En juillet 2018, le ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de l’Approvisionnement a publié le plan de gestion de l'agriculture et de l’élevage (PAP) 2018/19. Il fixe le montant maximal des ressources budgétaires affectées au crédit rural (191.1 milliards BRL ou 51.5 milliards USD), au soutien des programmes axés sur la commercialisation (2.6 milliards BRL ou 716 millions USD), et aux subventions aux assurances (600 millions BRL ou 165 millions USD). Les principales évolutions par rapport au plan précédent concernent l’adoption d’une nouvelle méthode de fixation des taux d’intérêt des prêts agricoles et la diminution des ressources obligatoires réservées au crédit rural, passées à 60 % des dépôts d’épargne rurale en novembre 2017 (contre 74 % auparavant), et à 30 % des dépôts à vue des banques commerciales en juin 2018 (contre 34 % auparavant). Le nouveau PAP a créé une ligne de crédit de trésorerie pour la production laitière des coopératives, et donné la possibilité d’utiliser des ressources obligatoires pour financer l’achat de bovins et de buffles pour la reproduction, qui était auparavant financé par PRONAMP, un autre programme d'investissement ciblé sur les exploitations de taille moyenne. Conformément aux dispositions du Code forestier brésilien, le programme pour une agriculture bas carbone a introduit la possibilité de financer des investissements dans les « réserves légales » et les « zones de protection permanente » à un taux d’intérêt plus faible, de 5.25 %. Un certain nombre de programmes sont maintenus dans le nouveau PAP, parmi lesquels le programme de construction et d’extension d’entrepôts (PCA) pour 2.15 milliards BRL (588 millions USD), le programme de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l’agriculture (ABC) pour 2.0 milliards BRL (547 millions USD), le programme de promotion de l’innovation technologique dans la production agricole (Inovagro) pour 1.15 milliard BRL (315 millions USD) et le programme national de soutien aux exploitations agricoles de taille moyenne (PRONAMP) pour 20.03 milliards BRL (5.5 milliards USD)2. L’enveloppe des programmes ABC et Inovagro a baissé de 6 % et 9 % par rapport au plan 2017/2018, tandis que celle des programmes PCA et PRONAMP a progressé de 34 % et 11 %, respectivement. Les investissements ciblés sur l’augmentation des capacités de stockage, principalement pour les céréales et oléo-protéagineux, sur l’innovation et sur les pratiques de production écologiques sont restés prioritaires. Des lignes de crédit agricole spécifiques et différenciées ont été maintenues pour les petites et moyennes exploitations.
Les ressources affectées au crédit rural dans le plan 2018/19 sont en hausse de 1.4 % par rapport au plan précédent ; plus de 80 % d’entre elles seront accessibles à des taux bonifiés, et 20 % aux taux du marché. Les taux d’intérêt nominaux sur les prêts ont été fixés entre 5.25 % et 9.5 %, soit moins que durant la saison précédente. Les taux d’intérêt applicables aux exploitations de taille moyenne au titre du PRONAMP ont été abaissés à 6.0 % (contre 7.5 % auparavant). En 2017/18 et en 2018/19 (jusqu’en février), les crédits ruraux d’investissement ont augmenté davantage que les crédits de trésorerie, et durant la campagne agricole 2018/19, ils ont progressé de 24 % et 9 %, respectivement. Les financements au titre des programmes d'investissements prioritaires ont augmenté encore davantage : de 44 % pour l’innovation technologique dans le domaine de la production (programme Inovagro) et de 114 % pour l’agriculture bas carbone (programme ABC). Conformément aux directives macroéconomiques du nouveau gouvernement, en janvier 2019, une décision de la Banque centrale a modifié les conditions d’affectation au crédit rural des 35 % des lettres de crédit de l’agro-industrie (LCA) : tous les prêts sont désormais consentis aux taux du marché, alors qu’auparavant, une partie d’entre eux étaient bonifiés.
En 2017, les agriculteurs (en particulier les producteurs de céréales, d’oléo-protéagineux et de fruits) ont souscrit plus de 67 000 polices d’assurance, couvrant une zone de production de près de 4.9 millions d’hectares, soit environ 6 % de la surface cultivée totale. En 2018, pour améliorer la transparence des programmes d’assurance comme le programme de subvention à l'assurance rurale (PSR), le Gouvernement a communiqué des données sur les indemnisations versées tous les ans au cours des 10 dernières années, et a publié le plan triennal d'assurance rurale (PTSR) pour 2019-21. Celui-ci comprend des lignes directrices sur la mise en œuvre du PSR durant la période considérée, notamment les types de couverture, les critères techniques et financiers, le pourcentage de la subvention à l’assurance, et des estimations budgétaires. La méthode de zonage (ZARC) a encore été actualisée pour plusieurs produits de manière à permettre l’identification des risques par périodes plus courtes (dix jours), ce qui facilite l’ajustement des pratiques des agriculteurs.
Alors que le taux d’inflation est passé de 3.4 % en 2017 à 3.7 %, les prix minimums garantis à l’échelle régionale pour les principales cultures (soja, haricot, riz, café, lait) ont été relevés de moins de 3 % en valeur nominale pendant le plan 2018/19 par rapport au précédent. Par exemple, les prix nominaux du soja ont augmenté de 2.4 % tandis que les prix du blé ont reculé de 2.9 %, et le prix du café Arabica a progressé de 2.5 % alors que les prix du café Conilon ont été abaissés de 9.6 %. Les prix du riz paddy, du caoutchouc et du raisin sont restés constants en valeur nominale.
Depuis début 2019, les petites exploitations agricoles familiales relèvent du ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de l’Approvisionnement (MAPA) et non plus du Secrétariat spécial pour l’agriculture familiale et le développement agraire (SEAD), qui a été supprimé3.
Le ministère des Mines et de l’Énergie (MME) a pris un nouveau décret d’application de la politique nationale relative aux biocarburants, RenovaBio (décret 9308 du 15 mars 2018). Le Conseil national de la politique énergétique du Brésil a fixé comme objectif de réduire les émissions dues aux combustibles fossiles de 10 % d’ici 2028, ce qui correspond à une réduction de 600 millions de tonnes d'équivalent carbone4. Dans l’optique d’accroître l’utilisation de biocarburants et de diminuer celle de pétrole comme source d’énergie, les pouvoirs publics prévoient d’augmenter la production d'éthanol (pour la faire passer de 30 milliards de litres à environ 50 milliards de litres) et de biodiesel (pour la faire passer de 4 milliards de litres à 13 milliards de litres) d’ici 2030. En mars 2018, les autorités brésiliennes ont relevé à 10 % la teneur obligatoire en biodiesel du gazole (appelée « B10 »), qui était de 8 % précédemment. En novembre 2018, le Conseil national de la politique énergétique du Brésil a proposé d’augmenter cette teneur d’un point de pourcentage par an à compter de juin 2019 et jusqu’en 2023, date à laquelle elle atteindra 15 %, sous réserve que les essais de moteur en cours donnent des résultats satisfaisants5.