Au milieu des années 90, d’importantes réformes ont fait diminuer l’intervention de l’État au niveau des marchés agricoles, ce qui a renforcé l’orientation du secteur par le marché. Dans le cadre du système actuel, l’Afrique du Sud ne procède à aucune intervention destinée à soutenir le marché intérieur ni à aucune subvention à l’exportation. Les mesures à la frontière, appliquées au sein de l’Union douanière d’Afrique australe (UDAA), constituent l’unique dispositif de soutien des prix. En vertu de l’Accord sur l’industrie sucrière de 2000, conclu entre différents opérateurs de la filière, les exportations de sucre brut ne peuvent passer que par un seul canal et chaque producteur dispose d’un quota qui détermine la quantité de sucre qu’il peut vendre sur le marché intérieur.
D’autres instruments sont utilisés, comme les subventions aux intrants, principalement sous la forme d’une restitution de la taxe sur le gazole ; les programmes de soutien aux nouveaux agriculteurs bénéficiant des réformes foncières ; et les services d’intérêt général fournis au secteur, notamment les services de recherche, de vulgarisation et d’inspection. Le Programme national de préservation des terres (National Land Care Programme – NLP), conduit à l’échelle locale et financé par l’État, encourage la gestion et l’exploitation durables des ressources naturelles agricoles.
Les principaux organismes publics chargés de mettre en œuvre ces mesures sont le ministère de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche (Department of Agriculture, Forestry and Fisheries – DAFF) et le ministère du Développement rural et de la Réforme foncière (Department of Rural Development and Land Reform – DRDLR). Par ailleurs, le Conseil national pour la commercialisation des produits agricoles (National Agricultural Marketing Council – NAMC), un organisme d’État, est chargé de : dispenser au DAFF des conseils stratégiques sur les questions de commercialisation des produits agricoles ; conduire des études sur la commercialisation des produits issus de l’agriculture et les politiques de commercialisation ; et coordonner la mise en œuvre de toutes les mesures législatives appliquées par l’industrie agroalimentaire.
Principal enjeu pour le secteur agricole, la réforme foncière engagée en 1994 a pour principaux objectifs de remédier aux injustices du passé, de favoriser la réconciliation et la stabilité, de stimuler la croissance économique, d’améliorer le bien-être des ménages et d’atténuer la pauvreté en milieu rural. La restitution foncière, la redistribution des terres et la refonte du régime foncier en constituent les principaux axes. Plusieurs programmes ont été mis en place dans le cadre de ce processus, comme le programme global d’aide à l’agriculture (Comprehensive Agricultural Support Programme – CASP), les projets Ilima/Letsema et le dispositif de financement de la micro-agriculture en Afrique du Sud (Micro-agricultural Financial Institutions of South Africa – MAFISA). Ces programmes, qui visent à créer un environnement favorable pour les agriculteurs précédemment désavantagés (exploitations de subsistance, petites exploitations et exploitations commerciales), reposent sur le renforcement des capacités ainsi que la mise à disposition des services d’information et des infrastructures nécessaires.
Un examen des projets menés dans le cadre du Programme de redistribution foncière pour le développement agricole (Land redistribution for agricultural development – LRAD) a révélé que nombre d’entre eux ne sont pas viables sur le plan économique. Le DRDLR a modifié le règlement relatif à la réforme foncière de manière à rationaliser le processus de redistribution des terres et à prêter assistance aux projets vulnérables. L’ALHA (Agricultural Land Holding Account), créé en 2009, est chargé d’acheter des terres et, via le Programme de recapitalisation et de développement (Recapitalisation and Development Programme – RDP), de recapitaliser et de développer les projets de réforme foncière en proie à des difficultés. Les bénéficiaires du programme peuvent ensuite disposer des terres après une période de location convenue à l’avance, sous réserve que leur projet soit économiquement viable.
La stratégie intégrée de sécurité alimentaire (Integrated Food Security Strategy – IFSS), instaurée en 2002, s’appuie sur des partenariats entre des acteurs publics et privés de la société civile et privilégie la sécurité alimentaire des ménages en tant qu’élément constitutif de la sécurité alimentaire nationale. L’une des approches stratégiques consiste à augmenter les ressources alimentaires des ménages en leur fournissant des services d’aide à la production. Cet objectif de sécurité alimentaire est également appuyé par l’initiative Fetsa Tlala (lancée en 2013), qui vise à produire des aliments de base sur les terres agricoles à l’abandon en tirant parti du potentiel agricole disponible sur les terres communales.
Le Programme global de développement rural (Comprehensive Rural Development Programme – CRDP), lancé en 2009, soutient le développement des zones rurales au travers de deux grands programmes liés au secteur agricole. Premièrement, le Programme de développement des infrastructures rurales (Rural Infrastructure Development – RID) encourage les investissements dans les infrastructures rurales. Ses dépenses ont considérablement augmenté en raison de la multiplication des programmes de financement donnant accès à des services fondamentaux, dans les domaines de l’assainissement, de l’irrigation et du transport routier en particulier. Deuxièmement, le Programme dédié aux entreprises rurales et au développement industriel (Rural Enterprise and Industrial Development – REID) vise à soutenir la coordination et à faciliter le développement des entreprises rurales, à encourager le développement industriel et à aider la population rurale à produire ses propres denrées alimentaires.
L’Afrique du Sud est l’un des membres fondateurs de l’Union douanière d’Afrique australe (UDAA)1. Il s’agit d’une union douanière à part entière, dotée d’un tarif extérieur commun. En 1994, l’Afrique du Sud a adhéré à la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC)2. Pour la mise en œuvre de l’accord de libre-échange (ALE), la SADC a adopté le principe de l’asymétrie, avec l’élimination progressive (initiée en 2000) des droits de douane des pays de l’UDAA en cinq ans (jusqu’en 2005) et de ceux des autres pays de la SADC en 12 ans, avec une échéance fixée à 2012. Depuis cette date, l’ALE de la SADC s’applique pleinement.
L’Afrique du Sud bénéficie également de la loi des États-Unis sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA) : instaurant un programme de préférence commerciale non réciproque, cette loi accorde à une sélection de produits des pays d’Afrique subsaharienne remplissant les conditions requises un accès en franchise de droits et sans contingent au marché des États-Unis. L’AGOA est entrée en vigueur en 2000, pour une période de huit ans (jusqu’en 2008). Sa validité a d’abord été étendue jusqu’en 2015, puis en 2025. Cette loi a des effets positifs sur certains sous-secteurs de l’agriculture d’Afrique du Sud, en particulier sur les exportations de vin, de noix de macadamia et d’oranges.
En tant que signataire de l’Accord de Paris sur le climat de 2016, le gouvernement sud-africain s’est engagé à réduire les émissions de GES de 34 % avant 2020 et de 42 % avant 2025 par rapport aux niveaux de 1990 (National Climate Change Response Policy 2011) en votant le 16 août 2017 une loi sur la taxe carbone. Cette loi fait partie intégrante d’un système visant à mettre en œuvre la politique gouvernementale sur le changement climatique. Elle est conçue pour permettre à l’Afrique du Sud d’honorer ses engagements concernant la CDN, et de réduire les émissions de GES du pays, conformément aux mesures nationales d’intervention face au changement climatique (National Climate Change Response Policy) et au plan de développement national (National Development Plan).