Le pourcentage d’individus qui, parmi une population donnée, bénéficient de la prise en charge d’un éventail de services de base donne une première idée de l’accès aux soins et de la protection financière offerte. Cependant, il ne s’agit que d’une mesure partielle de l’accès et de la couverture. La couverture sanitaire universelle dépend également de la gamme de services pris en charge et du degré de participation des patients à leur coût. Les services doivent également être d’une qualité suffisante. Les indicateurs du présent chapitre portent sur l’accès en matière de faisabilité financière, de disponibilité et d’utilisation des services de soins de santé, tandis que le chapitre 6 fournit des indicateurs sur la qualité et les résultats des soins.
La plupart des pays de l’OCDE ont mis en place une couverture universelle (ou quasi‑universelle) pour un éventail de services de base qui comprennent d’ordinaire les consultations médicales, les tests et examens, et les soins hospitaliers (Graphique 5.1). Les systèmes nationaux de santé ou l’assurance maladie sociale sont généralement les dispositifs de financement permettant d’atteindre la couverture sanitaire universelle. Quelques pays (les Pays-Bas et la Suisse) sont parvenus à cet objectif au moyen de régimes d’assurance maladie privés obligatoires – accompagnés de subventions publiques et d’un cadre juridique fixant l’étendue et le niveau de la couverture.
Le taux de couverture des services de base en 2019 reste inférieur à 95 % de la population dans sept pays de l’OCDE, des niveaux inférieurs à 90 % étant observés au Mexique et aux États-Unis. Le Mexique a élargi sa couverture depuis 2004, mais des lacunes subsistent (OCDE, 2016[1]). Aux États-Unis, les personnes non assurées sont généralement des adultes en âge de travailler, ayant un faible niveau d’études ou de revenu. Leur part dans la population a fortement diminué, passant d’environ 13 %, en 2013, à 9 %, en 2015 (United States Census Bureau, 2018[2]), mais demeure relativement stable depuis. En Irlande, bien que la couverture soit universelle, moins de la moitié de la population bénéficie d’une prise en charge pour les consultations chez le médecin généraliste. Les récentes propositions de réforme tendent à montrer un déploiement progressif de la prise en charge des soins primaires à l’ensemble de la population (OCDE/Observatoire européen des systèmes et des politiques de santé, 2019[3]).
Au-delà des taux de couverture de la population, la satisfaction à l’égard de la disponibilité de services de santé de qualité permet de se faire une idée plus précise de la prise en charge effective. Le Gallup World Poll permet le recueil de données sur la satisfaction des citoyens en matière de santé et à l’égard d’autres services publics dans le monde entier. Si les facteurs contextuels et culturels influent sur les réponses à l’enquête, le sondage permet de comparer les opinions des citoyens sur la base de la même question d’enquête. La satisfaction à l’égard de la disponibilité de services de santé de qualité était en moyenne de 71 % dans 37 pays de l’OCDE en 2020. Les citoyens de Norvège (93 %), de Belgique et des Pays-Bas (92 % chacun) avaient le plus de probabilité d’être satisfaits, tandis que ceux de Pologne (26 %), de Grèce (38 %) et du Chili (39 %) avaient le moins de probabilité d’être satisfaits (Graphique 5.2).
Les habitants de certains pays peuvent souscrire s’ils le souhaitent une assurance maladie additionnelle auprès d’un prestataire privé. Celle‑ci peut couvrir tous les frais non pris en charge par la couverture de base (assurance complémentaire), s’étendre à d’autres services (assurance supplémentaire) ou permettre un accès plus rapide aux soins ou un choix plus large de prestataires (assurance duplicative). Parmi les 22 pays de l’OCDE disposant de données comparables récentes, sept disposaient d’une assurance additionnelle privée pour plus de la moitié de la population en 2019 (Graphique 5.3). L’assurance complémentaire qui couvre les dépenses laissées à la charge des patients est largement répandue en Slovénie et en Corée (environ 70 % de la population). Israël et les Pays-Bas représentaient le plus vaste marché de l’assurance supplémentaire (plus de 80 % de la population), l’assurance privée y prenant en charge le coût des soins dentaires, des consultations de physiothérapie, de certains médicaments délivrés sur ordonnance et de divers actes qui ne sont pas remboursés par le régime public. C’est en Irlande et en Australie que l’assurance maladie duplicative était la plus développée. Aux États-Unis, 10 % de la population bénéficiait d’une assurance maladie privée complémentaire. Il faut compter également que 53 % des habitants avaient une couverture maladie primaire privée.
Au cours de la dernière décennie, la population couverte par une assurance maladie privée additionnelle a augmenté, quoique de manière souvent marginale, dans 20 pays de l’OCDE sur 25 présentant des données comparables. Les augmentations les plus notables ont été observées en Corée (+20 % de la population totale). Plusieurs facteurs déterminent l’évolution de l’assurance maladie privée additionnelle, en particulier l’ampleur du déficit d’accès aux services financés sur fonds publics et les interventions des pouvoirs publics visant les marchés de l’assurance maladie privée.