Le nombre de nouveaux diplômés en soins infirmiers est un indicateur important permettant d’évaluer le nombre de nouveaux entrants dans la profession susceptibles de remplacer les infirmiers qui prendront leur retraite et de combler toute pénurie actuelle ou future d’infirmiers. Le nombre de diplômés en soins infirmiers pour une année donnée est le résultat de décisions prises quelques années plus tôt (environ trois ans) concernant l’admission des étudiants, soit par le biais de politiques explicites de numerus clausus (fixation de quotas pour l’admission des étudiants), soit par d’autres processus décisionnels, même si le taux de diplômés dépend également du taux d’abandon des étudiants.
Globalement, le nombre d’infirmiers nouvellement diplômés dans les pays de l’OCDE est passé d’environ 350 000 en 2000 à 520 000 en 2010 et à 620 000 en 2019. En 2019, on comptait moins de 20 infirmiers nouvellement diplômés pour 100 000 habitants en Colombie, au Luxembourg, au Mexique, en Italie et en Turquie, contre plus de 100 en Australie, en Suisse et en Corée (Graphique 8.21). En Colombie, au Mexique et en Turquie, ce chiffre tient au faible nombre d’infirmiers travaillant dans le système de santé (voir l’indicateur « Personnel infirmier »). Au Luxembourg, le faible nombre d’infirmiers nouvellement diplômés est compensé par le nombre élevé d’étudiants luxembourgeois qui obtiennent leur diplôme d’infirmier dans un autre pays, ainsi que par la capacité de ce pays à attirer des infirmiers étrangers grâce à de meilleures conditions de rémunération et de travail (voir l’indicateur « Rémunération du personnel infirmier »).
En Italie, le nombre d’infirmiers nouvellement diplômés a augmenté assez rapidement dans les années 2000, mais il recule depuis 2013. Le nombre de candidatures aux programmes de formation en soins infirmiers a fortement diminué au cours des années précédant la pandémie de COVID‑19, témoignant d’une baisse d’intérêt pour cette profession.
Dans de nombreux pays, les jeunes considèrent encore le métier d’infirmier comme une profession offrant un faible statut professionnel, peu d’autonomie et peu de perspectives de carrière. L’enquête PISA 2018 de l’OCDE, menée auprès d’élèves de 15 ans fréquentant l’enseignement secondaire, a mis en lumière le défi que représente, dans de nombreux pays, le recrutement d’étudiants en soins infirmiers. On a demandé à ces jeunes d’indiquer l’emploi qu’ils pensaient occuper à l’âge de 30 ans. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, environ 3 % des jeunes prévoyaient de devenir infirmiers. En Estonie, en Italie, en Lettonie, en Lituanie et en Turquie, c’était le cas de moins de 1 % des personnes interrogées. Dans tous les pays, les filles ont été nettement plus nombreuses que les garçons à manifester un intérêt pour cette profession. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, 92 % des jeunes envisageant la profession d’infirmier étaient des femmes (Mann et Denis, 2020[20]). On retrouve donc toujours la composition par sexe traditionnelle du personnel infirmier.
Pour attirer davantage d’étudiants dans les filières de formation en soins infirmiers, l’une des principales stratégies consiste à cibler un groupe d’étudiants plus diversifié et moins traditionnel, notamment des hommes et des personnes issues de groupes minoritaires. Toutefois, comme l’indique une étude indépendante réalisée en 2019 à la demande du gouvernement australien, la capacité à accroître la représentation des hommes et des autres étudiants sous-représentés dans ce domaine est limitée par la perception de cette activité comme un « travail de femme » et par la perception de son statut dans la population (Williams et al., 2020[21]).
Malgré ces difficultés, plusieurs pays ont réussi à faire progresser le nombre d’étudiants dans les formations d’infirmiers, comme en témoigne le nombre croissant de nouveaux diplômés (Graphique 8.22). Aux États-Unis, leur nombre a doublé entre 2000 et 2010 (passant d’environ 100 000 en 2000 à 200 000 en 2010) dans un contexte d’inquiétude généralisée au sujet d’une pénurie d’infirmiers possiblement très forte, même si leur nombre est resté relativement stable depuis 2010. En Suisse, le nombre de jeunes diplômés a augmenté de 50 % environ depuis 2010, notamment en raison d’une hausse du nombre d’« infirmiers de niveau intermédiaire » diplômés.
En Norvège, le nombre d’étudiants admis dans des programmes de formation en soins infirmiers et diplômés à l’issue de ce cursus progresse également depuis 2010 : en 2017, le nombre d’infirmiers nouvellement diplômés était supérieur d’un tiers à celui enregistré en 2010. Toutefois, jusqu’à un infirmier nouvellement diplômé sur cinq exerce en dehors du secteur de la santé. Ce constat a donné lieu à la mise en place d’une série de mesures ces dernières années pour améliorer les conditions de travail des infirmiers et ainsi accroître les taux de rétention, notamment par des hausses de salaire.
En Israël, les effectifs d’infirmiers nouvellement diplômés ont été multipliés par près de 2.5 depuis 2010, mais ils restent inférieurs à la moyenne de l’OCDE au regard de la taille de la population du pays.