Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2024 Numéro 1

Norvège

La croissance du PIB de la Norvège continentale devrait s’établir à 0.5 % en 2024, puis s’accélérer pour atteindre 1.6 % en 2025, sur fond de raffermissement de la demande intérieure. L’inflation élevée et le resserrement de la politique monétaire ont ralenti l’activité, avec une stagnation dans la plupart des secteurs hors pétrole et un repli prononcé dans la construction, tandis que l’extraction de pétrole et de gaz est restée dynamique. L’inflation ne devrait reculer que lentement, maintenue par la baisse du taux de change et les tensions sur les coûts, compte tenu de la persistance d’un marché du travail tendu et de la faible croissance de la productivité.

La politique monétaire devra demeurer restrictive pendant un certain temps pour faire en sorte que l’inflation se rapproche de l’objectif. La politique budgétaire ne devrait pas accentuer les tensions inflationnistes. Elle devrait devenir de plus en plus restrictive à moyen terme, ce qui permettra de faire face aux tensions sur les dépenses liées au vieillissement démographique. Des réformes structurelles qui limitent la retraite anticipée, ainsi que les prestations de maladie et les pensions d’invalidité, sont indispensables pour parvenir à une croissance inclusive et garantir la viabilité des finances publiques.

La demande intérieure reste faible

La croissance du PIB de la Norvège continentale s’est établie à 0.7 % en 2023, après avoir atteint 3.7 % en 2022. Malgré leur ralentissement, l’inflation globale et l’inflation sous-jacente demeurent fortes, à respectivement 3.9 % et 4.5 % en mars 2024. Le niveau élevé de l’inflation et des charges d’intérêts a pesé sur la consommation privée, qui a fléchi de 0.7 % en 2023, l’épargne accumulée durant la pandémie ayant été d’un secours limité. L’investissement des entreprises hors secteur pétrolier s’est essoufflé et l’investissement en logements a reculé, sous l’effet de la hausse des taux d’intérêt. L’investissement dans le pétrole s’est emballé et devrait rester vigoureux à court terme compte tenu du nombre de projets présentés. Comme le marché du travail est resté tendu, les salaires ont nettement progressé, mais en restant inférieurs à l’inflation en 2023. Les coûts unitaires de main-d’œuvre se sont inscrits en forte hausse, en partie du fait de la faible croissance de la productivité, ce qui a maintenu les tensions sur les coûts.

La baisse des prix mondiaux de l’énergie en 2023 a provoqué une dégradation des termes de l’échange et des recettes pétrolières. Toutefois, ces dernières sont restées très élevées au regard des niveaux observés par le passé, ce qui a permis de dégager un excédent budgétaire très important. Les exportations norvégiennes continuent à bénéficier de la vigueur de la demande d’énergie émanant des partenaires commerciaux qui cherchent à remplacer le gaz fourni par la Russie. D’après les projections, la récente baisse des prix mondiaux du gaz devrait tirer les recettes pétrolières vers le bas en 2024. La dépréciation de la couronne norvégienne exerce des tensions à la hausse sur les prix, et l’exacerbation des tensions géopolitiques au Moyen-Orient a fait augmenter les coûts du transport maritime.

Norvège : indicateurs sur l'activité économique et sur le marché du travail

Source : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 115.

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Norvège : demande, production et prix

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L’inflation devrait reculer et la politique monétaire deviendra moins restrictive

Le déficit budgétaire structurel hors pétrole restera élevé en 2024, à 10.3 % du PIB continental d’après des estimations du gouvernement. Ce déficit s’est nettement creusé en 2020, et n’a guère diminué depuis. Toutefois, le déficit budgétaire structurel hors pétrole demeurera inférieur au niveau autorisé par la règle budgétaire, à savoir 3 % de la valeur du fonds pétrolier, qui a fortement augmenté ces dernières années. La marge de manœuvre budgétaire dégagée par les transferts du fonds pétrolier devrait diminuer à moyen terme, ce qui impose de rationaliser les dépenses inefficaces. Cela contribuera également à préserver une certaine marge, sachant que le gouvernement prévoit d’augmenter sensiblement les dépenses militaires. Comme l’inflation reste nettement supérieure à l’objectif de 2 % fixé par la banque centrale, les projections de l’OCDE supposent que le taux directeur sera maintenu à 4.5 % jusqu’à l’automne 2024, puis progressivement ramené à 3.25 % vers la fin de 2025.

La croissance du PIB de la Norvège continentale se redressera progressivement

Selon les projections, la croissance du PIB continental devrait être faible en 2024, avant de repartir pour se hisser à 1.6 % en 2025. L’inflation se modérera progressivement, mais restera encore proche de 3 % en moyenne en 2025. Alors que la rentabilité des entreprises demeure élevée, les salaires réels devraient augmenter, ce qui devrait tirer la consommation privée vers le haut. La baisse des taux d’intérêt stimulera l’investissement en logements et l’investissement des entreprises hors secteur pétrolier en 2025. Les exportations non pétrolières s’accéléreront de nouveau sur fond de reprise de la croissance parmi les partenaires commerciaux de la Norvège. Le coût du service de la dette des ménages pourrait rester plus important que projeté, ce qui pourrait freiner la consommation des ménages et mettre en péril la stabilité financière sachant que le niveau d’endettement des ménages est très élevé. Les prix mondiaux de l’énergie pourraient connaître une forte hausse, ce qui accroîtrait les recettes pétrolières de la Norvège ainsi que ses exportations de services liés à l’énergie.

Favoriser une croissance plus inclusive et garantir la viabilité des finances publiques

Les réformes visant à renforcer les incitations au travail augmenteraient le taux d’activité, ce qui atténuerait les tensions sur les salaires, mais elles contribueraient aussi à garantir la viabilité des finances publiques. L’impôt sur le revenu, qui demeure élevé en termes de comparaison internationale, devrait être abaissé notamment pour les personnes à faible revenu. Les dépenses consacrées aux pensions d’invalidité et aux prestations de maladie en pourcentage du PIB sont de loin les plus élevées parmi les pays de la zone OCDE, ce qui tend à fragiliser les liens avec le marché du travail et à encourager un départ anticipé à la retraite. Il faudrait abaisser les indemnités de congé-maladie et revoir à la hausse la participation des employeurs à leur financement. Les règles d’éligibilité au titre des pensions d’invalidité doivent être appliquées de manière plus stricte, et les obligations de soin et de réinsertion devraient être renforcées. Alors que les dépenses de pensions exprimées en pourcentage du PIB devraient augmenter d’environ 1.2 point de pourcentage au cours des 15 prochaines années, la récente décision du Parlement prévoyant un relèvement de l’âge légal de la retraite est bienvenue.