021 selon l’enquête Eurofound (Eurofound, 2021[6]). Les pays dans lesquels la hausse des prescriptions en ligne et par téléphone est la plus marquée entre mi‑2020 et début 2021, comme la Grèce et le Portugal, font également état d’une hausse de la consommation de produits pharmaceutiques entre 2019 et 2020.