Le nombre de nouveaux diplômés en médecine est un indicateur important permettant d’évaluer le nombre de nouveaux entrants dans le métier ; ces derniers pourront remplacer les médecins qui prendront leur retraite et combler toute pénurie actuelle ou future de médecins. Le nombre de diplômés en médecine pour une année donnée est le résultat de décisions prises quelques années plus tôt concernant l’admission des étudiants, soit par le biais de politiques explicites de numerus clausus (fixation de quotas pour l’admission des étudiants), soit par d’autres processus décisionnels, même si le taux de diplômés dépend également du taux d’abandon des étudiants.
Dans les pays de l’OCDE, le nombre de nouveaux diplômés en médecine est globalement passé de 93 000 en 2000 à 114 000 en 2010 et à 149 000 en 2019. En 2019, des pays comme le Japon, Israël et la Corée en comptaient sept environ pour 100 000 habitants, contre plus de 20 en Irlande, au Danemark, en Lettonie et en Lituanie (Graphique 8.19).
En Irlande, le nombre élevé de nouveaux diplômés en médecine s’explique en grande partie par la forte proportion d’étudiants étrangers : ces dernières années, ils représentaient la moitié des étudiants en médecine. En effet, de nombreux étudiants et diplômés de facultés de médecine irlandaises sont originaires du Canada, des États-Unis et du Royaume‑Uni, ainsi que de pays hors OCDE. Après avoir obtenu leur premier diplôme de médecine, ils sont nombreux à quitter l’Irlande soit parce qu’ils préfèrent terminer leurs études et faire leur stage dans leur pays d’origine, soit parce qu’ils ont du mal à trouver une place en internat. Paradoxalement, l’Irlande doit pallier la pénurie de médecins en faisant venir des praticiens formés à l’étranger (OCDE, 2019[12]).
Dans d’autres pays, l’internationalisation de l’enseignement de la médecine se traduit également par un nombre croissant d’étudiants et de diplômés étrangers. En Pologne, en République tchèque et en Hongrie, plusieurs facultés de médecine accueillent un nombre croissant d’étudiants étrangers qui, dans la plupart des cas, ne prévoient pas de rester dans le pays après l’obtention de leur diplôme. Les facultés de médecine en Pologne, par exemple, assurent un enseignement en anglais, et 25 % de leurs étudiants sont étrangers (OCDE, 2019[12]).
En Israël, le faible effectif de nouveaux diplômés nationaux est compensé par le nombre élevé (60 % environ) de médecins formés à l’étranger. Une grande partie de ces derniers sont nés en Israël et sont revenus exercer en Israël après des études à l’étranger en raison du faible nombre de places dans les écoles de médecine israéliennes.
Le Japon, en revanche, ne fait pas actuellement appel de manière significative à des médecins formés à l’étranger (voir l’indicateur « Migrations internationales de médecins et de personnel infirmier »). Les autorités ont augmenté le numerus clausus ces dernières années, ce qui s’est traduit par une légère hausse du nombre de nouveaux diplômés.
Face à la crainte d’une pénurie actuelle ou future de médecins, le nombre de nouveaux diplômés par habitant a progressé dans tous les pays de l’OCDE depuis 2000, mais à des rythmes différents. Ce nombre a été multiplié par deux voire plus dans plusieurs pays, comme le Portugal, l’Irlande et les Pays-Bas, tandis que la hausse a été de 50 % en Italie, en Espagne et aux États-Unis (Graphique 8.20).
Au Portugal, la forte progression du nombre de médecins nouvellement diplômés depuis 2000 résulte à la fois d’une augmentation du nombre de places dans les universités existantes et de la création de nouvelles écoles de médecine en dehors de Lisbonne et de Porto. Le relèvement du numerus clausus a été motivé par la crainte d’une pénurie de médecins, qui est exacerbée par la répartition inégale des médecins dans le pays. Toutefois, le nombre croissant de médecins nouvellement diplômés au Portugal fait craindre l’apparition de goulets d’étranglement, car ces nouveaux diplômés risquent de ne pas tous être en mesure de trouver une place pour achever immédiatement leur formation postuniversitaire spécialisée.
Aux Pays-Bas, le nombre d’étudiants admis en faculté de médecine a augmenté de 50 % entre 1999 et 2003 (passant de 2000 à 3 000 par an environ), là aussi en réaction aux inquiétudes concernant la pénurie de médecins, et il est resté à ce niveau élevé. En outre, un certain nombre de centres médicaux universitaires permettent aux étudiants titulaires d’une licence dans certains autres domaines de s’inscrire en Master de médecine, ce qui accroît le nombre d’étudiants susceptibles d’obtenir un doctorat. En 2019, le Conseil consultatif pour la planification de la main-d’œuvre médicale a recommandé d’accueillir davantage de nouveaux diplômés dans des programmes de formation postuniversitaire en médecine générale, en gériatrie et en médecine du travail, notamment (ACMMP, 2019[18]).
En Norvège, une commission spéciale nommée en 2019 par le ministère de l’Éducation et de la Recherche a recommandé une augmentation de 69 % du nombre de places dans les facultés de médecine d’ici à 2027, de sorte que 80 % des médecins soient formés dans le pays (Grimstad Commission, 2019[19]). À l’heure actuelle, environ 40 % des médecins sont formés à l’étranger, dont beaucoup de ressortissants norvégiens qui retournent dans leur pays d’origine après avoir étudié dans un autre pays (voir l’indicateur « Migration internationale des médecins et du personnel infirmier »). En conséquence, à l’automne 2020, le nombre de places de formation en médecine s’était accru de 13 %.