L’un des fondements de la démocratie est le principe selon lequel les citoyens sont libres d’exprimer leurs opinions et ont des chances égales d’être représentés dans le processus décisionnel public. Les personnes qui estiment pouvoir influencer les processus politiques sont plus susceptibles de participer à la vie civique en votant aux élections ou en s’engageant dans la politique. Un engagement politique actif renforce les valeurs démocratiques et assure la légitimité du système. Les personnes qui ont le sentiment de ne pas avoir voix au chapitre politique sont moins susceptibles de respecter les lois et règlements et plus enclines à participer à des actions de protestation, comme les boycotts, ou de se retirer entièrement du processus démocratique en renonçant à y participer ou en s’abstenant de voter (Prats et Meunier, 2021).
L’efficacité politique se rapporte au sentiment que la participation d’un individu influe sur les processus politiques. Elle comporte deux versants : l’efficacité interne (la conviction que l’on peut comprendre ces processus et donc y participer), et l’efficacité externe (le sentiment d’avoir son mot à dire concernant l’action des pouvoirs publics). En moyenne, dans les pays de l’OCDE, 41 % des personnes sont convaincues de pouvoir participer à la vie politique, mais seulement 30.2 % estiment que le système politique de leur pays leur permet d’avoir leur mot à dire sur l’action gouvernementale (graphique 2.7).
Les perceptions de la réactivité de l’administration publique aux avis du public et de sa capacité à permettre aux citoyens de s’exprimer sont liées aux initiatives gouvernementales visant à faire participer la population à l'élaboration des politiques. Un manque de réactivité peut donner l’impression que le système sert les intérêts de quelques-uns, ce qui alimente l'aliénation politique (OCDE, 2022). Les données de l’Enquête de l’OCDE sur la confiance font apparaître une corrélation positive entre le pourcentage de personnes qui pensent qu’une politique nationale serait modifiée si la plupart des citoyens s’y déclaraient opposés et celui des personnes estimant avoir une voix politique. En moyenne, seuls 36.5 % des répondants affirment qu'une politique nationale serait modifiée si une majorité de la population s'y opposait (graphique 2.8).
Plus généralement, l’efficacité externe est aussi positivement corrélée à la satisfaction des citoyens à l’égard de la démocratie, un indicateur censé mesurer leur satisfaction quant au fonctionnement concret de la démocratie (Poses et Revilla, 2021). Les dernières données de l’Enquête sociale européenne confirment l’association positive entre le sentiment d’avoir son mot à dire sur l’action publique et la satisfaction envers la démocratie. L’Islande, la Norvège et la Suisse obtiennent des résultats élevés à ces deux égards (graphique 2.9).