Dans presque tous les pays de l’OCDE, le personnel infirmier constitue la catégorie de soignants la plus nombreuse. La pandémie de COVID‑19 a une nouvelle fois rappelé combien leur rôle est essentiel dans la prestation de soins à l’hôpital, dans les établissements de soins de longue durée et dans la communauté.
En 2019, on comptait un peu moins de neuf infirmiers pour 1 000 habitants en moyenne dans les pays membres de l’OCDE, allant de moins de trois pour 1 000 habitants en Colombie, en Turquie, au Mexique et au Chili, à 18 environ en Norvège et en Suisse (Graphique 8.12).
L’Afrique du Sud, l’Indonésie et l’Inde comptent relativement peu d’infirmiers – moins de 2.5 pour 1 000 habitants. En Chine, leur nombre a augmenté rapidement au cours des deux dernières décennies, passant de 1.0 pour 1 000 habitants en 2000 à 3.1 en 2019.
Entre 2000 et 2019, le nombre d’infirmiers par habitant s’est accru dans presque tous les pays de l’OCDE, et la moyenne est passée de 7.0 pour 1 000 habitants en 2000 à 8.8 pour 1 000 en 2019. Israël et la République slovaque sont les deux seuls pays de l’OCDE où le nombre d’infirmiers par habitant a diminué sur cette période. En Israël, cette évolution s’explique par une croissance de la population (+44 %) plus rapide que celle du personnel infirmier (+33 %). En République slovaque, le nombre d’infirmiers a diminué dans les années 2000 et reste depuis à un bas niveau.
Au Royaume‑Uni et en Irlande, le nombre d’infirmiers par habitant en 2019 était à peu près le même qu’en 2000, la progression ayant suivi de près la croissance de la population. Dans les pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), le nombre d’infirmiers par habitant reste également assez stable depuis 2000, car, en valeur absolue, il a diminué à peu près au même rythme que la population en général.
La Norvège et la Suisse figurent parmi les pays qui ont réussi à augmenter considérablement leurs effectifs infirmiers au cours des 20 dernières années. En Norvège, cette augmentation substantielle est le fruit d’une série de mesures visant à attirer davantage d’étudiants dans les formations en soins infirmiers et à retenir davantage d’infirmiers dans la profession grâce à une amélioration des conditions de travail. En 2016, le gouvernement norvégien a adopté un plan d’action sur cinq ans, le Competence Lift 2020, qui vise à améliorer les compétences, la rémunération et le taux de rétention des infirmiers. Ce plan d’action a été prolongé de cinq années supplémentaires sous le nom de Competence Lift 2025. Toutefois, même si le nombre d’infirmiers a augmenté, le nombre qui quitte la profession reste élevé, en particulier dans le secteur des soins de longue durée.
En Suisse, l’augmentation récente du nombre d’infirmiers est principalement due à une hausse du nombre d’« infirmiers de niveau intermédiaire » dont les qualifications sont inférieures à celles des « infirmiers professionnels » (ou « infirmiers diplômés »). Entre 2010 et 2019, le nombre d’infirmiers de niveau intermédiaire a progressé presque trois fois plus vite que celui des infirmiers professionnels, et la part des infirmiers de niveau intermédiaire est passée de 29 % en 2010 à 35 % en 2019. Malgré cette progression, les hôpitaux et autres établissements de santé peinent toujours à recruter des infirmiers et une pénurie de personnel infirmier est à craindre dans les années à venir.
Dans la plupart des pays, l’augmentation du nombre d’infirmiers s’explique par celle des infirmiers nouvellement diplômés dans le pays (voir l’indicateur « Personnel infirmier nouvellement diplômé »). Toutefois, dans certains pays, l’immigration de personnel infirmier formé à l’étranger joue elle aussi un rôle important. Ainsi, en Nouvelle‑Zélande et en Suisse, plus d’un quart (25 %) des infirmiers en exercice ont obtenu leur premier diplôme d’infirmier dans un autre pays. C’est également le cas de plus 15 % en Australie et au Royaume‑Uni (voir l’indicateur « Migration internationale des médecins et du personnel infirmier »). En Suisse, la plupart des infirmiers formés à l’étranger viennent de France et d’Allemagne, et leur nombre a fortement augmenté ces dernières années.
Les infirmiers sont plus nombreux que les médecins dans la plupart des pays de l’OCDE. En moyenne, on compte un peu moins de trois infirmiers pour un médecin. Le ratio du personnel infirmier par rapport au nombre de médecins va d’environ un en Colombie, au Chili, au Costa Rica, au Mexique et en Turquie, à plus de quatre au Japon, en Finlande, aux États-Unis et en Suisse (Graphique 8.13).
Dans de nombreux pays, la pandémie de COVID‑19 a suscité une forte demande de recrutement de personnel infirmier. Aux États-Unis, les offres d’emploi en ligne pendant la pandémie ont augmenté de 27 % pour les infirmiers certifiés (« registered nurses ») et de 22 % pour les infirmiers agréés auxiliaires (« licensed practical/vocational nurses »). Au Canada, elles ont augmenté de 6 % pour la première catégorie et de 39 % pour la seconde (OCDE, 2021[1]).