Les ressources financières que consacre un pays à la santé, celle à la fois des individus et de la population dans son ensemble, ainsi que leur évolution au cours du temps, dépendent de nombreux facteurs démographiques, sociaux et économiques, mais aussi des structures de financement et d’organisation du système de santé.
En 2019, les dépenses de santé moyennes par habitant dans les pays de l’OCDE (ajustées pour tenir compte des différences de pouvoir d’achat) ont été estimées à plus de 4 000 USD, tandis qu’aux États-Unis, elles ont atteint l’équivalent de près de 11 000 USD pour chaque citoyen américain. En Suisse, le deuxième pays de l’OCDE le plus dépensier, le montant des dépenses de santé a atteint environ les deux-tiers de ce niveau (Graphique 7.4). Outre la Suisse, seule une poignée de pays de l’OCDE à revenu élevé, dont l’Allemagne, la Norvège et la Suède, ont consacré plus de la moitié du montant des dépenses des États-Unis à la santé, tandis que d’autres pays, comme le Japon et le Royaume‑Uni, se situaient autour de la moyenne de l’OCDE. La Colombie, la Turquie et le Mexique sont les pays de l’OCDE dont les dépenses de santé par habitant sont les plus faibles, leur montant représentant environ un quart de la moyenne de l’OCDE. Les dernières estimations disponibles montrent que les dépenses par habitant en Chine se situaient légèrement en deçà de 20 % de la moyenne de l’OCDE, tandis que celles de l’Inde et de l’Indonésie étaient comprises entre 6 et 8 % de ce chiffre.
Le Graphique 7.4 illustre également la répartition des dépenses de santé selon le type de prise en charge médicale, selon qu’elles sont financées par des sources publiques, une assurance obligatoire (publique ou privée) ou encore par le biais de l’assurance privée ou des paiements directs des ménages (voir l’indicateur « Dépenses de santé par dispositif de financement »). Dans les pays de l’OCDE, plus de 76 % des dépenses de santé sont financées par des sources publiques ou des régimes d’assurance obligatoire. Aux États-Unis, depuis l’introduction de « l’Affordable Care Act » en 2014, cette proportion s’établit à 85 % en raison de l’existence d’une obligation individuelle de s’assurer. Les programmes fédéraux et régionaux (Medicaid et Medicare) continuent de jouer un rôle important dans les dépenses publiques de santé.
Entre 2015 et 2019, les dépenses moyennes de santé par habitant ont augmenté de 2.7 % en moyenne dans les pays de l’OCDE (Graphique 7.5). Ce taux est comparable aux faibles taux de croissance enregistrés dans de nombreux pays dans les années qui ont suivi immédiatement la crise financière et économique mondiale. Au cours de la période 2015‑19, la France, la Grèce et le Mexique enregistraient encore une croissance annuelle moyenne inférieure à 1 %, tandis que les pays baltes et la Corée continuaient d’afficher une forte croissance moyenne supérieure à 5 %. Avec l’apparition de la pandémie de COVID‑19 en 2020, les estimations préliminaires pour un sous-ensemble de pays de l’OCDE font état d’une forte augmentation des dépenses globales de santé d’environ 4.7 % en moyenne. Cette augmentation représenterait la plus forte croissance des dépenses de santé moyennes par habitant depuis 15 ans environ.
Cependant, les tendances en ce qui concerne la structure des dépenses de santé divergent d’un pays à l’autre en 2020 en raison de la proportion dans laquelle un pays a été touché par la crise et des différentes manières dont les soins de santé sont financés dans les pays. On observe une pression à la hausse sur les dépenses dans un certain nombre de pays en lien avec l’intensification du dépistage du COVID‑19 et le traitement des patients atteints du virus, tandis que les politiques de confinement et la réduction des services de soins non-COVID ont peut-être engendré une baisse des dépenses de santé, notamment lorsque le financement basé sur les activités joue un rôle. Les premières estimations pour l’Estonie, la Slovénie et le Royaume‑Uni tendent à montrer que les dépenses de santé par habitant ont augmenté de plus de 10 % en 2020. Un certain nombre d’autres pays, essentiellement européens, en mesure de fournir des estimations initiales, ont également fait état d’augmentations significatives des dépenses de santé par rapport à la période précédente. La Norvège et la Corée, qui ont pris des mesures de santé publique rigoureuses et ont enregistré un nombre relativement faible de cas de COVID‑19, ont toutes deux enregistré une croissance des dépenses de santé nettement plus faible en 2020 qu’en 2019. Au Chili et au Portugal, les projections préliminaires mettent en évidence une réduction en termes réels des dépenses de santé par habitant en 2020.