Un paiement supplémentaire en faveur des jeunes agriculteurs, en sus du RPB et du RPUS, est versé dans tous les États membres. En 2018, il a absorbé 0.9 % de l’enveloppe des paiements directs de l’Union européenne, comme indiqué dans le budget général. Les États membres appliquent cette mesure selon diverses modalités. Certains proposent un montant forfaitaire pour un nombre limité d’hectares, d’autres un paiement proportionnel à l’aide reçue au titre du RPB ou du RPUS. Outre ce complément obligatoire, 25 États membres ont choisi d’affecter une partie de leurs dépenses en matière de développement rural – 4 % en moyenne – à des mesures en faveur des jeunes agriculteurs. La majeure partie de ces sommes sert à financer le développement des exploitations et les investissements.
Quinze États membres ont opté pour un dispositif simplifié de paiement – le régime des petits agriculteurs – qui exonère les petites exploitations des obligations de verdissement et de conditionnalité. Ce paiement est plafonné à 1 250 EUR (1 475 USD) par exploitation et, selon la méthode choisie par l’État membre, le coût total de ce régime peut être plafonné à 10 % de l’enveloppe nationale des paiements directs.
Le Danemark et la Slovénie appliquent le régime des paiements directs du premier pilier aux zones soumises à des contraintes naturelles (ZSCN). Ces zones sont définies d’après huit critères biophysiques7. Actuellement, le Danemark et la Slovénie affectent aux ZSCN respectivement 0.3 % et 1.6 % de leur enveloppe nationale de paiements directs. Des paiements ciblés sur une zone soumise à des contraintes naturelles ou spécifiques peuvent également être budgétés dans le cadre du PDR ; ils correspondent au soutien aux zones défavorisées prévu dans la PAC précédente. Ces mesures sont appliquées dans 25 États membres et ont représenté en 2017 et 2018, respectivement, 29 % et 21 % des dépenses publiques affectées au second pilier (y compris les contributions des budgets nationaux des États membres). Jusqu’à présent, les États membres ont utilisé jusqu’à 140 critères différents pour déterminer le classement en ZSCN pour les paiements du second pilier. Ces critères sont en train d’être remplacés par les huit critères biophysiques déjà applicables au régime ZSCN du premier pilier. À l’origine prévue pour 2018, l’échéance fixée pour la réévaluation des zones admissibles par les États membres a été reportée à 2019.
Dix États membres ou régions ont choisi de renforcer le soutien accordé aux premiers hectares8, au titre du paiement redistributif, et y consacrent au total 4.1 % de l’enveloppe des paiements directs de la PAC, selon le budget général de l’Union européenne.
Les États membres qui optent pour le paiement redistributif peuvent s’exonérer de l’application du principe de dégressivité, et six États membres ont choisi de le faire9. Le système de dégressivité prévoit de réduire d’au moins 5 % les paiements de base au-delà de 150 000 EUR (177 028 USD) par bénéficiaire. Les montants déduits en application de ce système sont transférés au second pilier et servent à financer les PDR des États membres. Quatorze États membres10 ont opté pour la réduction minimale. Dix États membres ajoutent les salaires versés au montant exonéré de la réduction de 5 %, comme le permet le dispositif. Dix États membres appliquent aux paiements de base un plafond global qui va de 150 000 EUR (177 028 USD) à 600 000 EUR (708 111 USD)11.
Une réserve de crise est prévue pour les situations d’urgence. Elle est financée sur le budget des paiements directs du premier pilier. Si elle n’est pas utilisée dans l’année courante, cette enveloppe est restituée aux paiements directs du premier pilier pour être distribuée la même année. La réserve de crise est reconstituée chaque année ; elle n’a jamais été utilisée jusqu’à présent comme fonds de secours.
Le programme POSEI (programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité) apporte un soutien à l’agriculture des régions ultrapériphériques de l’Union européenne au moyen de paiements liés à la production. Ce soutien est destiné à favoriser l’accès des populations locales à des produits alimentaires, des aliments pour animaux et des intrants, ainsi que le développement de la production agricole locale ; en 2018, il a absorbé un peu plus de 1 % de l’enveloppe des paiements directs.
Le premier pilier finance également des mesures de soutien aux marchés des produits de base, pour un montant qui s’est établi en 2018 à 6.1 % du budget total de l’agriculture et du développement rural. Les prix payés aux producteurs à l’intérieur de l’Union européenne ont été en moyenne de 5 % supérieurs aux cours mondiaux en 2016-18, et le soutien ainsi généré (soutien des prix du marché) a représenté 19 % de l’estimation du soutien aux producteurs agricoles.
L’intervention publique reste possible pour des céréales (à savoir pour le blé tendre, le blé dur, l’orge et le maïs), mais elle n’a pas été activée ces dernières années. Pour le blé tendre, les achats au prix d’intervention sont limités à 3 millions de tonnes, une procédure d’adjudication s’appliquant au-delà de ce plafond. Une intervention publique par adjudication peut être ouverte dans des circonstances particulières pour le blé dur, l’orge et le maïs. Des systèmes similaires s’appliquent au riz non décortiqué. Jusqu'au 30 septembre 2017, le sucre bénéficiait d’un soutien sous la forme de quotas de production, complétés par un prix minimum pour la betterave sucrière. Les dispositions existantes régissant les accords entre les entreprises sucrières et les agriculteurs ont été maintenues depuis l’abolition du régime contingentaire. Par ailleurs, le sucre blanc est resté admissible au bénéfice de l’aide au stockage privé. Dans le cas des céréales et du sucre, le régime de soutien apporte aussi une protection à la frontière passant par des droits de douane et des contingents tarifaires. Aucune restitution à l’exportation n’a été attribuée depuis juillet 2013. En outre, depuis la conférence ministérielle de l’OMC à Nairobi en décembre 2015, l’Union européenne s’est engagée à ne pas recourir aux subventions à l’exportation.
Les fruits et les légumes peuvent bénéficier du dispositif de soutien couplé facultatif et des paiements au titre de produits. Diverses mesures de marché sont également prévues pour les soutenir. Celles-ci comprennent des mesures d’intervention en cas de crise, pouvant être mises en œuvre par les organisations de producteurs, un dispositif de prix d’entrée (prix minimum d’importation) pour certains produits et des droits ad valorem, mais pas de subventions à l’exportation. Les fruits et les légumes, ainsi que l’huile d’olive et les olives de table, bénéficient en outre d’aides cofinancées par les États membres. Ces dernières reposent sur un large éventail de de dispositions, qui vont de la planification de la production et des mesures de qualité au retrait du marché et à l’assurance récolte, en passant par la formation, la promotion et la communication. Certaines de ces dispositions s’appliquent sur l’exploitation tandis que d’autres visent les organisations de producteurs ou l’ensemble du secteur. Le stockage privé peut aussi être mis en œuvre, à titre facultatif, pour l’huile d’olive et la filasse de lin. Dans la PAC 2014‑20, les règles relatives à la reconnaissance des organisations de producteurs et des organisations interprofessionnelles sont étendues à d’autres secteurs que celui des fruits et des légumes. Les compensations peuvent être plus élevées lorsque les agriculteurs sollicitent un soutien par l’intermédiaire de groupements de producteurs. C’est ce que l’on a vu dans le cas de l’embargo sur les importations, imposé par la Fédération de Russie.
Dans la même filière, un dispositif de soutien encourage la consommation de fruits et de légumes frais et transformés, et de produits à base de banane, dans les écoles. Le budget de ce dispositif a connu une augmentation rapide, passant de 29 millions EUR (32 millions USD), lors de sa mise en place en 2010, à 117 millions EUR (129 millions USD) en 2016. Un dispositif similaire encourage la consommation de lait dans les écoles, avec un budget de 64 millions EUR (72 millions USD) en 2017. En août 2017, les deux dispositifs ont été fusionnés sous le titre « programmes à destination des écoles » et les budgets réunis pour un montant de 188 millions EUR (212 millions USD).
Dans le secteur laitier, des prix d’intervention ont été fixés pour le beurre et le lait écrémé en poudre, qui font également l’objet de mesures de protection à l’importation. Les achats d’intervention sont limités à 50 000 tonnes dans le cas du beurre et à 109 000 tonnes dans celui du lait écrémé en poudre, soit 2 % et 7 % de la production, respectivement, en 2018. Au-delà, les achats s’effectuent par adjudication.
Sur le marché de la viande bovine, les instruments de soutien sont les prix planchers, les droits de douane et les contingents tarifaires. Le soutien de la viande porcine passe par une protection à l’importation. En ce qui concerne la viande ovine, le soutien comprend des droits de douane et des contingents tarifaires, la plupart des contingents par pays étant en franchise de droits. Les marchés de la volaille et des œufs bénéficient également de contingents tarifaires. Un mécanisme facultatif de stockage privé peut être activé pour le beurre, le lait écrémé en poudre, certains fromages, et la viande bovine, porcine, ovine et caprine. Enfin, le lait et les produits laitiers font l’objet de dispositions particulières.
Le secteur vitivinicole est soumis à un système d'autorisations qui limite les nouvelles plantations. Depuis janvier 2016, celles-ci sont autorisées mais ne peuvent dépasser chaque année 1 % de la superficie du vignoble. Des autorisations sont automatiquement accordées aux producteurs pour remplacer les vignes existantes arrachées. Les États membres ont jusqu’au 31 décembre 2020 pour passer au nouveau système. Le secteur bénéficie aussi de mesures de promotion au sein de l’Union européenne et dans les pays tiers, ainsi que d’autres dispositifs de soutien : restructuration et conversion des vignobles, compensation en cas de récolte en vert, création de fonds mutuels, investissements matériels et immatériels, assurance revenu, élaboration de nouveaux produits, procédés et technologies, et distillation des sous-produits.
Le développement rural fait partie du cadre stratégique commun à l’échelle de l’Union européenne, qui couvre toutes les aides des fonds structurels et d’investissement européens (le FEADER, le FEDER, le Fonds de cohésion, le FSE et le FEAMP) octroyées à l’État membre concerné par le biais de partenariats. Les six priorités du second pilier de la PAC 2014-20 financées par le FEADER sont les suivantes : 1) favoriser le transfert de connaissances et l’innovation ; 2) renforcer la compétitivité de tous les types d’agriculture et soutenir la gestion durable des forêts ; 3) promouvoir l’organisation de la filière alimentaire, y compris la transformation et la commercialisation, ainsi que la gestion des risques ; 4) restaurer, préserver et renforcer les écosystèmes ; 5) promouvoir l’utilisation efficace des ressources et la transition vers une économie à faibles émissions de carbone ; et 6) promouvoir l’inclusion sociale, la réduction de la pauvreté et le développement économique dans les zones rurales (tableau 11.5). Les financements du second pilier sont utilisés dans le cadre de PDR nationaux (ou régionaux). Ces programmes soutiennent aussi des projets utilisant « l’approche LEADER » (liaison entre actions de développement de l’économie rurale) – une approche multisectorielle qui s’appuie sur des partenariats locaux pour remédier à des problèmes locaux – et des activités d’assistance technique à la mise en œuvre des mesures du second pilier.