Le soutien des prix du marché est la principale forme d’aide dont bénéficient les producteurs philippins. La politique de soutien des prix est essentiellement axée sur le riz et le sucre, et s’articule autour d’obstacles aux échanges et de réglementation du marché intérieur. Des discussions sont en cours pour réformer le système actuel de restrictions quantitatives pour le riz et, éventuellement, le sucre. Pour le riz, les mesures sont mises en œuvre par l’Autorité nationale chargée de l’alimentation (National Food Authority - NFA) et comprennent le soutien des prix aux producteurs, un prix d’écoulement subventionné pour les consommateurs, des achats publics et des restrictions à l’importation. La NFA est chargée de conserver des stocks régulateurs de riz pour stabiliser le niveau des prix à la consommation et assurer un approvisionnement suffisant et régulier. S’agissant du sucre, ce sont les quotas de production et les obstacles aux échanges qui sont utilisés pour le soutien des prix aux producteurs et la réglementation du marché.
La protection douanière reste le principal instrument de la politique commerciale philippine. La libéralisation des échanges repose principalement sur des accords commerciaux régionaux, en particulier celui de la zone de libre-échange de l’ASEAN. La moyenne simple des droits de douane appliqués aux produits agricoles en vertu du régime de la nation la plus favorisée s’établissait à 9.8 % en 2016. Tous les droits de douane sont calculés ad valorem et s’échelonnent entre 0 % et 65 %.
Des contingents tarifaires sont en place pour 14 produits agricoles dont les taux de droits sont compris entre 30 % et 50 % pour les quantités contingentaires et entre 35 % et 65 % pour les quantités hors contingent. Les taux contingentaires et hors contingent sont donc extrêmement proches. Les produits concernés comprennent les porcs, les caprins et la volaille sur pied, ainsi que la viande issue de ces animaux, les pommes de terre, le café, le maïs, le riz, le sucre et le café. Toutefois, pour trois de ces produits agricoles (chevaux vivants, animaux vivants de l’espèce bovine et viande de bœuf), le contingent tarifaire n’est pas appliqué. Pour trois autres produits (volaille, pommes de terre et café), il n’est appliqué qu’à certains droits de douane (OMC, 2018[3]). Les licences d’importation, requises pour tous les produits réglementés (notamment ceux faisant l’objet de contingents tarifaires), visent à préserver la santé publique, la sécurité nationale et le bien-être de la population ou à répondre aux obligations découlant des accords internationaux signés par le pays.
Les Philippines appliquent des restrictions quantitatives aux importations de riz. Ces restrictions ont été instaurées lorsque le pays est devenu Membre de l’OMC en 1995 : les Philippines bénéficiaient d’une clause de sauvegarde spéciale (article 5 de l’Accord sur l’agriculture), qui lui a permis de maintenir des restrictions quantitatives sur ses importations de riz, pour des raisons de sécurité alimentaire, jusqu’en 2012. En échange de quoi, elles étaient tenues de garantir un accès au marché minimal (AMM) sous la forme d’un contingent d’importation dont le volume devait augmenter progressivement. En 2012, les Philippines ont demandé une dérogation en vue de proroger le traitement spécial accordé au riz jusqu’en 2017. Cette dérogation leur a été accordée en juillet 2014 à trois conditions : qu’elles augmentent le volume du contingent d’importation pour le porter à 805 200 tonnes, qu’elles abaissent le tarif contingentaire à 35 % et qu’elles soumettent, à compter du 30 juin 2017, leurs importations de riz à des droits de douane proprement dits, établis sur la base d’un équivalent tarifaire calculé conformément aux lignes directrices définies à cet effet dans l’Accord de l’OMC sur l’agriculture (OMC, 2014[4]). Les restrictions quantitatives aux importations de riz ont été prolongées unilatéralement jusqu’en décembre 2020. Toutefois, la loi révisée sur la tarification agricole, adoptée en 2018, propose de réformer le système de restrictions quantitatives aux importations de riz (voir Évolutions des mesures commerciales).
Les prescriptions sanitaires et phytosanitaires sont complexes et restent inchangées malgré la réforme du régime de sécurité des aliments de 2013 (entré en vigueur en 2015) avec la loi sur la sécurité des aliments, la première loi-cadre nationale dans ce domaine qui s’applique à tous les aliments, de la ferme à l’assiette, qu’ils soient produits dans le pays ou importés (OMC, 2018[3]).
Plusieurs produits agricoles font l’objet de restrictions à l’exportation et peuvent nécessiter l’obtention d’un permis en plus de l’agrément de l’organisme régulateur. Il s’agit du riz, des céréales et des produits céréaliers et du sucre. Les exportations de riz et de maïs restent soumises à des restrictions et sont en principe contrôlées par la NFA.
Le soutien budgétaire aux producteurs agricoles, qu’il s’agisse des paiements versés aux exploitants à titre individuel ou des dépenses consacrées au secteur agricole dans son ensemble (services d’intérêt général), est faible par rapport à la valeur des transferts occasionnés par les mesures de soutien des prix du marché, et en regard de la moyenne des pays de l’OCDE. Au cours des années 2000, le soutien budgétaire aux producteurs a surtout servi à subventionner l’utilisation d’intrants variables. Toutefois, depuis quelques années, on constate une augmentation des paiements versés aux producteurs pour la formation de capital fixe.
L’assurance récolte s’est notablement développée ces dernières années. Environ 15 % des agriculteurs ont bénéficié d’une couverture gratuite dans ce domaine en 2017 et les pouvoirs publics prévoient de porter à 20 % le taux de bénéficiaires en 2018 (PCIC, 2018[5]). Le système est entièrement dépendant de la Compagnie philippine d’assurance récolte (Philippine Crop Insurance Corporation – PCIC), organisme d’État relevant du ministère de l’Agriculture.
Les dépenses consacrées aux services d’intérêt général augmentent fortement depuis la fin des années 2000. Il s’agit pour l’essentiel d’investissements dans le développement et l’entretien des infrastructures, absorbés en grande partie par des investissements dans les systèmes d’irrigation en dehors de l’exploitation. Les dépenses au titre des services de vulgarisation constituent le deuxième poste le plus important (et en augmentation) de cette forme de soutien.
En 1988, les Philippines ont entrepris une réforme agraire ambitieuse qui couvrait presque les trois quarts du territoire agricole du pays. Fin 2015, la redistribution des terres était pratiquement achevée, mais les droits de propriété n’étaient toujours pas établis et près de la moitié des bénéficiaires relevaient encore du régime de la propriété collective. Diverses restrictions sur les transactions foncières et le caractère incertain des droits de propriété fixent des limites pour les investissements réalisés au niveau des exploitations et pèsent sur les résultats économiques potentiels de la réforme.