Tous les pays de l’OCDE voient dans le marché des génériques et des biosimilaires l’occasion de renforcer l’efficience des dépenses pharmaceutiques, mais beaucoup ne tirent pas pleinement parti des possibilités offertes par ce marché. Les génériques ont représenté en 2019 plus des trois quarts du volume des produits pharmaceutiques vendus en Allemagne, au Canada, au Chili, en Nouvelle‑Zélande, aux Pays-Bas et au Royaume‑Uni, mais moins d’un quart au Luxembourg et en Suisse (Graphique 9.7). En valeur, les génériques représentaient plus de deux tiers des produits pharmaceutiques vendus au Chili en 2019, mais en moyenne moins d’un quart dans les pays de l’OCDE. Les différences de structure des marchés (notamment le nombre de médicaments tombés dans le domaine public) et de pratique de prescription expliquent certaines divergences entre pays, mais la consommation de génériques est aussi liée aux politiques en vigueur (OCDE, 2018[7] ; Socha-Dietrich, James et Couffinhal, 2017[8]). En Autriche, par exemple, les pharmaciens ne sont pas autorisés à remplacer un médicament par son générique. Au Luxembourg, le remplacement par un générique par les pharmaciens est limité à certains médicaments.
De nombreux pays ont adopté des incitations financières à l’intention des médecins, des pharmaciens et des patients pour stimuler le marché des génériques. Ces dix dernières années, la France et la Hongrie, par exemple, ont adopté des mesures destinées, grâce à un système de rémunération basée sur la performance, à inciter les généralistes à prescrire des génériques. En Suisse, les pharmaciens reçoivent une rémunération lorsqu’ils remplacent un médicament par son générique ; en France, les pharmacies reçoivent un bonus si elles affichent un taux de substitution élevé. Dans de nombreux pays, les tiers payeurs remboursent un montant fixe pour un médicament donné, ce qui permet au patient de choisir entre le princeps et son générique, la différence étant à sa charge (Socha-Dietrich, James et Couffinhal, 2017[8]).
Les produits biologiques sont une classe de médicaments fabriqués ou obtenus à partir de systèmes vivants comme des microorganismes, ou des cellules végétales ou animales. La plupart des médicaments biologiques sont de très grandes molécules complexes, ou des mélanges de ces molécules. Un grand nombre sont produits à l’aide de la technologie de l’ADN recombinant. Lorsque ces médicaments ne bénéficient plus d’une exclusivité commerciale, des « biosimilaires » (versions ultérieures de ceux-ci) peuvent être approuvés. L’entrée sur le marché de biosimilaires crée une concurrence tarifaire, et améliore ainsi l’accessibilité économique.
En 2019, les biosimilaires représentaient plus de 80 % du volume du « marché accessible » (voir l’encadré « Définition et comparabilité ») pour l’érythropoïétine (utilisée pour traiter l’anémie) en Finlande, en Grèce, en Italie et en Pologne (Graphique 9.8). Dans la plupart des pays européens, les prix catalogue de l’érythropoïétine ont chuté de 30 à 80 % après l’entrée des biosimilaires sur le marché. La concurrence engendrée par les biosimilaires a conduit les fabricants d’érythropoïétine (de princeps comme de biosimilaires) à baisser leurs prix.
Pour les inhibiteurs du facteur de nécrose tumorale (TNF), aussi appelés anti-TNF alfa (utilisés pour traiter divers troubles auto‑immuns et d’origine immunologique), les biosimilaires occupent plus de 80 % du marché accessible au Danemark, mais moins de 10 % en Grèce et en Hongrie en 2019 (Graphique 9.8). La baisse des prix depuis l’entrée des biosimilaires sur le marché est plus modeste que pour l’érythropoïétine, et ceux-ci ont même semblé augmenter dans certains pays. Pourtant, pour ces deux biosimilaires, la baisse réelle des prix est supérieure à ce que montrent les chiffres : ces données sont basées sur les prix catalogue, et ne tiennent pas compte des remises et rabais confidentiels, qui peuvent être importants.