Pour fournir des soins sûrs, efficaces, adaptés et centrés sur le patient, qui soient également rentables et accessibles, il faut que les décideurs, qu’il s’agisse de patients, de professionnels de santé, de gestionnaires ou de scientifiques, disposent de données et d’informations précises et actualisées sur la santé (OCDE, 2019[12]). Lorsque les données et les informations sur la santé sont compréhensibles et valables pour un éventail d’utilisations et d’utilisateurs, de nouveaux services et applications numériques de santé deviennent possibles. De la télésanté à l’intelligence artificielle, les nouveaux services de santé numériques peuvent permettre d’améliorer l’accès aux soins de santé et d’accroître la satisfaction des patients, notamment de ceux qui ont le plus de difficultés à accéder aux services de soins classique en présentiel (p. ex., les patients vivant en milieu rural). Une transformation numérique des soins de santé est en cours dans les pays de l’OCDE, accélérée par la pandémie de COVID‑19 et impulsée par le passage au numérique des infrastructures d’information ainsi que par la demande croissante des patients.
De nombreux pays de l’OCDE mettent en place des dossiers médicaux électroniques (DME) dans les hôpitaux ou les cabinets médicaux pour leurs patients (Oderkirk, 2021[13]). En 2021, en moyenne 93 % des cabinets de soins primaires auront recours aux DME dans 24 pays de l’OCDE (Graphique 5.13). Dans 16 pays de l’OCDE, tous les cabinets de soins primaires ont adopté les DME, alors qu’au Japon, seulement 42 % les utilisent. La proportion de cabinets de soins primaires ayant recours aux DME a augmenté au fil du temps dans la plupart des pays participant à cette enquête de l’OCDE. En 2012, une moyenne de 70 % des cabinets de soins primaires avaient recours aux DME (la composition des pays participants diffère d’une année à l’autre). Parmi les pays où la proportion de cabinets médicaux ayant recours aux DME a au moins doublé depuis 2012 figurent le Canada, le Danemark et le Japon.
En 2021, dans 16 pays de l’OCDE sur 26, la plupart des patients peuvent avoir accès à un portail Internet leur permettant de consulter les informations figurant dans leur DME. Dans 11 pays de l’OCDE, la plupart des patients peuvent également interagir avec leur dossier (p. ex., en modifiant des informations, en ajoutant des données à partir d’appareils ou d’applis ou en communiquant des résultats, des expériences ou des incidents cliniques). Environ la moitié des pays mettent les patients en relation avec leurs prestataires de santé par l’intermédiaire d’un portail dédié qui facilite les téléconsultations (13 pays), la vidéoconférence (12 pays) et l’échange de courriers électroniques ou de SMS sécurisés (11 pays). Sept pays utilisent également le portail pour mener des enquêtes sur les expériences des patients et les résultats communiqués par les patients.
La consultation des personnes en ce qui concerne leurs soins et le fait de leur donner accès à toutes les informations ayant trait à leur santé sont des dimensions essentielles des systèmes de santé centrés sur la personne. Tant les patients que les prestataires de soins s’intéressent de plus en plus à l’utilisation d’outils numériques, les uns pour améliorer leur santé, les autres pour aider leurs patients à dialoguer avec les systèmes de santé. En moyenne dans 30 pays de l’OCDE, en 2020, 59 % des personnes âgées de 16 à 74 ans ont utilisé l’Internet pour rechercher des informations sur la santé au cours des trois mois précédant l’enquête, contre 36 % en 2010 (Graphique 5.14). Cependant, des différences démographiques et socio‑économiques significatives ont été observées quant à la recherche d’informations sur la santé en ligne (Oliveira Hashiguchi, 2020[10]). Ainsi, les adultes d’un certain âge, les personnes ayant un niveau d’études peu élevé et celles appartenant aux ménages à faibles revenus avaient moins de probabilités de rechercher des informations sur la santé en ligne. Les connaissances en matière de santé et la culture numérique en matière de santé sont cruciales pour faire en sorte que la transformation numérique ne laisse aucun patient de côté.
Avec l’apparition de la pandémie de COVID‑19, et les restrictions de mobilité, de travail et d’interactions sociales qui en ont résulté, un nombre bien plus important de personnes n’ont pas pu bénéficier de conseils médicaux en présentiel. En 2019, avant la pandémie, les consultations à distance par téléphone ou vidéo représentaient moins de 10 % des consultations en Australie, en Finlande, en Lituanie, en Norvège et en Slovénie. C’est au Danemark que la part des consultations à distance était la plus élevée avant la pandémie (45 %). Dès le début de la pandémie, la proportion d’adultes ayant déclaré avoir eu une consultation médicale en ligne ou par téléphone a augmenté de façon spectaculaire : à la mi‑2020, près d’un adulte sur trois avait eu recours à une consultation à distance, une proportion qui est passée à près d’un sur deux au début de l’année 2021 (Graphique 5.15). Les pays où le recours aux consultations à distance était le plus élevé en juin 2020 ont également enregistré des taux de croissance plus élevés entre juin 2020 et janvier 2021, ce qui indique une divergence croissante.