Israël s’emploie encore à réformer le soutien à la production animale. Fin octobre 2018, un projet de réforme a été signé entre les pouvoirs publics et les représentants des producteurs laitiers. La réforme vise à passer du mécanisme actuel, fondé sur un prix indicatif fixe versé aux producteurs, à un mécanisme de prix minimum. Le projet prévoit notamment une baisse des prix indicatifs, une nouvelle réduction des droits de douane, l’instauration de subventions en faveur de l’efficience des exploitations laitières et des aides à la cessation de la production laitière. L’objectif est d’engendrer une transformation structurelle du secteur en accroissant la taille moyenne des élevages laitiers. La mise en œuvre de cet accord implique de modifier la législation. L’exposé des motifs justifiant une telle loi a été publié, mais l’examen du texte de loi lui-même a été reporté pour n’intervenir qu’après les élections législatives d’avril 2019.
Le ministère des Finances poursuit les négociations avec les producteurs d’œufs de consommation pour établir un programme de réforme. Parallèlement, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural s’est engagé à faire respecter les normes de salubrité dans les élevages de poules pondeuses. Il organise également un appel à propositions et appel d’offres portant sur la construction de complexes avicoles, pour un montant de 50 millions ILS (14 millions USD). Par ailleurs, la loi de Galilée, entrée en vigueur en 1988 pour aider les détenteurs de quotas de production d’œufs ou de poulets de chair de Galilée et dont les dispositions devaient progressivement prendre fin en 2017, a été renouvelée en 2017 et restait en vigueur en 2018.
En 2018, le Ministère s’employait à mettre en œuvre les plans d’allégement des contraintes réglementaires élaborés en 2015, 2016 et 2017 (OCDE, 2018). Une analyse de la mise en œuvre des plans formulés en 2016 et 2017 montre qu’au 1er janvier 2019, les réformes qui ont pu être menées à terme avaient permis d’économiser chaque année 150 millions ILS (42 millions USD) et 443 000 jours d’attente pour la délivrance de permis administratifs. En outre, en 2018, cinq plans de réduction des contraintes réglementaires ont été élaborés dans les domaines suivants : contrôles vétérinaires des importations de volaille et d’oiseaux ; installations de mise en quarantaine et contrôles vétérinaires liés à l’importation de chevaux ; entretien des animaux et concours d’animaux ; autorisations d’arrachage et de transplantation d’arbres ; attribution de zones de pâturages. Ces plans ont été approuvés par les autorités de réglementation et par le Directeur général du Ministère, et rendus publics en décembre 2018.
Les pouvoirs publics continuent par ailleurs à améliorer le système de commercialisation des produits agricoles, en vue de réduire les coûts et les éventuelles pressions qui s’exercent sur les prix à la consommation1. À la lumière de la concentration croissante des segments de la vente en gros et au détail, et compte tenu des caractéristiques particulières de production et de commercialisation des fruits et des légumes frais (hétérogènes et périssables), le ministère de l’Agriculture a réalisé une analyse d’impact de la réglementation (AIR) sur les pratiques commerciales déloyales, afin de réfléchir à d’autres solutions pour améliorer les relations commerciales entre producteurs, grossistes et distributeurs de fruits et de légumes frais. À l’issue d’une consultation, il a été décidé d’élaborer un code de déontologie non contraignant. Un projet de code a été publié en janvier 2019 afin de recueillir l’avis des parties prenantes. L’efficacité de ce code sera évaluée en 2020 et, si nécessaire, il prendra force obligatoire.
Malgré les tentatives de réduction des prix de l’alimentation, le prix garanti des œufs a continué à augmenter de 3,5 % en moyenne en 2018. Le prix indicatif du lait a reculé pour sa part de 2 % depuis 2017‑18. Quoi qu’il en soit, pour le lait, le prix intérieur à la production reste nettement supérieur aux prix internationaux. Le lait représente 20 % de l’ensemble du soutien des prix du marché dont a bénéficié l’agriculture israélienne en 2018. Par conséquent, il contribue toujours de façon importante au niveau relativement élevé du soutien dispensé aux agriculteurs en Israël.
Les pouvoirs publics ont également soutenu de nouveaux volets de services vétérinaires par l’entremise de l’Agence israélienne de services vétérinaires et de santé animale (IVSAH). Tout en poursuivant la mise en œuvre de ses programmes de lutte contre la brucellose chez les ovins et les caprins, et contre la salmonellose et la campylobactériose de la volaille, l’IVSAH a revu le programme de lutte contre la rage chez les animaux sauvages en 2018. Elle a également conçu un nouveau système informatique destiné à gérer l’immatriculation du bétail et à réduire les lourdeurs administratives grâce à un dispositif en ligne permettant l’établissement de différents permis par l’usager.
En 2018, la sécheresse qui sévit depuis six ans s’est poursuivie, entraînant une nouvelle baisse du niveau de l’eau du lac de Tibériade et des aquifères. Cette situation a contraint le Service des eaux à imposer de nouvelles restrictions de distribution d’eau dans tout le pays, y compris dans le réseau national (‑41 %), alimenté en partie par des usines de désalinisation. Bien que les prévisions de précipitations pour 2019 soient supérieures à la moyenne annuelle (entre 105 % et 110 %), en raison d’un hiver particulièrement pluvieux, le pays reste confronté à un risque de pénurie d’eau à court terme. Le lac de Tibériade présente une salinité très élevée et le niveau des nappes aquifères est insuffisant, à l’exception de celle de la côte. Par conséquent, il est envisagé de raccorder le lac de Tibériade au réseau national et de construire deux usines de désalinisation supplémentaires. Les exploitants relevant du réseau national ont désormais la possibilité de renoncer à une partie du quota en échange d’une aide, de façon à optimiser l’utilisation globale des ressources en eau. Dans la région du lac de Tibériade, des aides ont été accordées en contrepartie de la diminution du volume d’eau attribué, en 2018 comme en 2017.
Parallèlement, la mise en œuvre de la réforme de 2017 sur la tarification de l’eau à usage agricole, qui vise à faire converger les prix de l’eau sur l’ensemble du territoire pour des raisons d’équité (OCDE, 2018), se poursuit. Le prix facturé aux producteurs du secteur privé a été relevé pour la deuxième fois, tandis que celui s’appliquant aux usagers de la compagnie nationale des eaux Mekorot a baissé pour s’établir à 1.98 ILS/m3 (0.55 USD/m3). La hausse des prix se poursuivra en 2019 pour les usagers du secteur privé, tandis que les tarifs appliqués aux clients de Mekorot seront ramenés à 1.54 ILS/m3 (0.43 USD/m3) dans les zones privées d’autres sources d’approvisionnement, et à 1.81 ILS/m3 (0.50 USD/m3) dans le reste du pays. En outre, des aides financières sont accordées aux producteurs du secteur privé dans la vallée de la Houla, de façon à se prémunir contre des risques écologiques par l’irrigation des tourbières. Les autres producteurs pourront prétendre à une indemnisation en contrepartie des hausses de prix à partir de 2019.
Les risques liés à l’eau et les autres risques climatiques sont toujours au cœur des efforts déployés par Israël pour renforcer l’adaptation du secteur agricole au changement climatique. En plus de ses programmes de recherche‑développement à long terme, sur la préservation des sols, la conservation des ressources phytogénétiques et les moyens d’adaptation, le ministère de l’Agriculture et du Développement durable travaille actuellement avec le service météorologique israélien (IMS) à établir une carte reprenant les indicateurs quantitatifs du changement climatique applicables à l’agriculture. Ces travaux constitueront le point de départ d’une étude d’impact du changement climatique. Pour réaliser cette cartographie des risques liés au changement climatique qui pèsent sur l’agriculture, il est nécessaire d’adopter une résolution spatiale et temporelle adaptée. Il est également nécessaire de comprendre les types de sensibilité au changement climatique propres à chaque sous-secteur ou activité agricole. Grâce à la collaboration de spécialistes du climat, d’agriculteurs, de chercheurs et d’agents de vulgarisation agricole, il a été possible de définir une soixantaine d’indicateurs du changement climatique qui entrent en jeu dans l’agriculture israélienne (nombre annuel de journées où la température dépasse 34oC, plus grand nombre de journées consécutives sans précipitations et autres indicateurs déterminants). Les services météorologiques mènent actuellement plusieurs analyses des indices climatiques rétrospectifs et anticipatifs. Ce projet, qui devrait s’achever en 2020, aidera à quantifier les impacts économiques et agricoles du changement climatique sur différents sous-secteurs, et servira de point de référence à l’évaluation des risques.
Les pouvoirs publics ont également continué à investir dans la viabilité future du secteur agricole. En septembre 2017, les ministères de l’Agriculture et des Finances ont signé un accord prévoyant de débloquer une enveloppe de 160 millions ILS (44.5 millions USD) sur trois ans en faveur de la prochaine génération d’agriculteurs. Sur l’enveloppe globale, 45 millions ILS (12.5 millions USD) servent à inciter de nouveaux agriculteurs à se lancer en prenant en charge 40 % de leur investissement initial. La même somme (45 millions ILS, 12.5 millions USD) a servi à subventionner (à hauteur de 25 %) des investissements dans les nouvelles technologies réalisés par des exploitants quels qu’ils soient ; 10 millions ILS (2.8 millions USD) ont permis à l’État de garantir des crédits souscrits par des agriculteurs ; 15 millions ILS (4.2 millions USD) ont été affectés à l’amélioration des plantes par la création de variétés nouvelles et de niche et, enfin, les 45 millions ILS (12.5 millions USD) restants ont été employés pour renouveler le budget des programmes en cours.
L’un des programmes financés par cette dernière enveloppe vise à apporter un soutien aux marchés fermiers. Le ministère de l’Agriculture a en effet décidé de leur consacrer un budget de 20 millions ILS (5.6 millions USD). Vingt-sept communes se sont engagées à lancer le processus, mais on ne dénombrait que trois marchés de ce type début 2019.
Les pouvoirs publics apportent également une aide à la création et à la viabilité de startups dans le domaine des nouvelles technologies agricoles. Le Ministère souhaite soutenir ce secteur émergent et permettre à un plus grand nombre de nouvelles technologies de parvenir jusqu’à la mise sur le marché malgré les obstacles économiques souvent rencontrés par les innovateurs à cette étape. Ainsi, en 2018 a été mis en place un nouveau dispositif d’aide doté d’un budget total de 20 millions ILS (5.6 millions USD) (participation de l’État comprise entre 30 % et 60 % des coûts éligibles), en collaboration avec l’Autorité israélienne pour l’innovation (IIA). Ce dispositif comportera trois volets : 1) fournir des services de recherche‑développement aux entreprises ; 2) favoriser la coopération entre entreprises et centres régionaux de recherche et de développement ; et 3) accorder des aides au développement de nouveaux produits (prototypes) sur le site du client à l’étranger. Les sommes ont été affectées au ministère de l’Agriculture en 2018 mais ne seront mises à disposition des bénéficiaires qu’en 2019.
Dans la religion juive, la chemitta est une année sabbatique qui revient tous les sept ans et durant laquelle il est interdit de cultiver les terres agricoles. La prochaine chemitta aura lieu de septembre 2021 à septembre 2022. Dans la pratique, les agriculteurs ont le choix entre différentes solutions. Dans leur vaste majorité, ils « louent » symboliquement leurs terres à des non‑Juifs une année durant et continuent à les cultiver, mais certains d’entre eux (moins de 1 % en 2015) appliquent cette prescription à la lettre et cessent d’exploiter leurs terres. En novembre 2017, les ministères de l’Agriculture et des Finances ont signé un accord innovant destiné à aider ces agriculteurs à préparer la prochaine année sabbatique. Selon les dispositions de l’accord, les agriculteurs alimenteront un compte d’épargne en fonction de leurs recettes annuelles et l’État versera un abondement égal au triple de leurs avoirs afin de les aider à faire face à la perte de revenus liée à l’observation de la chemitta. Un montant de 81 millions ILS (22.5 millions USD) a été affecté à ce dispositif pour les années 2018 à 2021.