Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2024 Numéro 1

Finlande

L’économie finlandaise s’est contractée de 1 % en 2023, son manque de dynamisme se prolongeant en 2024 et entraînant un nouveau repli de 0.4 % en moyenne annuelle. Une lente reprise est néanmoins en cours et la croissance devrait s’établir à 1.9 % en 2025. À court terme, le niveau élevé des taux d’intérêt continuera de peser sur la consommation privée et sur l’investissement résidentiel. L’inflation reflue rapidement, grâce au recul des prix des matières premières et à la faiblesse de la demande, et elle poursuivra ce repli en 2024, ce qui soutiendra la croissance des revenus réels et la consommation privée. Les exportations devraient se redresser progressivement à la faveur d’une reprise de la demande extérieure. Le chômage augmentera en 2024, en raison de l’atonie de la demande de main-d’œuvre, notamment dans le secteur de la construction, mais il diminuera légèrement en 2025.

Un assainissement budgétaire régulier s’impose compte tenu de la montée de la dette publique. Des politiques volontaristes en matière d’immigration et un accroissement des investissements dans la R‑D contribueraient à attirer des travailleurs qualifiés et à favoriser l’innovation dans un contexte de baisse du taux de fécondité et de stagnation de la croissance de la productivité. Il demeure essentiel pour le pays d’investir dans les sources d’énergie peu émettrices de gaz à effet de serre et d’améliorer la gestion de ses vastes forêts pour parvenir à la neutralité carbone d’ici 2035.

Le niveau élevé des taux d’intérêt continue de peser sur la consommation privée

L’économie s’est contractée au second semestre de 2023 en raison de l’atonie de la consommation privée, de l’investissement dans le secteur du logement et des exportations de services. Le resserrement des conditions financières, dont témoignent les forts taux d’intérêt hypothécaires, déprime toujours la demande privée. Les prix nominaux des logements avaient baissé de 4.5 % à la fin de 2023 en glissement annuel, et de 11.2 % depuis leur pic atteint à la mi-2022, ce qui affaiblit un peu plus les incitations à la construction. L’inflation, tant globale que sous-jacente, poursuit son reflux, contribuant à l’amélioration du pouvoir d’achat des consommateurs, sur fond d’une progression de 1 % en glissement annuel des salaires réels à la fin de 2023. La faiblesse de l’activité a entraîné une hausse du taux de chômage, qui est passé de 7 % au premier semestre de 2023 à 8 % au premier trimestre de 2024.

Jusqu’à présent, l’envolée des coûts du transport maritime en raison du conflit au Moyen-Orient n’a eu qu’un effet limité sur la Finlande. La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine met l’économie à rude épreuve par ses répercussions sur la confiance, le coût des importations et le tourisme étranger, bien que les arrivées de touristes étrangers aient légèrement augmenté en janvier 2024. En novembre 2023, la Finlande a fermé sa frontière terrestre avec la Russie après que cette dernière a facilité le déplacement de migrants sans-papiers vers le territoire finlandais.

Finlande : indicateurs sur l'inflation et de confiance

Source : Banque centrale européenne (BCE) ; Banque de Finlande ; et Commission européenne.

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Finlande : demande, production et prix

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La politique budgétaire reste expansionniste en 2024, mais se resserrera en 2025

Les taux d’intérêt plus élevés demeurent un facteur déterminant des conditions financières intérieures, du fait de la forte proportion de prêts hypothécaires à taux variable ou révisable, et de l’ampleur de la dette des ménages, laquelle avoisine 150 % du revenu disponible. Le déficit budgétaire s’est creusé en 2023 et devrait s’accroître un peu plus en 2024, principalement en raison de l’augmentation des dépenses de sécurité et de défense et de la baisse des cotisations d’assurance-chômage, malgré le programme de réformes visant à réduire les coûts en matière de protection sociale qui doit être appliqué à partir d’avril 2024. Le gouvernement a annoncé un plan budgétaire à moyen terme visant à accroître les recettes fiscales, notamment au moyen d’un relèvement du taux normal de TVA de 1.5 point de pourcentage pour le porter à 25.5 % d’ici à 2025, et à réduire davantage les prestations de sécurité sociale. La Finlande devrait assouplir sa politique budgétaire de 1 % du PIB en 2024, avant de la resserrer d’un demi pour cent du PIB en 2025. L’objectif du gouvernement de ramener le déficit budgétaire global à 1 % du PIB d’ici à 2027 – partant d’un déficit projeté aux alentours de 4 % du PIB cette année – reste difficile à atteindre, et sa concrétisation dépend de la réussite de la mise en œuvre de l’assainissement budgétaire prévu.

La croissance devrait se redresser, mais les risques à la baisse demeurent

Les conditions de crédit plus restrictives, le niveau élevé du chômage et le recul des prix des logements devraient restreindre l’activité au début de 2024. Cependant, l’assouplissement des conditions financières et l’amélioration de la croissance des revenus réels, attendus d’après les projections, devraient faire remonter la consommation et l’investissement privés à la fin de 2024. L’embellie de la demande intérieure stimulera les importations, mais les exportations devraient repartir à la hausse lorsque les marchés extérieurs retrouveront leur dynamisme. Le taux de chômage devrait s’établir à 8 % en moyenne en 2024, essentiellement du fait de l’atonie du secteur de la construction, mais ensuite diminuer parallèlement au redressement de la demande de main-d’œuvre en 2025. L’inflation globale devrait refluer un peu plus en 2024, en partie grâce au recul des prix des matières premières, mais elle accélérera de nouveau progressivement sur fond d’affermissement de la demande intérieure. Le relèvement attendu du taux normal de TVA entraînera également une nouvelle hausse temporaire de l’inflation au début de 2025. Quant à l’inflation sous-jacente, à savoir hors denrées alimentaires et énergie, elle devrait rester supérieure à l’inflation globale, avant de converger vers cette dernière en 2025. Les risques entourant les perspectives sont orientés de manière prédominante à la baisse. Le niveau élevé des taux d’intérêt pourrait déprimer l’économie plus longtemps qu’attendu. En tant que pays limitrophe de la Russie, la Finlande est plus exposée que d’autres pays à une escalade des tensions dans la région, laquelle accentuerait les incertitudes et ébranlerait la confiance.

Il est capital de redynamiser la productivité pour parvenir à une croissance viable

La croissance de la productivité stagne, et la combinaison de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée et de la baisse du taux de fécondité exacerbe les défis à long terme. Des mesures sont nécessaires pour attirer et intégrer des travailleurs étrangers très qualifiés, renforcer l’investissement dans la R-D et rehausser le taux de scolarisation dans l’enseignement supérieur et, partant, générer une croissance de la productivité durable et plus vigoureuse. Il importe également important de stimuler la croissance de l’emploi et d’accroître le taux d’activité des femmes et des seniors. Il faudrait pour cela suivre, et ajuster davantage si nécessaire, les réformes déjà mises en œuvre pour atteindre ces objectifs. Un assainissement budgétaire soutenu est une priorité si le pays souhaite constituer une marge de manœuvre pour faire face à de futurs chocs et être en mesure d’augmenter les dépenses à l’appui d’une reprise viable et inclusive. Les pouvoirs publics doivent procéder à un examen régulier des dépenses fiscales pour mettre en évidence les gains d’efficience potentiels et affiner le ciblage des aides sociales, tout en envisageant de relever plus rapidement que prévu les taux réduits de TVA au niveau du taux normal. Pour atteindre son objectif de neutralité carbone en 2035, la Finlande devra impérativement intensifier ses investissements dans les sources d’énergie peu émettrices de gaz à effet de serre, comme l’éolien et le nucléaire, et améliorer la gestion de ses vastes forêts.