Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2024 Numéro 1

Pérou

La croissance du PIB se redressera pour atteindre 2.3 % en 2024, puis 2.8 % en 2025, sous l’effet de conditions financières plus favorables et d’un recul de l’inflation qui stimuleront la demande intérieure. Les efforts déployés par l’administration centrale pour développer les infrastructures ainsi qu’une exécution plus rapide des projets d’investissement public par les administrations infranationales soutiendront l’investissement. Une reprise progressive de l’emploi dynamisera la consommation privée. Les exportations devraient être portées par un rebond du tourisme, de la pêche et de la production agricole, sur fond de dissipation des effets du phénomène El Niño. L’inflation continuera à ralentir pour tendre progressivement vers l’objectif de 2 % d’ici à la fin de 2024.

L’assouplissement de la politique monétaire devrait se poursuivre, l’inflation et les anticipations d’inflation revenant à l’objectif. Le projet de réduction progressive du déficit budgétaire au cours des prochaines années, conformément aux règles budgétaires, devrait être concrétisé afin de maintenir la dette publique à un niveau bas et de préserver la crédibilité du cadre budgétaire solide. Afin de répondre aux besoins infrastructurels et sociaux essentiels, il convient d’améliorer l’efficience des dépenses et de mettre en œuvre une réforme fiscale de nature à accroître les recettes publiques.

L’activité économique se redresse progressivement

Le PIB a fléchi de 0.5 % en 2023 en raison des mouvements sociaux et du phénomène météorologique El Niño, qui ont amputé la croissance d’environ 2 points de pourcentage. L’activité a rebondi de 2.2 % en rythme annualisé au quatrième trimestre (chiffres corrigés des variations saisonnières par rapport au trimestre précédent), sous l’impulsion d’une hausse de l’investissement et de la consommation publique en lien avec la reprise économique et des initiatives d’urgence liées au phénomène El Niño. Entreprises et consommateurs renouent avec la confiance, mais celle-ci reste en berne. Les indicateurs à court terme laissent entrevoir une poursuite de la reprise, comme en témoigne une progression mensuelle de 1.2 % de l’activité économique en février, et une persistance du dynamisme de la consommation de ciment et de la production minière.

L’inflation globale a diminué et se maintient à la limite supérieure de la fourchette retenue comme objectif, l’inflation globale s’étant établie à 3 % en mars après avoir légèrement augmenté en février. L’inflation sous-jacente a elle aussi affiché une légère hausse, mais a pour le reste reflué depuis mars 2023, sous l’effet du ralentissement de l’inflation des biens comme des services, avec une persistance plus prononcée au niveau des services. La progression des salaires a été limitée, si bien qu’en décembre 2023 les salaires réels étaient inférieurs de 5 % aux niveaux de 2019. Les anticipations d’inflation ont diminué et se situent à l’intérieur de la fourchette retenue comme objectif d’inflation par la banque centrale. Les risques découlant des incertitudes à l’échelle mondiale et des conditions financières instables sont atténués par l’abondance des réserves de change et par le faible niveau de la dette publique.

Pérou : indicateurs de confiance et sur l'inflation

1. Note : La confiance des entreprises se rapporte aux anticipations à 3 mois des différents secteurs. Pour les indices de confiance, les valeurs supérieures à 50 correspondent à une vision optimiste, alors que les valeurs inférieures ou égales à 50 illustrent une vision pessimiste.

Source : Banque centrale de réserve du Pérou (BCRP, Banco Central de Reserva del Perú) ; Institut national de statistique et d’informatique (INEI, Instituto Nacional de Estadística e Informática) ; et Apoyo Consultoría.

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Pérou : demande, production et prix

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Le respect des règles budgétaires est indispensable pour empêcher tout accroissement de la dette publique

Le Pérou n’a pas atteint son objectif budgétaire en 2023 : il a accusé un déficit budgétaire de 2.8 % du PIB, contre un objectif de 2.4 %, principalement en raison d’un manque de recettes résultant du ralentissement économique et des dépenses publiques plus élevées que prévu liées au phénomène El Niño. Atteindre l’objectif de déficit fixé à 2 % du PIB pour 2024 s’avère problématique du fait des projections de croissance optimistes des autorités et de diverses tensions sur les dépenses. En mars, le déficit budgétaire du secteur public non financier s’est élevé à 3 % du PIB, s’écartant sensiblement de la règle budgétaire. Petroperú, la compagnie pétrolière publique, pourrait avoir besoin d’une aide financière supplémentaire, malgré les efforts récents déployés par l’État pour accélérer sa restructuration et améliorer sa gouvernance d’entreprise. Parvenir à l’objectif de déficit budgétaire renforcerait la crédibilité des pouvoirs publics et contribuerait à stabiliser le ratio dette publique/PIB légèrement en dessous du seuil de 30 % prévu par la règle. La banque centrale a commencé à abaisser le taux directeur en septembre 2023. Elle l’a depuis réduit de 175 points de base. En mars, sous l’effet de la légère remontée temporaire de l’inflation, elle a laissé le taux directeur inchangé mais a réduit les réserves obligatoires en monnaie locale. Les taux ont de nouveau été abaissés en avril. Le taux directeur devrait continuer à fléchir pour atteindre 3.75 % au cours du premier trimestre de 2025, sachant que l’inflation globale reviendra à l’objectif et restera stable tout au long de l’année.

La croissance du PIB rebondira en dépit de risques imminents

D’après les projections, la croissance devrait rebondir en 2024, puis se raffermir en 2025, avec un recul de l’inflation et une amélioration des conditions financières, ce qui créera un environnement plus favorable à la poursuite du rétablissement de la confiance des consommateurs et des entreprises. L’investissement public sera stimulé par la mise en œuvre plus rapide de projets d’infrastructure. Une reprise progressive de l’emploi, en phase avec l’activité économique, soutiendra aussi la consommation privée. Les exportations devraient bénéficier de l’amélioration des résultats dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche et du tourisme, ainsi que des investissements miniers, ce qui intensifiera le dynamisme de l’économie. L’inflation tendra vers l’objectif de 2 % d’ici à la fin de 2024, dans un contexte de risques intérieurs et extérieurs toutefois importants. Une reprise plus lente que prévu en Chine, premier partenaire commercial du Pérou, et une baisse des cours du cuivre nuiraient aux exportations, aux recettes budgétaires et aux perspectives d’investissement. Un climat d’incertitude persistant sur le plan politique et une recrudescence des troubles sociaux demeurent des risques majeurs. Des aléas climatiques imprévisibles, mais fréquents, font peser des risques de ralentissement économique et de poussée d’inflation.

Assurer la viabilité des finances publiques grâce à l’efficience des dépenses et une réforme de la fiscalité

Pour préserver la viabilité des finances publiques et répondre aux besoins sociaux et infrastructurels grandissants, il faut améliorer l’efficience des dépenses et accroître les recettes fiscales. Dans une optique d’efficience accrue des dépenses, il convient d’améliorer les pratiques de passation de marchés publics et de renforcer les moyens dont disposent les administrations infranationales aux fins de la mise en œuvre des projets. Parmi les mesures de nature à augmenter les recettes fiscales figurent la consolidation de l’administration fiscale, la réduction des dépenses fiscales et la mise à jour du cadastre. La mise en place d’une taxe carbone pourra encourager l’adoption d’énergies vertes et l’investissement dans des initiatives durables, ce qui favorisera la résilience et la croissance économique. Faciliter la régularisation des emplois et activités économiques informels en s’appuyant sur une baisse des coûts de main-d’œuvre non salariaux, des perspectives de montée en compétences, une simplification des régimes fiscaux pour les petites entreprises et une application rigoureuse du droit fiscal et du droit du travail peut réduire les inégalités et accroître la productivité et les recettes fiscales.