Le nombre de lits d’hôpital donne une indication des ressources disponibles pour fournir des services aux patients hospitalisés. La pandémie de COVID‑19 a mis en évidence la nécessité de disposer d’un nombre suffisant de lits d’hôpital et de faire preuve d’une capacité d’adaptation s’agissant de leur utilisation afin de faire face à la hausse inattendue de la demande de soins intensifs, et de disposer d’un nombre suffisant de médecins et d’infirmiers dotés des compétences nécessaires pour fournir les services requis (OCDE/Union européenne, 2020[14]). Néanmoins, un excédent de lits d’hôpital peut entraîner une suroccupation des lits et donc des coûts, notamment en ce qui concerne les patients dont l’état ne s’améliore pas grâce aux soins intensifs (Phua, Hashmi et Haniffa, 2020[15]). Par conséquent, si les décideurs doivent veiller à ce que la capacité en lits d’hôpital soit suffisante pour assurer la résilience, il convient également de prendre en compte les aspects relatifs à la rentabilité de l’utilisation des ressources.
En 2019, on recensait en moyenne 4.4 lits d’hôpital pour 1 000 personnes dans les pays de l’OCDE (Graphique 5.16). Au Japon et en Corée, ce chiffre était nettement supérieur (12.8 et 12.4 pour 1 000 habitants respectivement). Plus de la moitié des pays de l’OCDE déclaraient entre trois et huit lits pour 1 000 personnes, les taux les plus bas étant observés en Colombie, au Costa Rica et au Mexique. Parmi les pays partenaires de l’OCDE, l’Inde et l’Indonésie comptaient également relativement peu de lits.
Depuis 2009, le nombre de lits par habitant a diminué dans quasiment tous les pays de l’OCDE. La réduction la plus importante a été observée en Finlande, avec une chute de plus de 50 % touchant essentiellement les lits de soins de longue durée et les lits de soins psychiatriques. La Lettonie, le Luxembourg, la Norvège et les Pays-Bas ont réduit leur capacité d’un lit ou plus pour 1 000 habitants. Cette diminution est en partie imputable aux progrès des technologies médicales, qui ont permis d’accroître le nombre de chirurgies ambulatoires, mais elle s’inscrit aussi dans une stratégie plus vaste de réduction du nombre d’hospitalisations. En revanche, le nombre de lits a fortement augmenté en Corée (+52 %), où ils sont pour une part substantielle affectés aux soins de longue durée.
Les taux d’occupation des lits d’hôpital constituent des informations complémentaires permettant d’évaluer la capacité des hôpitaux. Un taux d’occupation élevé des lits de soins curatifs (aigus) peut être symptomatique d’un système de santé sous pression. Une certaine capacité de lits excédentaire est nécessaire pour absorber les hausses inattendues du nombre de patients ayant besoin d’une hospitalisation. Bien qu’il n’existe pas de consensus général sur le taux d’occupation « optimal », un taux d’occupation d’environ 85 % est souvent considéré comme un maximum pour réduire le risque de pénurie de lits (NICE, 2018[16]). En 2019, le taux d’occupation des lits était supérieur à 85 % dans quatre des 27 pays de l’OCDE ayant des données comparables : Canada, Israël, Irlande et Costa Rica (Graphique 5.17). Le taux d’occupation était comparativement bas aux États-Unis, en Hongrie et aux Pays-Bas (moins de 65 %). En 2019, il s’élevait à 70‑80 % dans la moitié des pays de l’OCDE environ, et la moyenne de l’OCDE était de 76 %.
Si la capacité en lits de médecine générale des hôpitaux est importante, celle des unités de soins intensifs (USI) a été une ressource essentielle pendant la pandémie de COVID‑19, permettant de soigner les patients gravement malades. En dépit des différences de définition, on comptait en moyenne dans 34 pays de l’OCDE 14.1 lits de soins intensifs pour 100 000 habitants en 2019 (Graphique 5.18). C’est en République tchèque et en Estonie que le nombre de lits de soins intensifs était le plus élevé avant la pandémie (respectivement 43 et 38 lits pour 100 000 habitants). L’Allemagne et la Turquie affichaient également des chiffres bien supérieurs à la moyenne de l’OCDE. À l’autre extrémité du spectre, le Costa Rica, la Nouvelle‑Zélande et le Mexique avaient le plus faible nombre de lits de soins intensifs, soit moins de 4 pour 100 000 habitants. Pendant la pandémie, les pays ont déployé un certain nombre d’interventions pour pouvoir s’adapter rapidement. Ces mesures comprenaient la transformation d’autres services cliniques en USI, la création d’hôpitaux de campagne dotés d’USI et le transfert de patients vers des localités disposant d’une capacité excédentaire en matière d’USI. En effet, les données préliminaires tendent à montrer que la plupart des dix pays ayant fourni des données pour 2020 ont augmenté leur capacité en matière d’USI depuis le début de la pandémie. En Turquie, par exemple, le nombre de lits de soins intensifs en 2020 a augmenté d’environ 30 % par rapport à 2019.