L’agriculture australienne demeure résolument axée sur le marché et les prix intérieurs sont alignés sur les cours internationaux pour ce qui est de tous les grands secteurs de production. Le soutien à l’agriculture est assuré en combinant dépenses budgétaires directes et allégements fiscaux. Les programmes financés par le budget sont utilisés pour encourager les investissements destinés à renforcer la préparation aux risques (liés aux conditions météorologiques ou au marché) au moyen de prêts à des conditions de faveur et d’un soutien des revenus des ménages agricoles dans les périodes difficiles. Un soutien direct est également assuré pour moderniser les infrastructures des exploitations dans le but d’améliorer l’utilisation des ressources naturelles et la gestion de l’environnement. Les allégements fiscaux font aussi partie des instruments utilisés par les pouvoirs publics pour aider les producteurs à gérer les risques de production et de marché en leur permettant de mieux lisser leurs revenus, et constituent par ailleurs une autre forme d’incitation à investir dans la préparation au niveau de l’exploitation.
Compte tenu du faible niveau de l’aide publique directe aux producteurs et de l’absence de mécanisme durable de subvention des exploitations, les programmes de recherche-développement (R‑D) représentent la principale forme d’aide au secteur. C’est essentiellement par le biais des sociétés de recherche-développement rurale (Rural research and development corporations – RDC) que les autorités australiennes soutiennent l’innovation en milieu rural et la croissance de la productivité agricole. Les RDC sont un partenariat entre les pouvoirs publics et le secteur, créé pour permettre un partage du financement et de la définition des orientations stratégiques en matière de R‑D dans le secteur primaire, d’investissement dans la R‑D et d’adoption ultérieure des résultats de la R‑D. Leur financement est assuré par un mécanisme de prélèvement de contributions acquittées par les agriculteurs, complété par un abondement équivalent des pouvoirs publics, dans la limite de plafonds fixés par la loi.
La protection douanière de l’Australie contre les importations de produits agricoles et alimentaires est négligeable ; toutefois, un certain nombre de mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) permettent de gérer les risques liés aux ravageurs et aux maladies susceptibles de porter atteinte au secteur. Ces mesures sont à l’origine de plusieurs restrictions à l’importation visant des produits agricoles en provenance de certaines régions du globe. La politique commerciale agricole de l’Australie privilégie l’ouverture du marché dans le cadre d’accords multilatéraux, bilatéraux et régionaux.
Le pays est signataire de onze grands accords de libre-échange, régionaux ou bilatéraux : accords avec la Nouvelle-Zélande (ANZCERTA 1983), Singapour (SAFTA 2003), la Thaïlande (TAFTA 2005), les États-Unis (AUSFTA 2005), le Chili (AClFTA 2009), la zone de libre-échange ANASE-Australie-Nouvelle-Zélande (AANZFTA 2010), la Malaisie (MAFTA 2013), la République de Corée (KAFTA 2014), le Japon (JAEPA 2015) et la République populaire de Chine (ChAFTA 2015), auxquels s’ajoute l’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP 2018).
Bien qu’aucun instrument d’action propre à l’agriculture n’ait été mis en place en réponse à l’Accord de Paris sur le climat (2016), l’Australie dispose de plusieurs mesures qui couvrent l’agriculture et l’aideront à respecter son engagement en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serres (GES) — y compris par les secteurs terrestres tels que l’agriculture — de 26 % à 28 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2005, conformément à sa contribution déterminée au niveau national (CDN). Le ministère australien de l’Environnement et de l’Énergie est responsable au sein du gouvernement australien de l’élaboration de mesures nationales de lutte contre le changement climatique. Les mesures australiennes axées sur l’agriculture visent aussi bien l’adaptation que l’atténuation, et s’efforcent de préserver ou d’accroître la productivité, la rentabilité et la sécurité alimentaire.
L’approche de l’Australie pour réduire ses émissions dans tous les secteurs comprend le Fonds de réduction des émissions (Emissions Reduction Fund, ERF). Dans ce cadre de ce plan, l’État achète des réductions d’émissions aux acteurs économiques de divers secteurs. Les grands émetteurs non agricoles sont soumis à un « mécanisme de sauvegarde » qui vise à maintenir les émissions d’une installation dans la limite des niveaux de référence et dont l’application est placée sous le contrôle de l’organe de réglementation pour l’énergie propre (Clean Energy Regulator) qui dispose pour cela d’un ensemble progressif d’options allant du conseil à des amendes et des mesures correctives obligatoires (Gouvernement de l’Australie, 2016[1]). Dans l’agriculture, le ERF prolonge l’Initiative sur le carbone en agriculture (Carbon Farming Initiative), qui permettait aux agriculteurs et aux propriétaires terriens d’obtenir des crédits de carbone en stockant ce gaz ou en réduisant les émissions de gaz à effet de serre sur leurs terres. Une fois enregistrés au titre de cette initiative, les crédits pourraient être vendus aux entreprises désireuses de compenser leurs émissions (Gouvernement de l’Australie, 2014[2]).
L’ERF est un programme volontaire accessible aux agriculteurs, aux gestionnaires de terres et aux autres secteurs. Il permet aux parties prenantes de rechercher des financements (incitations) en vue d’exécuter des projets de réduction et d’évitement des émissions et de séquestration du carbone (piégeage et stockage). Les méthodes approuvées par l’ERF doivent respecter de strictes exigences d’intégrité, notamment en matière d’additionnalité. Aux termes de ce programme, les propriétaires terriens et les entrepreneurs (agriculteurs compris) qui adoptent des méthodes approuvées par l’ERF obtiennent des crédits de carbone australiens (Australian Carbon Credit Units) qu’ils peuvent vendre soit à l’État par un système d’enchères inversées (dans lequel les vendeurs proposent leur prix), soit à des tiers, et qui fournissent des flux de revenus substitutifs ou complémentaires tout en étant bénéfiques pour l’environnement. Le programme ne fixe pas de limites pour l’agriculture et est totalement volontaire.
À ce jour, huit ventes aux enchères ont eu lieu dans le cadre de l’ERF. Elles ont permis au gouvernement australien d’obtenir une réduction totale contractuelle de 193 millions de tonnes, à comparer à un volume annuel estimé de 536 millions de tonnes d’émissions dans l’année qui s’est terminée en septembre 2018. Approximativement 9 % de cette réduction (18.1 millions de tonnes) concernaient spécifiquement le secteur agricole, à comparer au volume annuel d’émissions du secteur : 70.3 millions de tonnes dans l’année achevée en septembre 2018 (Australian Government Clean Energy Regulator, 2019[3]).
Cela dit, malgré les exigences d’intégrité en place, plusieurs études ont mis en doute la capacité du programme à diminuer les concentrations de carbone au-delà des réductions qui auraient été obtenues en son absence (Burke, 2016[4] ; Freebairn, 2016[5]), ainsi que la capacité des projets financés à atteindre les réductions visées. Cependant, à ce jour, sur les 193 millions de tonnes contractuelles, tous secteurs confondus, 38 millions de tonnes environ ont été livrées, ce qui dépasse les montants prévus. Ces doutes sont en grande partie liés à l’asymétrie de l’information entre l’État et les acteurs privés. De plus, cette approche transfère la charge des coûts de réduction des émissions des secteurs émetteurs à l’État.
En 2017, le gouvernement australien a procédé à un examen de ses mesures climatiques pour s’assurer qu’elles demeuraient efficaces et lui permettaient de respecter ses obligations internationales, notamment au titre de l’Accord de Paris sur le climat. Cet examen l’a conduit à prévoir l’élaboration d’une stratégie à long terme de réduction des émissions à l’horizon 2020. Cette stratégie étudiera les possibilités de réduction des émissions et leurs conséquences sur les principaux secteurs de l’économie (Department of the Environment and Energy, 2017[6]). L’agriculture étant une source importante d’émissions à la fois directes (liées à la fermentation entérique, aux émissions des sols et à l’écobuage) et indirectes (conversion de terres boisées à d’autres utilisations) (Department of the Environment and Energy, 2018[7]), les mesures climatiques à venir pourraient avoir une plus forte incidence sur le secteur que par le passé.