Dans les pays de l’OCDE, le secteur médico-social emploie aujourd’hui plus de personnel que jamais. En 2019, le secteur médico-social représentait un emploi sur dix (10 %), contre moins de 9 % en 2000 (Graphique 8.1). Dans les pays nordiques et aux Pays-Bas, il représente plus de 15 % des emplois. Entre 2000 et 2019, la part du personnel médico-social a augmenté dans tous les pays, à l’exception de la République slovaque, où elle a diminué dans les années 2000 et reste stable depuis 2010, et de la Suède, où elle a régressé ces dernières années, mais demeure parmi les plus élevées. Cette part a progressé particulièrement rapidement au cours des deux dernières décennies au Japon (plus de 5 points de pourcentage), en Irlande et au Luxembourg (environ 4 points de pourcentage).
Depuis 2000, le nombre d’emplois dans le secteur médico-social augmente beaucoup plus rapidement que dans les autres secteurs. Entre 2000 et 2019, il a augmenté de 49 % en moyenne dans les pays de l’OCDE, dépassant même le secteur des services, tandis qu’il a poursuivi son repli dans l’agriculture et l’industrie sur cette période (Graphique 8.2).
Dans le même temps, le secteur médico-social a également mieux résisté aux ralentissements conjoncturels que les autres secteurs. Alors que l’emploi total a diminué pendant la crise économique mondiale de 2008‑09, l’emploi dans le secteur médico-social a continué de se développer dans de nombreux pays de l’OCDE. Il n’est pas surprenant d’observer qu’au cours de la pandémie de COVID‑19, ce secteur a enregistré la plus forte augmentation du nombre de publications d’offres d’emploi en ligne. On note, par exemple, une hausse des publications d’offres d’emploi destinées aux prestataires de soins aux personnes âgées et handicapées de 35 % en Australie, de 39 % au Canada s’agissant du personnel infirmier auxiliaire, de 91 % aux États-Unis s’agissant des agents de santé communautaires et de 25 % au Royaume‑Uni s’agissant des professionnels de la santé (OCDE, 2021[1]).
Dans de nombreux pays de l’OCDE, les infirmiers constituent la catégorie la plus nombreuse de personnels médico-sociaux, soit environ 20‑25 % de l’ensemble des travailleurs. Les aidants personnels (y compris les aides-soignants dans les hôpitaux et les maisons de retraite et les aides à la personne intervenant à domicile) constituent eux aussi une proportion relativement importante de l’ensemble des travailleurs, leur nombre dépassant parfois celui des infirmiers. En comparaison, la proportion des médecins est nettement plus faible.
Dans la plupart des pays de l’OCDE, les femmes représentent plus de 75 % du personnel médico-social. Même si on les trouve généralement davantage dans les professions moins qualifiées et moins rémunérées, elles représentaient en moyenne près de la moitié des médecins dans les pays de l’OCDE en 2019 (voir l’indicateur « Médecins par âge, sexe et catégorie ».).
Au lendemain de la crise du COVID‑19, on peut s’attendre à ce que l’investissement dans les emploi du secteur médico-social (l’« économie des soins ») stimule la reprise de l’emploi. Ces emplois peuvent être créés dans toutes les régions et couvrent un large éventail de compétences. Des mégatendances, comme le vieillissement démographique et les progrès technologiques, devraient continuer à jouer un rôle clé dans l’augmentation de la demande de personnel médico-social.
La plupart des projections nationales prévoient une croissance substantielle de l’emploi dans le secteur médico-social dans les années à venir. Aux États-Unis, selon le Bureau of Labor Statistics, les emplois dans ce secteur seront ceux qui connaîtront la croissance la plus rapide entre 2020 et 2030 : cinq des 10 professions enregistrant la plus forte croissance appartiendront à ce secteur (BLS, 2021[2]). En Australie, les emplois dans ce secteur devraient également augmenter rapidement entre 2020 et 2025, avec une hausse prévue de 15 % du nombre de professionnels de la santé et de 25 % du nombre de prestataires de soins aux personnes âgées et handicapées au cours de cette période de cinq ans (Australian Goverment, 2021[3]). Au Canada, les projections réalisées avant la pandémie de COVID‑19 prévoyaient une augmentation de 8 % sur l’ensemble des professions de santé entre 2020 et 2028, dont une augmentation de plus de 10 % pour les infirmiers auxiliaires (Gouvernement du Canada, 2019[4]).
On peut également s’attendre à ce que les nouvelles technologies, notamment l’informatique et l’intelligence artificielle, génèrent une demande de nouveaux emplois et de nouvelles compétences dans le secteur médico-social, et réduisent l’importance de certaines tâches (OCDE, 2019[5]).