Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2024 Numéro 1

Slovénie

La croissance du PIB devrait s’accélérer pour atteindre 2.3 % en 2024 et 2.7 % en 2025, sur fond de redressement de la demande intérieure et extérieure. Les tensions sur le marché du travail et la hausse des revenus réels accompagnant le lent reflux de l’inflation favoriseront la consommation privée. Les dépenses publiques consacrées à la reconstruction dans le sillage des inondations dévastatrices de 2023 ainsi que l’afflux de fonds en provenance de l’UE doperont l’investissement.

La politique budgétaire sera expansionniste en 2024, en raison de l’augmentation des dépenses de reconstruction, avant d’être durcie en 2025. Parmi les mesures structurelles, on peut citer une hausse progressive des dépenses consacrées aux soins de longue durée qui, sous l’effet des tensions croissances liées au vieillissement démographique, s’établiront à 1 % du PIB en 2026. Il faudra également réformer le régime des retraites et le système de santé pour assurer la viabilité budgétaire à moyen et long terme.

L’économie reste résiliente

L’activité économique a progressé plus que prévu lors du dernier trimestre de 2023, tirée par l’investissement et les dépenses publiques à la suite inondations dévastatrices de l’été 2023. L’expansion économique s’est poursuivie en février 2024, la production industrielle augmentant de 3.3 % en glissement mensuel. En revanche, à la même date et toujours en glissement mensuel, le chiffre d’affaires du commerce de détail hors produits alimentaires (et hors carburants automobiles) a diminué de 0.3 %. Les tensions persistent sur le marché du travail et le taux de chômage ressortait à 3.1 % en février, d’où une hausse sensible des salaires. Au quatrième trimestre de 2023, le coût de la main-d’œuvre par heure travaillée a augmenté de 12.1 % en glissement annuel. Les tensions salariales ont alimenté la forte inflation sous-jacente qui s’est établie à 4 % en mars 2024. Après avoir culminé à 11.7 % en juillet 2022, l’inflation globale a reflué à 3.4 % en mars 2024 à la faveur du ralentissement de la hausse des prix de l’énergie et des produits alimentaires.

Slovénie : indicateurs sur l'activité économique et sur l'inflation, sur le marché du travail

1. Inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation harmonisé.

Source : Office statistique de la Slovénie (Statistični urad RS) ; base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 115 ; base de données des principaux indicateurs économiques de l’OCDE ; indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), base de données d’Eurostat ; et calculs de l’OCDE.

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Slovénie : demande, production et prix

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Les exportations ont augmenté grâce à l’amélioration de la demande extérieure. En janvier 2024, la croissance réelle des exportations en glissement annuel est devenue positive après avoir été négative en 2023. Le resserrement de la politique monétaire de la zone euro se traduit par un durcissement des conditions financières, qui se répercute sur l’investissement résidentiel et l’investissement des entreprises. Bien que sa tendance antérieure à la baisse ait été inversée, la croissance du crédit reste faible, et les concours au secteur non bancaire avaient progressé de 0.6 % en glissement annuel en février.

La politique budgétaire sera expansionniste en 2024

L’orientation de la politique budgétaire a été durcie en 2023, le déficit budgétaire étant revenu à 2.5 % du PIB, en raison d’une réalisation plus lente que prévu des dépenses de reconstruction postérieures aux inondations et d’une diminution des dépenses consacrées au soutien énergétique. Le gouvernement a prolongé le plafonnement des prix du gaz pour les ménages et les petites entreprises jusqu’au printemps 2024, en l’abaissant toutefois en raison du fléchissement des prix du marché, et le plafonnement des prix de l’électricité sera maintenu jusqu’à la fin de 2024. Le gouvernement a également annoncé une aide destinée à remédier aux dégâts causés par les inondations à hauteur de 2 % du PIB en 2024 et de 0.8 % du PIB en 2025. En outre, les mesures structurelles comprennent une hausse des dépenses consacrées aux soins de longue durée à hauteur de 0.2 % du PIB en 2025 et 1 % du PIB en 2026, en raison de réformes qui prévoient l’instauration de versements aux établissements de soins de longue durée accueillant des personnes âgées. Ces mesures seront financées par une hausse de 2 points de pourcentage du taux des cotisations de sécurité sociale. En conséquence, la politique budgétaire devrait prendre un tour expansionniste en 2024 avant d’être durcie en 2025. L’inflation sous-jacente y étant supérieure à celle de la zone euro, la Slovénie pourrait être amenée à poursuivre son durcissement budgétaire en cas d’assouplissement de la politique monétaire de la BCE.

La croissance devrait se raffermir

La croissance devrait se hisser à 2.3 % en 2024, sur fond de redressement de la demande intérieure et extérieure. La consommation privée sera tirée par la hausse des revenus réels à mesure que l’inflation va se replier lentement, sachant que son recul sera freiné par l’orientation expansionniste de la politique budgétaire. Les dépenses de l’État consacrées à la reconstruction après les inondations et les arrivées de fonds en provenance de l’UE favoriseront la progression de l’investissement. Les tensions persisteront sur le marché du travail, le chômage historiquement bas alimentant une augmentation sensible des salaires. Les tensions salariales ralentiront la désinflation, malgré le recul des prix de l’énergie. La croissance accélérera pour atteindre 2.7 % en 2025 sous l’effet d’une décrue de l’inflation et d’une amélioration de la demande extérieure. Parmi les risques de révision à la baisse par rapport aux projections, on peut citer une progression des salaires plus forte que prévu qui pourrait alimenter plus longtemps les tensions inflationnistes. Une hausse des coûts de main-d’œuvre pourrait pénaliser davantage la compétitivité, ce qui nuirait aux exportations. Par ailleurs, la pénurie de compétences pourrait ralentir la reconstruction à la suite des inondations, ce qui freinerait les investissements. À l’inverse, une immigration plus importante permettrait de remédier en partie à l’insuffisance de main-d’œuvre et d’atténuer les tensions salariales.

Un assainissement budgétaire et des réformes structurelles contribueraient à une croissance plus durable

L’assainissement des finances publiques doit se poursuivre pour qu’il soit possible de rétablir des marges de manœuvre budgétaire et de procéder aux dépenses de reconstruction qui s’imposent après les inondations sans ralentir la désinflation. À moyen terme, il faudra continuer de réformer le régime des retraites et le système de santé afin de faire face à la hausse des coûts liés au vieillissement démographique. Dans ce contexte, il faudra prendre des mesures pour augmenter le taux d’activité des travailleurs âgés et prolonger la vie professionnelle, notamment en allongeant la période de cotisation requise pour bénéficier d’une retraite à taux plein et en renforçant les incitations à rester dans la population active après l’âge légal de départ à la retraite. Ces mesures devraient aller de pair avec des réformes structurelles de façon à rehausser la croissance potentielle, Notamment, il faudrait mener une réforme fiscale propice à la croissance en vue d’alléger la fiscalité du travail, qui serait financée par une majoration des taxes sur la consommation et taxes environnementales ainsi que des impôts périodiques sur la propriété immobilière. En outre, il faudrait réformer le système de prélèvements et de prestations pour en supprimer les éléments qui dissuadent les deuxièmes apporteurs de revenu et les parents isolés (souvent des femmes) de passer d’un travail à temps partiel à un travail à temps plein.