Le cancer du sein est le cancer dont l’incidence est la plus élevée chez les femmes dans l’ensemble des pays de l’OCDE, et représente la deuxième cause de décès par cancer la plus fréquente chez les femmes (voir l’indicateur « Incidence du cancer et mortalité » au chapitre 3). Bien que la qualité et les résultats de la prise en charge du cancer du sein se soient généralement améliorés ces dernières années, comme le montrent les estimations de survie améliorées, la pandémie de COVID‑19 peut avoir un impact négatif sur les résultats du traitement du cancer du sein dans les pays de l’OCDE.
Au début de la pandémie, de nombreux systèmes de santé ont donné la priorité aux besoins urgents, et les programmes de dépistage du cancer ont été suspendus (OCDE, 2021[6]). De nombreuses femmes ont également reporté la sollicitation de soins de santé afin de réduire le risque de transmission du COVID‑19, ce qui a engendré une baisse du recours au dépistage du cancer du sein dans de nombreux pays de l’OCDE (voir chapitre 2, « L’incidence du COVID‑19 sur la santé », et Graphique 6.32). Ces changements vont ralentir la progression vers un diagnostic plus précoce réalisée dans les pays de l’OCDE ayant adopté des programmes de dépistage du cancer du sein (OCDE, 2013[43]), des programmes qui ont engendré un passage de la proportion de femmes en âge d’être dépistées bénéficiant d’une mammographie de 57.3 % en 2009 à 61.7 % en 2019.
Les changements dans le stade de la maladie au moment du diagnostic peuvent être le signe d’évolutions en ce qui concerne l’accès à temps à une prise en charge de qualité du cancer du sein. Entre 2010 et 2014, 51.5 % des femmes atteintes d’un cancer du sein ont été diagnostiquées à un stade précoce, et 8.6 % à un stade avancé dans les pays de l’OCDE (Graphique 6.33). Pendant la pandémie de COVID‑19, la répartition des stades a changé dans plusieurs pays de l’OCDE. Aux Pays-Bas, où le dépistage du cancer du sein a été interrompu, par exemple, la proportion de patientes atteintes d’un cancer du sein diagnostiquées à un stade avancé a été plus élevée pendant la première vague de la crise en 2020 qu’au cours de la même période ces deux années précédentes (NABON COVID-19 Consortium and the COVID and Cancer-NL Consortium, 2021[44]).
Les reports de dépistage, de diagnostic et de traitement pourraient entraîner des résultats moins bons pour les patientes atteintes d’un cancer du sein dans un avenir proche. Pour atténuer le plus possible ces conséquences, quelques pays de l’OCDE, comme le Danemark, se sont efforcés d’accroître le recours au dépistage et de réduire les retards de diagnostic du cancer.
La collecte des mesures des résultats déclarés par les patientes (PROM) en ce qui concerne la prise en charge du cancer du sein est en pleine croissance ; ces mesures peuvent apporter des éléments d’information pour les choix de traitement et l’action des pouvoirs publics visant à améliorer la qualité des services de prise en charge des patientes atteintes du cancer du sein. De nombreux pays de l’OCDE étendent leurs initiatives PROM en ce qui concerne le cancer du sein au niveau régional (p. ex., l’Italie) et national (p. ex., les Pays-Bas et la Suède) afin que leur système de santé soit davantage centré sur la personne.
La crise du COVID‑19 a amplifié les avantages, pour les systèmes de santé, de disposer d’un système de collecte systématique des PROM. La pandémie a mis les systèmes de santé au défi d’améliorer le délai de prise en charge du cancer du sein et de proposer un traitement plus approprié dans quelques pays de l’OCDE. Les données montrent qu’à partir du moment où la pandémie s’est déclarée, les patientes atteintes du cancer du sein et les survivantes ont eu moins tendance à contacter des médecins et ont constaté une détérioration de leur fonctionnement émotionnel et leur santé mentale (Bargon, 2021[45]). Dans le but de diminuer le plus possible la complexité chirurgicale, la durée du séjour, les risques de complications et le risque d’infection par le COVID‑19, certains pays, dont la Suède, le Royaume‑Uni et les États-Unis (Brigham and Women’s Hospital) ont réduit ou suspendu toutes les opérations de reconstruction mammaire prévues dans l’immédiat et les ont reportées à une date ultérieure à définir dès lors que les services seraient revenus à la normale (Dave, 2021[46] ; Regionala Cancercentrum I Samverkan, 2021[47]). Ces perturbations des soins ont considérablement affecté la capacité des hôpitaux participants à fournir des données PROM à l’OCDE.
Le Graphique 6.34 présente les résultats bruts (non ajustés) en matière de satisfaction des patientes à l’égard de leur sein 6 à 12 mois après une chirurgie mammaire (chirurgie conservatrice du sein et reconstruction mammaire après une mastectomie) pour 10 sites cliniques de neuf pays. Les résultats indiquent un taux de satisfaction supérieur après une chirurgie conservatrice dans certains établissements, mais pas dans tous. Les résultats bruts moyens consolidés pour 10 sites à l’exception de la Suisse montrent que les patientes sont davantage satisfaites de leurs seins après une chirurgie conservatrice du sein qu’après une reconstruction mammaire.