Début septembre 2018, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures en réaction aux bouleversements économiques provoqués par une forte dépréciation du peso. Après sept trimestres consécutifs de croissance positive, l’économie a commencé à stagner lorsque le peso argentin a subi des pressions en avril 2018. En l’espace de quatre mois, la valeur de la monnaie par rapport au dollar des États‑Unis (USD) a diminué de moitié, les primes de risque et les primes des contrats d’échange sur risque de défaillance ont atteint des sommets et l’inflation a grimpé en flèche. Ces événements ont replongé l’économie dans la récession en 2018 et la perspective d’une détérioration significative de l’accès aux financements étrangers a amené le gouvernement à demander de l’aide au FMI.
Les autorités ont accéléré les plans d’ajustement fiscal et se sont engagées à atteindre l’équilibre budgétaire primaire dès 2019, avec des excédents primaires par la suite. Ces engagements ont nécessité un assainissement budgétaire substantiel par rapport aux plans précédents, fondé à la fois sur la mesure des recettes et des dépenses. Parmi les mesures annoncées par le gouvernement pour générer des recettes fiscales, une taxe temporaire sur l’ensemble des exportations a été mise en place, annulant la suppression de toutes les taxes sur les exportations autres que celles portant sur le soja (voir la partie Évolutions des mesures commerciales). Parmi les mesures liées aux dépenses fiscales, le gouvernement a décidé de réduire le nombre de ministères et de les restructurer. Le ministère de l’Agro-industrie a été démantelé et a été intégré au ministère de la Production et du Travail sous forme d’un secrétariat d’État. Les dépenses actuelles ont également été réduites, par exemple au moyen d’un calendrier accéléré de suppression du subventionnement de l’énergie et des transports publics applicable à l’ensemble de l’économie.
Depuis sa réforme en 2016, l’INDEC, institut national des statistiques, investit dans l’amélioration de la qualité des statistiques de l’Argentine et des méthodes connexes. En 2018, l’INDEC a réalisé un nouveau recensement agricole national (Censo Nacional Agropecuario ou CNA), le premier recensement fiable depuis 2002. Cet investissement majeur dans les statistiques agricoles comblera un manque systémique de données nationales sur les structures agricoles. Le recensement de 2018 a permis de recueillir des informations sur les caractéristiques fondamentales de l’ensemble des activités de culture, d’élevage, de sylviculture, d’élevage et de bio-industrie, couvrant la totalité du pays. D’après les estimations, près de 190 millions d’hectares et plus de 300 000 exploitations sont couverts. Les résultats définitifs devraient être publiés en juin 2019.
En 2018, plusieurs mesures gouvernementales ont ciblé l’amélioration des pratiques agricoles. La Résolution conjointe 5/2018 des secrétaires d’État de l’Agro-industrie et de la Santé intègre les bonnes pratiques agricoles pour la production de fruits et de légumes dans le Code alimentaire argentin (Código Alimentario Argentino ou CAA). Suite à un large débat au sein de la Commission nationale des aliments (Comisión Nacional de Alimentos ou CONAL), la mise en œuvre et le délai de mise en conformité ont été fixés à deux ans pour les fruits et à trois ans pour l’horticulture. Afin de faciliter cette mise en œuvre, la Résolution 174/2018 a créé le Programme national des bonnes pratiques alimentaires durables (Programa Nacional de Buenas Prácticas Agrícolas Sustentables en Productos Frutihortícolas) pour les productions maraîchères et fruitières visant à « encourager la qualité et la salubrité » de ces aliments.
La Résolution conjointe 1/2018 crée le Groupe de travail interministériel sur l’application des produits phytopharmaceutiques, avec des représentants de différents organismes gouvernementaux tels que ceux de l’agro-industrie, de l’environnement, de la santé, des sciences et de la technologie, l’INTA, le SENASA et les conseils fédéraux sur l’environnement et l’agriculture. L’application des produits phytosanitaires doit être réalisée conformément aux bonnes pratiques agricoles et encadrée par des systèmes de suivi et de contrôle adaptés, conformément aux principes directeurs déjà préparés par le groupe de travail. En outre, le Décret réglementaire 134/2018 relatif à la Loi n° 27.279 établit des exigences minimales de protection environnementale pour la gestion des récipients vides de produits phytopharmaceutiques, selon leur toxicité. Il institue des paramètres techniques obligatoires à appliquer dans les provinces pour la gestion des récipients à différentes étapes. Les autorités responsables de l’agriculture et de l’environnement s’emploieront ensemble à faire appliquer ce décret.
Le SENASA, organisme de réglementation et d’inspection, a voté plusieurs résolutions afin d’interdire l’utilisation de certains produits agrochimiques. La Résolution 263/2018 interdit la fabrication, l’importation et le fractionnement des substances actives suivantes, ainsi que de leurs préparations : carbosulfan, diazonon, aldicarbe et dicofol. Avec la Résolution 149/2018, le SENASA interdit l’importation, la commercialisation et l’utilisation sur les céréales et le tabac des matières actives dichlorvos (DDVP) et trichlorfon, ainsi que de leurs préparations, aux étapes de la production, des activités après la récolte, du transport, de la manutention, de l’emballage et de l’entreposage.
Une Résolution conjointe de plusieurs ministères a créé le Programme de durabilité environnementale et d’assurances (Programa de sustentabilidad ambiental y seguros), qui relève de l’Autorité nationale des assurances, en vue d’encourager les investissements des compagnies d’assurance dans le reboisement. Ces investissements sont encouragés par la Loi N° 25.080 (telle que modifiée par la Loi N° 27.487 de 2018) avec l’octroi d’avantages fiscaux et d’aides financières non remboursables pour les projets de reboisement. Le gouvernement travaille sur un amendement de cette loi avant que celle-ci n’expire fin 2019.
La Résolution 108/2018 instaure le Plan national d’irrigation 2018-30 (PNI), destiné à servir de cadre pour encourager l’intégration des projets d’irrigation dans l’ensemble du territoire national. Ce plan a rejoint plusieurs initiatives régionales de coopération afin de garantir qu’il sera mis en œuvre conformément aux connaissances et à l’expérience les plus récentes. En particulier, le PNI a rejoint le projet NEXO mis en avant par la Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) et l’Agence allemande pour la coopération internationale, et s’est engagé à adopter une approche interdisciplinaire. Le PNI fait intervenir des experts des secteurs de l’eau, de l’énergie et de l’agroalimentaire ainsi que des représentants du secrétariat d’État aux Infrastructures et à la Politique de l’eau, de l’Institut national de l’eau et du ministère de l’Énergie. Le Plan s’est également joint au projet de coopération technique « Plateforme pour une gestion efficace de l’eau en agriculture 2030-50 », réseau dirigé par le Chili, l’Argentine et l’Espagne qui fait partie du mécanisme de coopération internationale FONTAGRO.
La Résolution 232/2018 a créé le Plan national des sols agricoles afin d’« encourager la préservation, la remise en état et la gestion durable des sols agricoles, en maximisant la productivité et en assurant le maintien des services écosystémiques qu’ils assurent, dans un contexte mondial de changement climatique ». Le secrétariat d’État à l’Agro-industrie travaille en collaboration avec le secrétariat d’État à l’Environnement et au Développement durable et les gouvernements provinciaux par l’intermédiaire des Conseils fédéraux de l’agriculture et de l’élevage, ainsi qu’avec le secteur privé dans le cadre d’accords avec des associations d’agriculteurs telles que l’Association argentine des producteurs en semis direct (Asociación Argentina de Productores en Siembra Directa ou AAPRESID) et le Consortium régional d’expérimentation agricole (Consorcio regional de experimentación agrícola ou CREA). L’Observatoire national des sols agricoles a été créé par la Résolution 169/2017 afin de surveiller la santé des sols et de fournir de l’information à tous les paliers pour l’élaboration des politiques publiques. Une carte nationale du carbone est déjà en cours de création grâce des échantillonnages des sols et à des analyses sur le terrain.