Pour la période 2013-18, la politique agricole du Mexique était encadrée par un Programme sectoriel de développement de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation (Programa sectorial de desarrollo agropecuario, pesquero y alimentario). Ce programme entendait principalement doper la production interne et renforcer la sécurité alimentaire, en cherchant à accroître le taux d’auto-approvisionnement pour les céréales et les oléagineux les plus importants. Il met en avant une augmentation de la productivité, de la rentabilité et de la compétitivité du secteur agroalimentaire et définit les objectifs suivants : accroissement de la productivité des petites exploitations, réduction de l’utilisation de l’eau, augmentation de la production nationale d’intrants agricoles, mesures de vulgarisation, prévention et gestion du risque, promotion des produits alimentaires sains, inclusion financière, développement régional, développement des systèmes d’information et modernisation du ministère de l’Agriculture.
Il a apporté trois changements principaux aux programmes soutenant les producteurs. Tout d’abord, PROCAMPO a été remplacé par PROAGRO Productivo, qui continue de verser des paiements au titre de la superficie. En revanche, contrairement à PROCAMPO qui n’était assorti d’aucune exigence de production, les nouveaux paiements sont subordonnés aux dépenses de production réelles prouvées (par exemple, matériel, semences certifiées, engrais, assurances et couverture des risques liés aux prix). Ensuite, alors qu’elle n’avait pas changé depuis 20 ans, la liste des bénéficiaires a été mise à jour et élargie, sans modification de la superficie totale bénéficiant d’un soutien. Enfin, par rapport au plan précédent, le Programme sectoriel 2013-18 met davantage l’accent sur l’investissement et le soutien aux services au sein des exploitations, en ciblant en particulier les zones pauvres et arides.
Le Mexique a réformé sa politique agricole au cours des deux dernières décennies : il a réduit la protection douanière suite aux engagements pris dans le cadre de l’OMC, de l’ALENA et d’autres accords commerciaux, et mis en œuvre des programmes de paiements directs. Aujourd’hui, le régime commercial encadrant le fonctionnement des marchés agricoles mexicains est relativement ouvert, la majorité des échanges commerciaux s’effectuant dans le cadre d’accords de libre-échange régionaux. Cependant, le soutien aux prix du marché intérieur et les paiements au titre de la production sont maintenus pour certains produits clés tels que le sucre, le maïs, le blé et le sorgho. Le soutien des prix du marché demeure la principale composante du soutien aux producteurs.
L’aide à l’investissement constitue un autre type de soutien important : elle couvre essentiellement une partie du coût d’investissement ou finance la garantie du crédit pour les achats de matériel et d’infrastructures pour l’exploitation qui servent à la production végétale et animale, ainsi que pour la modernisation des systèmes d’irrigation et la culture horticole en serre.
Différents programmes visent les petits producteurs agricoles et, plus généralement, les populations rurales pauvres. Les petits producteurs de maïs et de haricots bénéficient d’un programme spécial de soutien à l’investissement. Le Projet stratégique pour la sécurité alimentaire (Proyecto Estratégico para la Seguridad Alimentaria – PESA) prévoit des investissements et une assistance technique à l’échelle des agriculteurs et des collectivités, afin d’encourager l’agriculture dans les régions défavorisées, en couvrant jusqu’à 90 % des coûts d’investissement liés principalement à l’amélioration de l’approvisionnement en eau et en nourriture dans les foyers pauvres, et 100 % des coûts d’assistance technique pour rendre la production et la consommation alimentaires plus durables dans les zones pauvres.
Le soutien aux intrants variables est également important et comprend des subventions pour la couverture des risques liés au prix, l’électricité, l’irrigation et l’assurance récolte. Les paiements au titre de la superficie et du nombre d’animaux sont également un volet important. Ils sont principalement versés par le biais de deux programmes : PROAGRO Productivo, qui verse des paiements à l’hectare fondés sur la superficie antérieure, mais subordonnés à la production ; et PROGAN Productivo, qui effectue des paiements par tête en fonction du nombre antérieur d’animaux et impose à ses bénéficiaires le respect de certaines exigences environnementales.
Une très grande partie du territoire mexicain est assujettie à un régime de propriété foncière à caractère collectif – les ejidos ou communautés agricoles – qui s’applique aussi bien aux terres mises en commun qu’aux parcelles attribuées à des personnes physiques. Le dernier recensement agricole (2007) révèle que 69 % des exploitations sont assujetties à ce régime et représentent 39 % des terres agricoles.
Étant donné qu’un peu plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté national, les aides à la consommation alimentaire sont un instrument important de la lutte contre la pauvreté au Mexique. Les familles pauvres se procurent des denrées de première nécessité dans les magasins ruraux DICONSA, tandis que le programme LICONSA vend du lait à des prix inférieurs à ceux du marché, et le programme SEDESOL fournit des transferts monétaires conditionnels.
L’engagement du Mexique envers le climat lors de la Conférence de Paris sur le changement climatique en décembre 2015 comprend des objectifs conditionnels et sans condition. Le Mexique s’est engagé à réduire, sans condition, les émissions de GES de 25 % et les émissions de carbone noir1 de 51 % par rapport aux niveaux à politiques inchangées d’ici 2030. Selon le soutien international, l’objectif de réduction des émissions de GES pourrait être porté à 40 %. Afin d’atteindre ces objectifs, la stratégie générale pour le secteur agricole consiste à encourager l’adoption de technologies qui améliorent la durabilité du secteur et l’utilisation de biodigesteurs dans les exploitations d’élevage, ainsi que la préservation et la remise en état des pâturages.