La consommation d’alcool est une cause majeure de mortalité et d’invalidité dans le monde, en particulier chez la population d’âge actif. Une consommation élevée d’alcool est un facteur de risque considérable pour les maladies cardiaques et les AVC, les cirrhoses et certains cancers, mais, même modérée ou faible, elle n’en accentue pas moins les risques à long terme. L’alcool est, en outre, derrière bien plus d’accidents de la route, de violences, d’homicides, de suicides et de troubles mentaux que n’importe quelle autre substance psychoactive, et ce chez les jeunes en particulier. Les maladies et les dommages qu’il cause coûtent cher à la société. L’espérance de vie est inférieure de près d’un an, en moyenne, dans les pays de l’OCDE, à ce qu’elle serait si sa consommation y était moindre. Le traitement des maladies et blessures liés à l'alcool représente globalement 2.4 % des dépenses de santé – voire beaucoup plus dans certains pays (OCDE, 2021[10]). La pandémie de COVID‑19 et les mesures qui ont été prises par les États pour y faire face et limiter les déplacements ont eu un impact sur les modes et lieux de consommation. Quelques-uns des problèmes liés à l’alcoolisation nocive ont été aggravés par la crise, ainsi le fait de boire avec excès pour gérer le stress ou les violences domestiques (OCDE, 2021[11]).
La consommation globale d’alcool, mesurée par le volume des ventes, a été en moyenne de 8.7 litres par personne dans les pays de l’OCDE en 2019, et accuse donc un recul par rapport aux 9.1 litres de 2009 (Graphique 4.3). La Lettonie arrive en tête (avec 12.9 litres), suivie de la République tchèque, de l’Autriche, de la France, de la Hongrie, de la Lituanie et de la Slovénie, tous à plus de 11 litres par personne. La population est comparativement plus sobre en Turquie, en Israël, au Costa Rica, en Colombie et au Mexique (moins de 5 litres par personne). Parmi les pays partenaires, la consommation est relativement élevée en Russie (10.8 litres), et faible en Indonésie, en Inde et en Chine (moins de 5 litres). La consommation moyenne a reculé dans 29 pays de l’OCDE entre 2009 et 2019, les baisses les plus fortes (de l’ordre de 2 litres) étant observées en Lituanie et en Grèce. Elle a aussi notablement diminué en Russie (de 5 litres). Elle a en revanche augmenté de plus de 3 litres par personne en Lettonie, et de plus de 0.5 litre en Inde, en Pologne, en Slovénie et en Espagne. Au moment de la rédaction du présent rapport, cinq pays de l’OCDE avaient communiqué le volume global d’alcool consommé en 2020. Quatre d’entre eux ne font état d’aucune variation significative à cet égard par rapport aux trois années précédentes, tandis que la Norvège a enregistré une augmentation de 18 % (de 6.1 litres en 2019 à 7 litres en 2020).
Si les données nationales sur la consommation globale d’alcool par habitant constituent un bon indicateur des évolutions à long terme, elles ne permettent pas pour autant d’identifier les sous-groupes de la population susceptibles d’adopter des conduites nocives. L’alcool est consommé de façon disproportionnée par une minorité d’individus. Les gros buveurs en effet représentent entre 4 % et 14 % des consommateurs, selon les pays, mais entre 31 % et 54 % de la consommation totale (Graphique 4.4). Au Canada, par exemple, 6 % des personnes qui boivent comptent pour 34 % de l’alcool consommé.
Il existe de franches disparités dans les modes de consommation d’alcool. Dans pratiquement tous les pays, les personnes ayant un niveau d’études élevé (ainsi les diplômés de l’enseignement supérieur, ceux qui ont fréquenté l’université) ont plus de chances d’appartenir à la catégorie des buveurs hebdomadaires (Graphique 4.5). Cette relation s’observe de façon bien plus nette chez les femmes que chez les hommes. En moyenne, dans 25 pays de l’OCDE, les femmes diplômées de l’enseignement supérieur sont 82 % plus susceptibles de boire chaque semaine que celles qui ont un niveau d’études peu élevé. En Lettonie, la probabilité est trois fois plus forte pour les premières que pour les secondes. L’écart entre les deux groupes est moindre chez les hommes : 26 %. En République slovaque, en Lituanie, au Mexique et au Portugal, ce sont au contraire les hommes ayant un niveau d’études peu élevé qui sont plus enclins à consommer de l’alcool chaque semaine. La relation positive entre fréquence de consommation et niveau d’études a une explication essentiellement économique : l’alcool est plus accessible financièrement aux personnes instruites et relativement bien rémunérées. Si l’on regarde en revanche les dégâts causés par l’alcool, le gradient social révèle une tout autre forme d’inégalité. Les problèmes liés à la consommation nocive sont en effet plus répandues parmi les groupes socioéconomiques les moins favorisés.
La lutte contre les dangers de l’alcool fait appel à la fois à des mesures de portée générale et à des mesures visant les consommateurs excessifs. Des trains de mesures exhaustifs s’appuyant sur une approche de type « PPPP » (politiques de Prix visant en particulier l’alcool bon marché, actions des services de Police pour lutter contre la conduite en état d’ivresse, services de soins Primaires à l’écoute des consommateurs à risques, Protection des enfants contre la promotion de l’alcool) sont un moyen efficace et rentable de combattre la consommation nocive d’alcool (OCDE, 2021[10]).