L'économie mondiale étant plus interconnectée que par le passé, les politiques menées par un pays peuvent avoir des retombées ou incidences sur d'autres et sur le patrimoine commun de l’humanité. Les canaux de transmission de ces incidences transnationales sont nombreux et complexes – flux financiers, importations et exportations de biens et services, migrations, transferts de connaissances ou émissions de carbone, pour ne citer que quelques exemples. La difficulté tient au fait que lorsque les pays ne prennent en compte que leurs intérêts nationaux, ces intérêts peuvent avoir des effets négatifs au-delà de leurs frontières, effets qui peuvent eux-mêmes se répercuter négativement sur leur propre société, leur environnement et leur économie. C’est pourquoi la cohérence de l’action publique revêt une telle importance dans le monde actuel.
Il est crucial que les pouvoirs publics sachent anticiper et atténuer ces incidences transnationales pour que les objectifs des plans d'action mondiaux, par exemple le Programme de développement durable à l’horizon 2030, puissent être atteints. La Recommandation de l’OCDE sur la cohérence des politiques au service du développement durable est un instrument complet qui aide les décideurs à se doter des mécanismes institutionnels et instruments d’action dont ils ont besoin face aux incidences transnationales. Elle fournit un ensemble de principes directeurs structurés autour de trois piliers : 1) définir une vision stratégique, un engagement et un leadership orientés vers la cohérence des politiques ; 2) renforcer les mécanismes institutionnels pour gérer les interactions entre les politiques publiques de différents secteurs et harmoniser l’action des différents niveaux d’administration ; et 3) concevoir une panoplie d’outils adaptés pour anticiper, évaluer et pallier les incidences nationales et transnationales et les conséquences à long terme des politiques publiques.
Les pays de l’OCDE qui ont répondu au questionnaire sur la cohérence des politiques ont amélioré leurs pratiques en ce qui concerne l’utilisation de l’évaluation d'impact pour analyser les incidences transnationales de la mise en œuvre de programmes, politiques, réglementations et projets de loi. Toutefois, moins de la moitié (5 sur 12, 42 %) ont mis en place des règles qui imposent la réalisation d’une analyse des incidences transnationales lors de la mise en œuvre (graphique 4.15). Un tiers des pays (4 sur 12) utilisent des indicateurs et autres données disponibles pour assurer un suivi de ces incidences (graphique 4.16). Parmi les obstacles à surmonter figurent le manque de données aux étapes pertinentes du processus de formulation des politiques ; l’importance des ressources et capacités nécessaires ; la difficulté à établir des liens de causalité clairs entre les mesures prises dans un pays et les effets constatés dans un autre du fait que les externalités sont rarement linéaires ; et la difficulté à faire de l'évaluation des incidences transnationales un processus systématique. De surcroît, il faudrait que les pouvoirs publics créent les conditions d’une communication efficace et renforcent les capacités de l’administration et des différents niveaux des pouvoirs publics pour agir efficacement contre ces incidences et utiliser réellement les outils, informations et données disponibles afin d’atténuer les incidences négatives et de mieux comprendre les conséquences et le coût de l’inaction.