Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2024 Numéro 1

Viet Nam

La croissance du PIB réel devrait se renforcer pour atteindre 6.0 % en 2024, puis 6.5 % en 2025. L’amélioration de la demande mondiale et la hausse continue du nombre de touristes favoriseront la croissance des exportations, mais les événements en mer Rouge tirent les coûts logistiques vers le haut et pourraient peser sur la reprise dans ce domaine. Des plans d’investissement public ambitieux et l’augmentation des revenus réels des ménages favoriseront la hausse de la demande intérieure. Avec l’accélération de l’activité, l’inflation globale mesurée par les prix à la consommation s’établira à 3.9 % en 2024 et 3.2 % en 2025.

Des politiques monétaire et budgétaire expansionnistes soutiendront la demande intérieure. Simplifier les procédures et la réglementation applicables aux investissements publics permettrait de remédier au risque de retards de décaissement en la matière. L’amélioration du cadre de politique macroéconomique, la mise en place d’un système de protection sociale plus complet et des réformes financières pourraient renforcer la résilience aux chocs et favoriser la bonne mise en œuvre des réformes. Le déploiement accéléré des sources d’énergie renouvelables dans le secteur de l’électricité pourrait rendre la croissance plus durable.

La croissance redémarre

Par rapport à son niveau d’un an auparavant, la croissance du PIB a augmenté, s’établissant à 5.7 % au premier trimestre de 2024. L’investissement, qui bénéficie de la vigueur de l’investissement public, a progressé de 4.7 % au premier trimestre de 2024 par rapport à la même période de l’année précédente. Les indicateurs à court terme, comme l’indice des directeurs d’achat du secteur manufacturier, sont restés globalement stables au début de 2024. La croissance annuelle de la production manufacturière a atteint 5.9 % au premier trimestre de 2024. La confiance semble s’être stabilisée après quelques signes de difficultés financières intérieures, notamment dans le secteur immobilier. L’inflation globale en glissement annuel augmente depuis juin 2023 et s’est établie à 4 % en février, sur fond de hausse des prix des produits alimentaires et des transports.

Viet Nam : indicateurs sur la croissance économique et sur l'inflation

1. Sont exclus de l’inflation sous-jacente les produits alimentaires, l’énergie et les services publics, telles que la santé ou l’éducation.

Source : CEIC ; Office général des statistiques du Viet Nam ; et calculs de l’OCDE.

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Viet Nam : demande, production et prix

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La hausse de la demande extérieure a favorisé le rétablissement du solde commercial en 2023. Les exportations de biens, peu élevées au début de 2023, ont augmenté en 2024 et progressé plus vite que les importations. L’augmentation continue du nombre de visiteurs de l’étranger, qui s’approche des niveaux enregistrés avant la pandémie, favorise les exportations de services.

Les politiques budgétaire et monétaire soutiendront l’activité

La banque centrale a continué d’appliquer une politique monétaire accommodante après avoir ramené le taux de refinancement de 6 % à 4.5 % et le taux d’escompte de 4.5 % à 3 % en 2023. L’inflation, à 4 % en mars, s’établit actuellement à la limite inférieure de la fourchette de 4 %‑4.5 % retenue comme objectif par la banque centrale. Le maintien de l’orientation actuelle semble approprié compte tenu du retour de la croissance vers son potentiel. La politique budgétaire peut continuer d’accompagner le rebond de l’activité en 2024 dans un contexte de dette publique modérée, à35.3 % du PIB en 2022, essentiellement libellée en monnaie locale. L’État soutient les ménages et les entreprises au moyen d’une réduction temporaire du taux de TVA, ramené de 10 % à 8 % jusqu’à la mi-2024, ainsi que de mesures temporaires de baisse et de report du paiement des impôts, dont une diminution des taxes environnementales et des frais d’immatriculation de véhicules. Les dépenses en capital resteront élevées, car le décaissement des fonds consacrés aux investissements publics, déjà en hausse en 2023, devrait s’accélérer.

La croissance va se raffermir

Selon les projections, l’économie devrait se remettre progressivement des difficultés intérieures et extérieures, et une croissance de 6 % en 2024 et de 6.5 % en 2025 est attendue, facilitée par les mesures d’accompagnement prises par les autorités et le redressement de la demande extérieure. Avec le renforcement de l’activité, l’inflation atteindra 3.9 % en 2024, mais reste inférieure à l’objectif de la banque centrale. Des mesures de soutien budgétaire, une politique monétaire accommodante et l’atténuation des difficultés financières contribueront au renforcement de la consommation et de l’investissement privé. Les niveaux élevés de l’endettement privé (environ 165 % du PIB en 2022) continueront néanmoins de peser sur la croissance, et une nouvelle dégradation des conditions financières pourrait freiner l’amélioration de la confiance et de l’activité. Des investissements publics substantiels soutiendront l’activité, et une hausse plus rapide que prévu donnerait un coup de pouce supplémentaire à la croissance. Les exportations devraient augmenter sous l’effet du renforcement de l’activité économique mondiale. Cependant, leur redressement pourrait être freiné par la hausse des coûts logistiques due aux événements en mer Rouge, la faiblesse continue de la demande extérieure ou un ralentissement plus persistant des échanges dû aux tensions géopolitiques. Un nouvel épisode de difficultés financières pourrait avoir des répercussions sur les établissements financiers, dont certains sont très exposés aux risques liés à un secteur immobilier très endetté.

Des politiques macroéconomiques et structurelles bien conçues amélioreraient la résilience et la croissance économiques

L’investissement public soutiendra l’activité, mais une simplification des procédures et de la réglementation applicables en la matière permettrait d’accélérer le décaissement des fonds. Les pouvoirs publics seront confrontés à l’accroissement des besoins de dépenses, pour faciliter la double transition écologique et numérique et pour assurer la protection sociale d’une population qui vieillit rapidement. Un plan concret d’assainissement budgétaire à moyen terme visant à élargir la base d’imposition, améliorer l’efficience des dépenses et accroître la transparence de la gestion de la dette renforcerait la viabilité des finances publiques face à l’augmentation des besoins de dépenses publiques. Des réformes supplémentaires du marché financier, notamment pour faciliter l’allocation de crédit par les banques aux secteurs plus productifs et développer les solutions de marché pour les prêts non performants, renforceraient la résilience macroéconomique. D’autres mesures visant à améliorer le climat des affaires, notamment abaisser les obstacles réglementaires imposés aux entreprises, accroître l’investissement dans le capital humain et redoubler d’efforts pour lutter contre la corruption, favoriseraient le développement de secteurs à forte valeur ajoutée. L’allègement des formalités administratives encouragerait également les petites entreprises informelles à se régulariser et à s’agrandir. Une stratégie climatique à long terme, à la fois claire et prévisible, aiderait à orienter tous les secteurs économiques vers une trajectoire bas carbone et à attirer davantage de financements.