Les chirurgies de remplacement de la hanche et du genou comptent parmi les interventions les plus couramment réalisées et les plus efficaces dans le monde. L’indication la plus fréquente de remplacement de la hanche et du genou (chirurgie de remplacement de l’articulation) est l’arthrose, qui diminue les capacités fonctionnelles et la qualité de vie.
L’arthrose est une forme d’arthrite dégénérative caractérisée par l’usure du cartilage qui amortit et fluidifie le mouvement des articulations – le plus souvent du genou et de la hanche. Elle se traduit par des douleurs, des enflures et une raideur qui résultent en une perte de mobilité et de capacité fonctionnelle. Elle est l’une des dix maladies les plus invalidantes dans les pays développés. Selon les estimations, 10 % des hommes et 18 % des femmes de plus de 60 ans souffrent d’arthrose symptomatique, sous une forme modérée ou sévère, dans le monde (OMS, 2014[23]).
L’âge est le principal déterminant de l’apparition et de l’évolution de l’arthrose. Cette pathologie est plus répandue chez les femmes, et progresse au-delà de 50 ans, affectant notamment la main et le genou. Les autres facteurs de risque sont l’obésité, le manque d’activité physique, le tabac, la consommation excessive d’alcool et les blessures. L’arthroplastie se pratique essentiellement sur les personnes de 60 ans et plus, mais elle peut également s’effectuer sur des personnes plus jeunes.
En 2019, l’Allemagne, la Suisse, l’Autriche, la Finlande et la Belgique figuraient parmi les pays présentant les taux les plus élevés d’arthroplastie de la hanche et du genou (Graphique 5.25 et Graphique 5.26). Les moyennes de l’OCDE sont de 174 pour 100 000 habitants en ce qui concerne les remplacements de la hanche, et de 137 pour 100 000 habitants en ce qui concerne les remplacements du genou. Le Mexique, le Costa Rica, le Chili, le Portugal, Israël et l’Irlande ont de faibles taux d’arthroplastie de la hanche et du genou. Des différences dans la structure de la population peuvent partiellement expliquer ces variations entre pays, et une standardisation par l’âge les réduit dans une certaine mesure. Néanmoins, des écarts prononcés subsistent, et le classement des pays n’est pas bouleversé une fois effectuée la standardisation par l’âge (McPherson, Gon et Scott, 2013[24]).
Les moyennes nationales peuvent masquer d’importantes variations des taux de remplacement de la hanche et du genou à l’intérieur d’un pays. En Australie, au Canada, en Allemagne, en France et en Italie, le taux d’arthroplastie du genou varie de plus du simple au double dans certaines régions, même après standardisation par l’âge (OCDE, 2014[25]). Outre le nombre d’interventions, la qualité de la chirurgie (voir l’indicateur « Chirurgie de la hanche et du genou » au chapitre 6) et les délais d’attente (voir l’indicateur « Délai d’attente avant une chirurgie élective ») revêtent une importance primordiale pour les patients.
Depuis 2009, le nombre d’arthroplasties de la hanche et du genou a rapidement augmenté dans la plupart des pays de l’OCDE (Graphique 5.27 et Graphique 5.28). Entre 2009 et 2019, le taux de remplacement a progressé de 22 % en moyenne pour la hanche, et de 35 % pour le genou. Cette hausse correspond à l’incidence et à la prévalence croissantes de l’arthrose, en raison du vieillissement démographique et de l’augmentation des taux d’obésité dans les pays de l’OCDE. Aux États-Unis, par exemple, la prévalence de l’arthrose du genou a plus que doublé depuis le milieu du XXe siècle (Wallace et al., 2017[26]). La plupart des pays de l’OCDE affichent des tendances à la hausse à des degrés divers, mais l’Irlande enregistre une croissance plus lente que la moyenne en ce qui concerne le nombre d’arthroplasties à la fois de la hanche et du genou, tandis que l’Italie affiche une croissance supérieure à la moyenne.
En 2020, cependant, les premières données provenant de quelques pays de l’OCDE indiquent une chute des opérations de la hanche et du genou. En effet, le report des interventions chirurgicales non urgentes ou de confort a été l’une des principales mesures prises par les pays pour augmenter les capacités de leur système de santé face à la flambée des cas de COVID‑19. Par exemple, les données de 2020 indiquent une baisse de plus de 20 % des arthroplasties de la hanche en Irlande et en Italie, et de plus de 10 % en Norvège et en République tchèque par rapport à 2019. Les taux d’arthroplastie du genou ont diminué quant à eux de 30 % environ en Italie, en Irlande et en République tchèque en 2020 par rapport à 2019, et de 8 % en Norvège.